Parents - fanfiction Eruri

5. Livaï

Je viens de proposer un rencard à Erwin Smith. Je viens à peine de le rencontrer. Je me sens comme un adolescent qui drague n'importe qui qui semble potable et avoir son âge. Bon dieu, n'aurais-je pas passé l'âge de faire ce genre de chose tout de même ? Je me sens un peu mal d'un côté, mais de l'autre, totalement euphorique. Je n'ai pas eu de rencard depuis très longtemps. Et les rares que j'ai eu, j'ai dû les cacher à Eren et Mikasa. D'abord parce qu'avant ils étaient encore un peu trop jeunes pour être au courant de ça, et puis je ne leur ai jamais avoué être gay. Bien sûr, je suis sûr qu'ils n'auront aucun problème avec cela. Depuis qu'ils vivent avec moi, je les ai élevés dans le respect d'autrui, peu importe la religion, l'orientation sexuelle ou le genre. D'ailleurs, ils m'ont récemment parlé d'un pronom à la fois neutre et qui permet d'inclure les hommes et les femmes sans que le masculin ne doive l'emporter dans l'écriture, l'équivalent de they/them en anglais, et que l'un de leurs amis à l'école l'utilisait. Sans me vanter, je crois bien ne pas m'être foiré pour ce qui est de l'ouverture d'esprit dans mon parcours éducatif construit à la dernière minute, quand j'ai appris la mort de Carla, la mère d'Eren.

Mais je vais tout de même devoir avoir une discussion avec eux à ce propos. Je n'ai pas l'intention de leur cacher quoique ce soit si le rencard de samedi mène à quelque chose. Et même, je n'ai pas l'intention de leur mentir sur mes occupations, donc je vais bien être obligé de leur avouer que je vais m'absenter pour aller à un rendez-vous avec Erwin. D'autant plus que d'après les informations renseignées sur son profil, il est professeur dans leur lycée, il y a de grandes chances pour qu'iel le connaissent – pratique ce pronom. Bon, évidemment, ça sera peut-être un peu malaisant pour eux que je vois un prof de leur lycée...

En parlant des enfants, je suis en retard pour aller les chercher. Et ça, Eren me le fait bien savoir une fois que je les récupère dans ma voiture.

– Y'avait du monde sur la route ? demande-t-il en plaçant son sac à dos à ses pieds.

Il se retourne pour tirer la langue à Mikasa qui est assise sur la banquette arrière, elle lui donne un gros coup de pied dans son siège.

– Si vous continuez de vous battre pour savoir qui va monter à l'avant, je vais finir par vous faire assoir tous les deux derrière, je les menace.

– Oh non s'il-te-plaît Livaï pas ça ! supplie Mikasa.

– Pourquoi tu as mis autant de temps à venir ? continue Eren.

– Je n'ai pas vu le temps passer, excusez-moi d'avoir autant de retard les enfants.

– C'est pas grave, me répondent-ils en cœur.

Une fois rentrés à la maison, je les fais assoir sur le canapé et leur sert du jus d'orange pour leur parler de mon rendez-vous de ce week-end. Une partie de ma raison me dit que c'est sans doute trop tôt, que je pars du principe que cela vaut la peine de leur parler d'Erwin alors qu'on ne sait pas si ça va marcher. Je viens à peine de le rencontrer et j'ai l'impression que je m'emballe déjà une peu trop. Mais je n'ai pas envie de leur mentir ne serais-ce qu'un peu, j'y mets un point d'honneur. Mais sans leur en parler, comment justifier mon absence samedi ?

– C'est quelque chose de grave ? demande Mikasa.

– Non pas d'inquiétude, il faut juste que je vous parle de quelque chose d'assez important. Samedi soir, vous aller devoir dîner tous seuls.

– Quoi ? Pourquoi ? s'étonne Eren.

– Ça c'est pas une bonne idée Livaï, Eren pourrait mettre le feu à la maison rien qu'en cuisant des pâtes, réplique Mikasa.

– Je vous commanderai une pizza, c'est pas grave. Vous êtes grands, vous allez pouvoir survivre une soirée sans moi.

– Mais tu vas où samedi alors ?

– J'ai... Hum.

Les mots ont du mal à sortir de ma bouche. Les yeux des enfants me fixent, je sais que je ne devrais pas, mais j'ai peur de leur dire. Pas parce qu'ils vont mal le prendre, mais parce qu'ils risquent de poser pleins de questions alors que ce n'est qu'un simple premier rendez-vous. Remarque, j'ai décidé de leur annoncer ça en mode « faut qu'on parle », super dramatique, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Ils doivent déjà paniquer en pensant que c'est quelque chose de grave que j'ai à leur dire. Peut-être qu'ils s'imaginent que je vais à un enterrement, ou que mon salaire de serveur ne nous permet plus de vivre et que je dois prendre un deuxième travail de nuit.

– J'ai un rencard.

Les yeux de Mikasa s'écarquillent en grand et Eren laisse échapper un " oh putain ".

– Mais où ? Avec qui ? demande-t-il, d'un ton affolé. Depuis quand tu as une vie amoureuse toi ?

J'ignore la pique qu'il vient de me lancer sans doute involontairement, surpris par la nouvelle.

– C'est un ami qu'on a en commun avec Hange. Il s'appelle Erwin. On va seulement aller boire un verre.

Mikasa s'étouffe avec son jus d'orange, Eren ne réagit pas.

– C'est super Livaï, depuis qu'on est avec toi, tu ne nous a jamais parlé d'aller à un rencard. Je commençais à croire que tu étais asexuel, rigole Eren.

– Pfff, n'importe quoi. Enfin bref, je voulais que vous soyez au courant. Ça ne vous gêne pas j'espère ?

– Tu rigole j'espère ? demande Eren. Jamais on aurait un problème avec ça, hein Mikasa ?

– Oui, ça n'a aucune raison de nous gêner.

Je suis soulagé. Après cette discussion, Mikasa part dans sa chambre, mais Eren est resté assis sur le canapé. Ça ne lui ressemble pas trop, d'habitude après les cours il va tout de suite dans sa chambre pour trainer sur son téléphone – même s'il dit à chaque fois qu'il s'en va faire ses devoirs. Il joue avec ses mains et a un air inquiet fixé sur son visage.

– Quelque chose ne va pas ? demandé-je.

– Est-ce que si tu vas en rencard avec un homme, ça veut dire que tu es gay ?

– Euh oui, c'est plus ou moins ce que ça veut dire.

– Comment tu as su que tu l'étais ?

– Hum, je réfléchis. Je crois que j'ai commencé à m'en douter quand j'étais plus attiré par Jack que par Rose dans Titanic.

Il rit timidement à mon explication

– Est-ce que tu as des doutes sur ton orientation ? je lui demande. Tu sais que tu peux tout me dire.

– Et bien... hésite-t-il. Tu vois mon ami Armin ?

– Le petit blondinet obsédé par la plage ?

– Par l'océan. Et bien, je crois que je l'aime un peu plus que comme un ami.