2. Erwin

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On me reproche souvent d'être un père beaucoup trop protecteur.

La maman d'Historia nous a abandonné. Nous nous étions rencontrés à l'université, tous les deux aillant comme projet de devenir professeur. Mais quand elle a appris qu'elle était enceinte d'Historia, elle était tellement folle de joie qu'elle a décidé d'arrêter ses études pour s'en occuper. Nous n'étions pas mariés, âgés de seulement 19 ans, et vivions à l'étroit en trio dans un petit appartement étudiant. S'occuper d'un enfant était un véritable challenge car nous n'avions aucune expériences. Il y a eu des moments compliqués, des amis qui nous on tourné le dos car nous avions choisi de ruiner notre jeunesse en gardant le bébé. Pourtant nous étions heureux. Tellement heureux.

Alors, quand je me suis réveillé seul dans notre lit double, que son côté de l'armoire était vide et que notre bocal qui contenait nos économies avait disparu, j'ai compris tout de suite qu'elle était partie sans l'intention de revenir, mais je n'ai pas compris pourquoi. Notre fille avait 7 ans. Elle aussi ne comprenait pas pourquoi du jour au lendemain sa maman n'était plus là. L'honnêteté étant un principe de grande importance pour moi, j'ai choisi de lui dire la vérité malgré son jeune âge. " Je n'en sais rien ma chérie, et je doute qu'on sache un jour ".

Depuis, j'ai du mal à faire confiance à quiconque essayerai de rentrer dans ma vie et celle d'Historia, avec toujours la crainte qu'on nous laisse tomber à nouveau. C'est pour cela que face à cette grande brune aux tâches de rousseur et à l'air mal aimable aux côtés de ma fille, il m'est impossible de décroiser mes bras et de faire disparaitre mon regard noir.

– Papa, comme Ymir n'habite pas loin de la maison, cela te dérange si elle vient me chercher ici tous les matins pour qu'on marche jusqu'à l'école ensemble ? me demande Historia.

– Mais à quoi ça sert que tu fasses le trajet à pied puisque je vais aussi au lycée ?

– Ne vous inquiétez pas monsieur Smith, je prendrai bien soin d'elle, lance ladite Ymir.

Je ne peux m'empêcher de froncer les sourcils. Je me penche difficilement vers Historia – du haut de mon mètre 88, j'ai du mal à croire que ma propre fille avoisine à peine les 1m50.

– Tu es sûre que c'est ce genre de fille ton type ? je lui chuchote, mais intentionnellement assez fort pour qu'Ymir entende.

– Papa ! Elle est super, je t'assure. Je ne peux pas rêver mieux comme petite amie, vraiment fais lui confiance. S'il-te-plaît...

Comment résister à sa moue triste qu'elle emploie pour accompagner ses supplications ?

– Bon d'accord. Mais Ymir, si j'apprends que tu lui fais du mal...

– Détendez-vous, je suis la première à agresser n'importe qui qui s'en prendrait à Historia.

Bon, peut-être que cette Ymir n'est pas si mal après tout.
Je laisse les filles partir devant avant de prendre la route pour le lycée.

Ce petit entretien avec la petite amie d'Historia a fini par me mettre en retard, j'arrive pile à l'heure de la sonnerie. Comme elles sont parties à pieds, j'imagine qu'elles seront en retard aussi et que je vais devoir mentir pour le justificatif...
Je ne presse pas le pas dans les couloirs et marche la tête baissée sur mon portable, j'ai reçu un SMS d'une amie. Deux élèves du cours que je m'apprête à donner, Eren et Mikasa, me dépassent en courant.

De : Hange Zoë À : Moi
Erwiiiin je suis encore en retard je vais me faire gronder par le nain :(

De : Moi À : Hange Zoë
Il semble pas commode ton collègue. Je passerai prendre à boire, j'ai un trou dans mon emploi du temps de 9 à 10. Je vérifierai si tu es encore vivante au passage

De : Hange Zoë À : Moi
T'es vraiment un ami prévenant, merci <3

Comme promis, je profite d'une heure sans cours pour aller faire un tour au salon de thé dans lequel Hange travaille. Je m'y rend rarement car je ne suis pas un très grand amateur de thé, et même s'ils vendent aussi du café, il n'est honnêtement pas très bon – comment leur en vouloir ? Ce n'est pas leur spécialité à la base. Et les rares fois où je suis venu, ce « nain » dont se plaint de temps en temps Hange n'est jamais en service. Elle dit que c'est son meilleur ami, mais jamais elle ne l'a appelé par son prénom, elle utilise toujours des surnoms en rapport avec sa taille.

Je passe la porte du salon. À l'intérieur, seulement deux tables sont occupées, l'une par une vieille dame toute seule qui déguste un cheesecake d'une manière particulièrement lente, et l'autre par un homme aux cheveux noirs qui boit un thé en même temps qu'il fouille sur son portable. Son visage affiche un air déterminé, il doit être à la recherche d'une information sur internet. Je me place dans la queue au comptoir, il y a trois personnes devant moi. Je prends alors un peu plus le temps d'observer le jeune homme. Ses cheveux noirs corbeau sont en coupe courte avec un undercut, et je suis incapable de décrire précisément la couleur de ses yeux – il faut dire que de là où je suis avec sa tête baissée, c'est même compliqué d'apercevoir ses iris. À première vue et de manière totalement objective, je dirais que cet homme est tout simplement magnifique. Il est en fait complètement mon genre d'homme, le genre que je draguerai sans honte si je cherchais à trouver quelqu'un. Mais mes priorités dans la vie sont Historia et mon métier d'enseignant, il y a bien longtemps que j'ai décidé de ne plus me laisser distraire par un bel homme ou une belle femme.

C'est bientôt à mon tour, je jette un dernier coup d'œil au jeune homme et c'est seulement maintenant que je remarque qu'il porte l'uniforme du salon. À ce même moment, il lève la tête et nos regards se croisent. Gris. Je crois bien que ses yeux sont gris.

Parents - fanfiction Eruri Où les histoires vivent. Découvrez maintenant