14. Livaï

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Mon téléphone sonne à huit heures du matin. Je l'éteint tout de suite, heureusement que je ne mets pas ma sonnerie trop fort, ça n'a pas réveillé Erwin.

Hier soir aura été une sacrée nuit. Nous n'avons pas arrêté jusqu'à au moins trois heures du matin, si bien que je dormirai bien encore un peu. Je suis habitué aux insomnies et aux nuits courtes, mais là j'ai comme disons fait beaucoup d'exercices qui m'ont fatigué. Je me tourne de l'autre côté pour observer Erwin. Il est beau quand il dort. Il l'est tout le temps à vrai dire, mais c'est comme si endormi, son visage dur de professeur s'était évanoui pour laisser place à celui d'un ange. J'ai envie de passer ma main sur son visage, de dessiner les contours de son nez, de ses lèvres, de sa mâchoire, mais il faut que je résiste au risque de le réveiller. Est-ce égoïste d'avoir envie qu'il se repose pour que nous puissions recommencer comme hier soir ? Même si je crois que physiquement je ne pourrais pas, ce n'est pas l'envie qui me manque. Tout était vraiment parfait. Il est doux et sans brutalité, sans pour autant être plat. Et il n'est pas comme ces idiots qui veulent le faire sans protection parce que « c'est mieux ». C'est aussi une des raisons pour lesquelles je n'allais plus à des dates depuis longtemps, marre de tomber sur des cons, des pervers, des gens dangereux et sans intérêt. Une bonne nuit partagée dans le lit de quelqu'un ne vaut pas une MST... Enfin bref, de toute façon ce n'est pas comme si Erwin et moi n'aurons plus jamais l'occasion de recommencer.

– C'est ton truc de regarder les gens dormir ? murmure Erwin avec une petite voix endormie.
Je n'avais même pas remarqué qu'il s'était réveillé. Je peux enfin laisser libre court à mes envies, je viens faire glisser ma main sur sa joue puis replace une mèche de ses cheveux qui lui tombait sur les yeux derrière son oreille.

– J'ai pas pu m'en empêcher. " Laisse moi profiter un minimum de ce que je vois. " dis-je pour le citer.

Il se place sur le dos en levant les yeux au ciel et se frotte le visage de ses deux mains.

– Ooh arrête, la honte. Pourquoi j'ai dis ça moi ?

– C'était plutôt bien dit en fait, je tente de le rassurer tout en riant un peu à sa réaction.

– Ah oui ?
Il se retourne vers moi et attrape délicatement mon menton avant de m'embrasser tendrement. Je fonds devant autant de douceur. Après une séance de baisers pas particulièrement intense à cause de la fatigue, je tente de me lever pour aller préparer un petit déjeuner. Bien essayé, mais c'était sans compter sur notre activité de cette nuit. J'ai le dos en compote, et rien que de m'assoir sur le bord du lit est tâche compliquée. Erwin m'observe en riant, toujours allongé.

– Un coup de main peut-être ? C'est ta faute tout ça, prend tes responsabilités un peu.

Il rit de plus belle mais fini par se lever. Il sort des sous-vêtements propres de ma commode puis ramasse son pull abandonné par terre hier soir et me les tend, un air qui mélange défi et supplication, comme si il me priait de ne porter que ça. J'obtempère, honnêtement avec ce genre de regard il pourrait me faire faire n'importe quoi. J'enfile donc mon boxer et le pull qui fait comme une robe tellement il est trop grand pour moi, puis j'entoure mes bras autour du cou d'Erwin dans le but qu'il m'aide à me relever. Seulement il semble en avoir décidé autrement puisqu'il en profite pour m'attirer vers lui et m'embrasser.

– Erwin ! je râle. Aide moi à me lever, j'ai faim.

– D'accord, d'accord.

Suite à ma protestation, il place ses mains sur mes hanches et me soulève. J'atterris debout face à lui, encore une fois notre différence flagrante de taille est mise en avant. Comment suis-je censé ne pas complexer après ça ?

– Tch, j'ai l'impression de sortir avec un géant.

– Tu aides pas non plus avec ton mètre cinquante, tu fais la taille de ma fille !

– Je fais un mètre soixante ok ? Je vais aller nous le faire ce petit déjeuner avant que je ne m'énerve sérieusement.

Je pars en faisant mine de bouder, puis lui lance après avoir remarqué qu'il ne portait strictement rien :

– Je te propose pas de te servir dans ma commode, tu serais aussi engoncé dans le plus grand de mes joggings comme une danseuse dans des collants trop serrés.

– T'inquiètes, je vais remettre mon jean d'hier, répond-il. 

Nous descendons les escaliers, mais une surprise nous attend en bas : Mikasa attablée au comptoir de la cuisine, une cuillère remplie de Miel Pops dans la main, pétrifiée à la vue de son professeur d'anglais à moitié nu dans sa maison.

– Mais qu'est-ce que tu fais là ? Je te croyais chez ton amie.

– Heu, Sasha et moi on s'est un peu engueulées alors sa mère m'a déposée ce matin en partant au travail.

Erwin prend la parole.

– Je pense qu'on devrait essayer de considérer les choses moins malaisantes qu'elles ne le paraissent. Désolée Mikasa qu'on se croise maintenant dans ce contexte.

– Un conseil quand même, j'ajoute, habitues toi à le croiser en dehors du lycée.

Il pose une main sur mon épaule et de l'autre se frotte la nuque. Mikasa à vraiment l'air mal à l'aise, mais on y peut rien. Les choses ont l'air de s'être bien concrétisées avec Erwin, et je ne veux plus avoir peur que le regard de mes enfants ne change quoi que ce soit. Je sais qu'ils acceptent que je sorte avec un homme, et tans pis si cet homme se trouve être leur professeur au lycée. Au contraire, cela leur comme un allié dans le corps enseignant. Il est grand temps que je me laisse aller, je n'ai pas vraiment pensé à moi ces derniers temps. Toujours préoccupé uniquement par Eren, Mikasa et le boulot, je n'ai pas pris la peine de penser à ma vie amoureuse alors qu'aujourd'hui, il me semble que je vais être comblé de joie avec Erwin pour un long, long moment.

Parents - fanfiction Eruri Où les histoires vivent. Découvrez maintenant