Erwin a surpris notre conversation avec Hange jeudi dernier, nous sommes vendredi, cela fait plus d'une semaine que je n'ai plus de nouvelles. Il ne me répond pas. Je ne supporte plus ce silence, il faut absolument que je lui parle. Je l'ai contacté par SMS, en vain, et il m'a supprimé de ses amis Facebook. Je ne veux pas essayer par téléphone, de peur de vraiment l'ennuyer encore plus. Il ne me reste plus qu'une solution pour lui parler en face à face : me rendre au lycée. Au moment d'aller chercher les enfants, je descends de la voiture et marche vers l'entrée. Seulement en arrivant devant le bâtiment, je les croise parmi la foule d'élèves.
– Livaï ? m'appelle Eren, accompagné de Mikasa et d'Armin qui lui tient la main. Qu'est-ce que tu fais devant le lycée, pourquoi tu n'attends pas dans la voiture comme d'habitude ?
– La voiture est ouverte, allez-y je vous y rejoint dans quelques minutes.
– Mais...
Mikasa traîne Eren par la manche sur le parking alors que je pénètre dans le bâtiment principal du lycée. Les élèves sont tous serrés, essayant de sortir au plus vite, mais tout le monde se bouscule. Comme je vais à contre sens, mon épaule entre plusieurs fois en collision avec des bras d'adolescents et des sac à dos. Je ne connais pas l'endroit, alors que m'adresse à une jeune fille brune à queue de cheval qui est arrêtée sur le côté, contre les casiers, en train de manger un gâteau industriel pour enfants.
– Excuse-moi, tu pourrais me dire où se trouve la salle des professeurs s'il-te-plaît ? je lui demande.
– Moui, ch'est dans un autre bachiment, me répond-elle la bouche pleine avant d'avaler pour continuer ses explications. Continuez tout droit pour sortir de celui-ci, quand vous arrivez dans la cour c'est le bâtiment à gauche. Dedans y a des indications vous pourrez pas vous tromper.
– Hum d'accord, merci beaucoup.
Avant de tourner les talons, je lui indique son menton :
– Oh euh, tu as des miettes juste là.
Elle rougit, d'embarras certainement, et se dépêche d'essuyer son menton avec le revers de sa manche. Quant à moi, je me dirige vers le bâtiment que cette jeune fille m'a indiqué. Effectivement, une fois à l'intérieur, des panneaux indiquent les différents bureaux. L'étage semble réservés à la comptabilité et au bureau du principal, je trouve rapidement le chemin de la salle des professeurs. J'allais frapper à la porte quand elle s'ouvrit devant moi sur une dame à lunettes qui transporte dans ses bras une pile immense de photocopies. Elle est petite, plus que moi, rousse, et semble assez proche de la retraite.
– Je peux vous aider Monsieur ? Vous avez rendez-vous avec un professeur peut-être ?
– Oui, j'ai un entretien avec Monsieur Smith, je mens.
– Il est là, je vous l'appelle.
Elle rentre dans la pièce, et en ressort accompagnée d'Erwin. Celui-ci en me voyant a une réaction agacée qu'il essaye visiblement de cacher devant sa collègue. La femme continue son chemin en dehors du bâtiment, et quand il voit qu'elle est sortie, Erwin commence à tourner les talons pour repartir. Je lui prends difficilement le bras, il tente de me résister et c'est dur de le retenir avec toute sa force.
– Je t'en prie Erwin écoute moi.
– Pas ici Livaï. As-tu perdu la raison ? Venir me voir au lycée, franchement...
– Tu voulais que je fasse quoi alors ? Tu ne me répond pas au téléphone, tu m'as bloqué sur Facebook, et je ne suis pas assez timbré pour venir te harceler chez toi. Attend non ce n'est pas ce que je voulais dire, merde. Je ne veux pas te harceler, juste te parler.
– Bon d'accord, je vais t'écouter, mais tu as intérêt à faire vite, dit-il en croisant les bras.
