7. Livaï

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Trouver une place en ville pour garer ma voiture un samedi soir aura sans doutes été la tâche là plus compliquée de ma semaine. Et pourtant, j'ai dû repasser derrière Hange qui était de corvée de nettoyage des machines au salon – je me demande ce qu'elle a bien pu mettre comme mensonge sur son CV pour se faire engager, elle ne sait rien faire c'est dingue. Me voilà donc arrivé au bar qu'on (Erwin) à choisi pour le rendez-vous, en retard d'une bonne vingtaine de minutes. Il est déjà là, assis à une table pour deux. Il est penché sur son portable et fait une mine dépitée, mais il relève la tête, et en m'apperçevant son expression change. Il me fait un signe de la main et je vais le rejoindre.

– Vraiment désolé pour le retard, dis-je en m'asseyant face à lui. Je n'avais pas anticipé le monde qu'il y aura en ville.

– C'est pas grave. Pour être honnête, j'ai bien cru que tu m'avais posé un lapin, mais tu es là c'est le principal.

Il me sourit et mon cœur rate un battement. Non sérieusement, je la sens assez mal cette histoire. Je le connais à peine, et mon cœur s'emballe déjà pour un sourire ? En même temps quel sourire...
Erwin à déjà un verre à la main, il boit un whisky. Quant à moi, je ne prendrai qu'un simple soda. Il est hors de question pour moi d'ingurgiter ne serait-ce qu'une goutte d'alcool, être alcoolisé me fait dire n'importe quoi. La dernière fois que je suis sorti boire avec Hange, je lui ai fait des propositions obscènes devant son copain Moblit, et en plus je suis loin d'être intéressé par elle puisque 100% pas hétéro. Moblit le savait, mais il a fini par me décrocher une droite alors que dans mes souvenirs, cela faisait rire Hange et elle ne me prenait pas du tout au sérieux. Tout cela pour dire que l'alcool pendant les dates, c'est mort.

Il y a un petit silence assez gênant avant qu'Erwin n'entame la conversation.

– Hum, alors, depuis quand est-ce que tu supportes Hange dans ce salon de thé ?

– J'y suis depuis 3 ans, elle depuis 2. Elle ne sais pas faire grand chose à part couler du thé dans des gobelets et des tasses, alors je crois bien que « supporter » c'est le bon mot...

– Heureusement qu'elle sait mettre une bonne ambiance, rit-il.

– Mmh. Et toi, depuis quand tu la connais ?

– Depuis assez longtemps, elle était la baby-sitter de ma fille quand j'étais à la fac.

– Ah oui tu as une fille, Historia c'est ça ?

– Hange te l'a dit ? demande-t-il, étonné.

– Eren et Mikasa m'en ont parlé.

– Ah oui, Historia m'a raconté votre histoire. Ça a dû être horrible pour eux de perdre leur parents en si peu de temps.

Une serveuse en tablier nous interrompt pour prendre ma commande, Erwin redemande un verre du même alcool. Elle le débarrasse alors du contenant vide posé sur notre petite table.

– Tu ne bois pas ? me demande-t-il après le départ de la jeune fille.

– Non, très rarement.

– C'est bien, tu es quelqu'un de raisonnable.

Il affiche encore ce putain de sourire et j'ai l'impression que je vais mourir sur place.
Pendant que la conversation va et vient, il m'est totalement impossible de décrocher mon regard de lui un seul instant. Il parle de comment il s'en est sorti pour étudier et élever sa fille en même temps, de son métier, il semble si passionné. Je veux dire, c'est si plaisant de l'écouter parler. Je me demande combien de ses élèves sont tombées amoureuses de lui pour cela – il faut aussi avouer qu'il est très beau. Il s'intéresse aussi à mon parcours avec Eren et Mikasa. C'est comme si même si je lui décrivait tout le système de fonctionnement des machines à café immonde du salon de thé, il écouterai poliment et poserait des questions. C'est assez réconfortant dans un sens.

