Liés par le destin

Chapitre 1

Cinq ans plus tôt...

— Allez, s'il te plaît Maya, viens avec nous... dit Alicia, alias ma meilleure amie, qui tente une énième fois de me convaincre d'aller à cette fameuse soirée organisée par les footballeurs du lycée pour célébrer leur victoire contre l'équipe Alpha.

— Non, tu sais très bien que je n'ai jamais mis les pieds dans une soirée. C'est hors de mes principes, lui répondis-je avec assurance.

— Il est temps de changer, tu sais ? C'est notre dernière année de lycée. Décoince-toi un peu... dit-elle en adoptant cet air mignon auquel je ne peux jamais résister.

— Ok, mais promets-moi que tu resteras près de moi.

— Yesss... s'exclame-t-elle, toute joyeuse.

Bon je me présente : Maya Johnson, 18 ans. Oui, vous avez bien entendu, une Johnson. La fille du célèbre Paco Johnson de l'entreprise Johnson and Co, incontournable dans notre ville. Niveau beauté ? Personnellement, je me trouve banale, mais Alicia n'arrête pas de me répéter qu'avec un peu d'effort, elle ferait de moi la plus belle fille du lycée. Mais je ne suis pas prête à franchir ce cap... pas encore.

Avec un père surprotecteur, je suis restée la fille modèle qu'il souhaite que je sois... ou du moins que je prétends être. Après tout, il n'y a que moi pour lui tenir compagnie depuis que maman et mon petit frère sont partis. Maman est morte en me donnant un frère... qui, lui aussi, est décédé peu après sa naissance. Dire que je ne l'ai connue qu'une année... Une année trop courte pour me souvenir d'elle.

Je ne me soucie pas que les gens me trouvent coincée. Tout ce que je veux, c'est rendre mon père fier et ne pas le décevoir. Mais avant d'aller à cette soirée, il faut que je le prévienne.

— Viens, on va faire du shopping pour ce soir, me propose Alicia après mon appel rapide à mon père.

— D'accord, je me prépare, lui répondis-je, me levant du canapé pour prendre une douche.

Après une bonne douche chaude, j'enfile une robe légère et fleurie, assortie de mes petites sandales à corde. J'attache mes cheveux en un chignon décontracté et préviens Gérard, notre majordome, que je sors.

Nous garons la voiture et entrons dans le centre commercial.

— Viens, on se prend une glace avant, propose Alicia. Tu veux quel parfum ?

— Choco, s'il te plaît.

Nous entrons dans une petite boutique de crèmes glacées. Pendant qu'Alicia règle nos commandes, je remarque qu'un gars me fixe depuis le bar. Il me dévisage sans aucune discrétion, et je ne peux m'empêcher de croiser son regard. Il a l'air sérieux, presque intimidant.

« Eh, Maya, reprends-toi », me dit ma petite voix intérieure. Je retourne alors près d'Alicia, évitant soigneusement de croiser son regard de nouveau.

— T'as bientoôt fini ? demandai-je à Alicia, un peu nerveuse.

Elle éclate de rire.

— Quoi ? lui demandai-je encore une fois.

— Regarde ta robe... elle est mouillée juste là...

Je baisse les yeux là où elle pointe et remarque une énorme tache d'eau sur ma poitrine. Pas étonnant que ce gars me fixait comme ça... et moi qui pensais avoir été intéressante pour une fois. La honte.

Nous sortons de la boutique, et je raconte à Alicia ce qui vient de m'arriver. Encore une fois, cette folle ne peut s'empêcher de rire aux larmes.

La voir comme ça me fait rire aussi, et je ne tarde pas à la rejoindre dans son fou rire. Soudain, je me cogne violemment contre quelqu'un. Oh non... ma glace !

— Fais attention, espèce de... grommelle l'inconnu.

Je lève la tête, prête à répliquer, et... il fallait que ce soit lui. Le gars du bar. Il regarde la tache de glace sur sa chemise avec un air exaspéré.

— Alors, c'était toi ? Ça ne te suffisait pas de te faire remarquer avec ta robe mouillée ? Tu devais en rajouter avec une dose de glace ? Et en plus de ça, tu oses me ruiner ma chemise ? Tu sais combien elle coûte, sale idiote ?

Ses paroles claquent comme des gifles. Beau visage, mais langage insupportable.

— T'es qui, toi, pour parler comme ça ? Tu sais quoi ? Ta chemise, tu peux la garder, dis-je en prenant la glace d'Alicia et en l'écrasant sur sa chemise.

Je fouille dans mon sac, en sort un billet de 100 euros, et le lui lance au visage.

— Tiens, ramène ta précieuse chemise au pressing !

J'attrape Alicia par le bras et l'entraîne hors de la boutique. Elle est trop choquée pour dire un mot, mais moi, je ne peux m'empêcher de sourire en repensant à la tête qu'il a faite. Nous entrons dans une boutique de robes au hasard, et mes yeux tombent sur une magnifique robe rouge, longue, avec une fente audacieuse.

C'est décidé : ce soir, je sors de ma zone de confort.