– Tu as encore cours après ? On pourrait aller parler ailleurs, demandé-je.
– Je n'ai plus cours, mais Historia à une grippe, je veux rentrer le plus vite possible à la maison.
– Je ne te demanderai pas trop de temps, je t'en supplie viens avec moi.
Ce n'est pas dans mon habitude de prier les gens pour qu'ils fassent ce que je veux, d'ordinaire ma simple expression faciale peu chaleureuse sert à convaincre. Il leva les yeux au ciel et retourna dans la salle des professeurs pour y récupérer ses affaires.
Il me guide à présent vers un parking plus isolé derrière le lycée, certainement celui réservé aux professeurs. Personne d'autre n'est là, et il n'y a pas énormément de voiture. Nous nous plaçons devant la sienne pour discuter. Erwin s'appuya contre la portière arrière de sa Jeep noire, les bras croisés sur son torse comme à son habitude. Je dois lever la tête pour le regarder dans les yeux.– Je t'écoute, qu'est-ce que tu veux ?
– Je veux m'excuser. Je suis tellement désolé pour ce que j'ai dis, je ne le pensais même pas. N'as-te pas remarqué comment je te dévorait des yeux à chaque fois que l'on se voyait ? Bien sûr que je pensais sérieusement à une relation avec toi. J'y pense toujours d'ailleurs...
– Et ça tu n'as pas osé l'avouer à ta meilleure amie ?
– Tu la connais Hange. Si je lui disais que c'était du sérieux, elle serait déjà en train de planifier notre mariage et même à dire des trucs du genre "tu lui fais du mal, je t'égorge vivant".
– Ouais, et on sait tout les deux qu'elle le ferait.
La situation n'est pas propice à ce genre de blague, mais au final ce n'est pas plus mal. Je me mets à rire, lui aussi, et d'un coup l'atmosphère à l'air beaucoup moins lourde.
– Pardon d'avoir aussi mal réagi pour si peu, on s'est jamais officiellement engagés à quoi que ce soit, et on s'est vus peu de fois. Je n'aurais pas dû me permettre de réagir comme ça.
– C'est clairement pas toi qui a besoin de t'excuser, ne t'en fais pas...
À présent je baisse la tête, parce que si je continue à le regarder je vais l'embrasser. Parce que c'est ce que je rêve de faire depuis ce jour où son profil s'est glissé dans mes recommandations, puis quand je l'ai vu dans la file au salon de thé. Et quand le soir de notre premier rendez-vous j'ai dû le repousser car il m'a embrassé en étant ivre, je ne n'avais qu'une seule envie : continuer. Ma vie était déjà en couleur grâce à Eren, Mikasa et Hange, mais il y a rajouté de la lumière, beaucoup de lumière. Ne rien tenter avec lui serait la chose la plus stupide que je pourrais faire de toute ma vie.
Et tout cela, je crois qu'il l'a bien compris aussi car Erwin relâche son appuis sur sa voiture pour s'approcher de moi. Il se colle pratiquement à moi, ses larges épaules font barrage à la lumière du soleil qui tape dans son dos. De sa main, il attrape mon menton afin de relever ma tête vers lui, il se penche. Dois-je fermer les yeux ? Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas été dans cette position avec quelqu'un. Il est quelqu'un que j'ai imaginé des centaines de fois embrasser, mais maintenant que j'y suis, je suis pétrifié et je ne sais pas quoi faire. Alors je le laisse me guider. Il approche ses lèvres afin de les coller sur les miennes. J'ai remarqué qu'il avait fermé les yeux, alors je fais de même. Le baiser est simple, rapide, mais l'empreinte laissée par ses lèvres gercées restera gravée en moi pour toujours.
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Parents - fanfiction Eruri
Hayran KurguLivaï est le tuteur de deux jeunes adolescents, Eren et Mikasa. Erwin élève seul sa fille Historia. Loin d'être à la recherche du grand amour, leur rôle de père étant au centre de leur préoccupation, ils se rencontrent tout de même, un coup du desti...