Deux heures ont passées, avec le retard que j'avais, il est déjà pratiquement 23 heures. Voilà arrivé certainement le moment le plus gênant dans un rendez-vous : qui paye l'addition ? Je me fiche qu'il soit courtois et paye à ma place. J'ai toujours, même si les rendez-vous que j'ai eu ont été assez rares ces derniers temps, insisté pour payer pour l'autre, ou alors chacun sa part. J'allais commencer à espère qu'Erwin n'insiste pas pour payer l'entièreté de la note avant de remarquer quelque chose : il a beaucoup trop bu. Il s'excuse avant de se lever et va en direction des toilettes mais il ne marche pas du tout droit. Je n'avais vraiment pas fait attention au fait qu'il avait recommandé sa boisson plusieurs fois, trop absorbé par la conversation. Je me lève à mon tour pour aller l'aider.

– Est-ce que ça va aller ? Tu tiens à peine debout.

– Oui oui, ne t'inquiètes pas Livaï, me répond-il tout en continuant son chemin.

Je le laisse faire et profite de son absence pour payer l'addition. En regardant le ticket, je constate qu'il en était à 5 verres.
Erwin ressort des toilettes toujours en titubant, je décroche sa veste de sa chaise et marche vers lui, je la lui dépose sur ses épaules et passe son bras gauche autour de mon cou afin qu'il prenne appui sur moi. La différence de taille rend la tâche difficile, et la distance qui sépare le bar de là où j'ai garé ma voiture va être un obstacle de plus. Nous marchons comme cela dans la rue, je fais comme je peux pour maintenir l'appui.

Nous marchons de manière approximativement droite et particulièrement lente. De loin, on pourrait presque croire que je l'ai drogué pour le kidnapper, mais il m'a l'air encore conscient. Je ne m'y connais pas trop, mais perdre connaissance pour 5 verres de whisky serait vraiment abusé, il lui en faudrait au moins 2 de plus, voire plus si il est habitué à beaucoup boire. Mais le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il est bien bourré. Il doit vraiment aimer ça. À son apparence, j'aurais plutôt jugés qu'il aurait été un adepte du vin blanc. J'aurais dû lui demander. Personnellement, je trouve que le whisky c'est bien trop fort en tout cas. Est-ce qu'il aurait ressenti le besoin d'être bourré pour tenir le rencard ? L'alcool peut être synonyme de courage liquide pour certains. Mais tout s'est bien passé dès le début alors qu'il n'avait bu qu'un seul verre... Je devrais ne pas trop y penser pour l'instant.

Arrivés à ma voiture, je l'installe difficilement sur le siège passager et commence à prier pour qu'il ne vomisse pas dessus, Hange a fait l'expérience une fois, je lui ai fait nettoyer le siège toute un après-midi pour faire partie l'odeur incrustée dans le tissu. Erwin grogne un peu quand j'essaye d'attacher sa ceinture et bouge pour m'en empêcher. Je le maintien collé au siège avec mon bras gauche plaqué contre son buste et enclenche maladroitement la ceinture.

Un petit détail que j'avais alors oublié me vient en tête quand je m'installe au volant de ma Renault : je ne sais pas du tout où il habite. À l'heure qu'il est un samedi, Hange est certainement en boîte ou avec Moblit, inutile de l'appeler. Peut-être que les enfants sont déjà allés chez eux voir Historia ? J'appelle Eren pour savoir, il décroche avec une voix fatiguée.

– Qu'est-ce qu'il y a ? Ça se passe bien avec ton date ?

– Tu ne saurais pas où il habite par hasard ?

– Aucune idée, ça serait bizarre que je sache où habite mon prof.

– Comme tu es ami avec sa fille, j'y ai pensé. C'est pas grave, merci quand même. Je rentre dans pas longtemps.

Après cela je raccroche. Je n'ai donc plus le choix. Je ne peux pas le laisser sur le bord du trottoir. Je vais être obligé de le ramener à la maison.

Parents - fanfiction Eruri Où les histoires vivent. Découvrez maintenant