Chapitre 8

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Je reste seule dans le salon, figée par ce qui vient de se passer. Liam est parti, et moi, je suis plantée là, encore secouée par ses mots :

"Cherche."

Un mot, un ton. Suffisants pour me rappeler à quel point il est insensible. Suffisants pour raviver cette colère enfouie depuis cinq ans.

Je prends une profonde inspiration et décide de ne pas me laisser abattre. Pas cette fois. Je monte les escaliers avec mes valises, inspectant chaque pièce. La maison est immense, un labyrinthe de couloirs et de portes identiques.

Finalement, je trouve une chambre vide. Elle est spacieuse, décorée avec un luxe froid et impersonnel. Parfaitement à l'image de cette situation absurde.

Je commence à déballer mes affaires, rangeant méthodiquement chaque vêtement, chaque chaussure. C'est ma façon d'évacuer la frustration.

Le silence dans cette maison est oppressant. Pas de rires, pas de voix. Rien que le bruit du zip de mes valises et le léger froissement des tissus.

Quand tout est enfin rangé, je m'assois sur le bord du lit, regardant autour de moi. Cette chambre est censée être mon espace, mon refuge... mais elle me semble étrangère.

Mon regard dérive vers la fenêtre. Le jardin illuminé par des lumières tamisées semble paisible, presque accueillant. Peut-être que l'air frais m'aidera à me recentrer.

Je descends discrètement et sors dans le jardin. L'air nocturne est frais, et le parfum des fleurs me calme légèrement.

Je m'assois sur un banc près de la fontaine, mes pensées tourbillonnant. Comment ai-je pu en arriver là ? Comment ce garçon qui a marqué ma vie de la pire des façons est-il devenu mon mari... ou presque ?

Alors que je ferme les yeux, essayant de rassembler mes idées, un bruit de pas sur le gravier me fait sursauter.

Je me retourne brusquement et aperçois une silhouette.

Liam.

Il est là, à quelques mètres, vêtu simplement d'un t-shirt et d'un pantalon de jogging. Son visage est éclairé par la lumière douce du jardin, et pour la première fois depuis notre rencontre dans ce salon, il n'a pas l'air froid.

Mais je n'ai aucune envie de parler.

— Si tu es venu m'insulter encore, je te conseille de faire demi-tour, dis-je sèchement.

Il s'arrête, les mains dans les poches, et hausse un sourcil.

— Je ne suis pas venu pour ça.

Son ton est calme, presque détendu, et ça me déstabilise.

— Alors pourquoi tu es là ? demandé-je, méfiante.

Il hausse les épaules.

— C'est ma maison, non ?

Je soupire, exaspérée, et me lève pour partir, mais il parle à nouveau :

 — Je voulais juste dire que... je suis désolé pour tout ça. Ce n'est pas idéal, je le sais.

Ses mots m'arrêtent net.

— Désolé ? Tu es désolé pour quoi, exactement ? Pour m'avoir ignorée ? Pour m'avoir traitée comme une inconnue ? Ou pour tout ce qui s'est passé avant ?

Ma voix monte sans que je ne puisse la contrôler. Les émotions que j'ai tenté de contenir explosent enfin.

Liam reste silencieux, son regard fixé sur moi.

— Tu sais quoi ? Laisse tomber. Tu n'en as rien à faire, de toute façon, ajouté-je avant de me diriger vers la maison.

— Maya, attends...

Je m'arrête, mais je ne me retourne pas.

— Je ne sais pas de quoi tu parles, dit-il finalement, et son ton me paraît sincère.

Je me retourne lentement, mes yeux scrutant les siens.

— Tu ne sais pas ? Vraiment ?

Il secoue légèrement la tête, l'air perdu.

— De quoi tu parles ?

Ces mots me frappent comme un coup de poignard. Comment peut-il avoir oublié ce moment qui a bouleversé ma vie ?

— Alors tu es encore plus pathétique que je ne le pensais, dis-je froidement avant de rentrer dans la maison.

De retour dans ma chambre, je m'effondre sur le lit. Sa déclaration tourne en boucle dans ma tête :

"De quoi tu parles ?"

Est-il sincère ? Ou est-ce une manière de se dédouaner ?

Les souvenirs reviennent en rafale, des fragments de cette soirée que j'ai essayé d'enterrer. Mais ils sont là, intacts, et me hantent.

Je n'ai pas envie de le voir demain. Pas envie de partager cette maison avec lui. Mais je n'ai pas le choix.

Demain, je devrai affronter une nouvelle journée dans cette cage dorée.

Liés par le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant