Chapitre 11

3 0 0
                                    


La journée commence de manière étrangement calme. Liam est invisible, et j'en profite pour prendre un petit déjeuner en paix. Le silence dans cette maison est presque agréable quand il n'est pas là pour le rompre avec ses remarques cinglantes.

Je m'installe à la table, une tasse de thé chaud entre les mains, appréciant ce moment de solitude. Mais cette tranquillité ne dure pas longtemps. À travers la fenêtre, je remarque une voiture noire qui s'arrête devant la maison.

Je me lève instinctivement, observant la scène. Patrick et Delia O'Brien descendent élégamment de leur véhicule, habillés comme pour un gala. Leur simple présence transforme l'atmosphère de la maison, imposant un poids que je ressens jusque dans mes os.

Mon cœur se serre. Pourquoi sont-ils là ?

Quelques minutes plus tard, la porte d'entrée s'ouvre sur les O'Brien, éblouissants de prestance. Patrick, toujours impeccablement habillé, affiche un sourire chaleureux mais calculé. Delia, dans une robe crème parfaitement ajustée, s'avance vers moi avec des bras ouverts.

— Maya, ma chère ! Quel plaisir de te voir, s'exclame-t-elle en m'embrassant légèrement sur les deux joues.

— Bonjour... Delia. Patrick, dis-je en me forçant à sourire.

Liam apparaît enfin, descendant lentement les escaliers. Il porte une chemise blanche ouverte au col, son allure nonchalante contrastant avec l'aura imposante de ses parents. Il s'assied dans un fauteuil près de la cheminée sans un mot, les bras croisés, affichant son désintérêt habituel.

— Alors, commençons ! Nous avons tant de choses à discuter, annonce Patrick en prenant place, visiblement ravi d'être ici.

Je m'assieds à mon tour, le cœur battant.

— Maya, nous avons pensé à quelques idées pour le mariage, commence Delia avec un enthousiasme débordant. Une cérémonie en plein air, peut-être dans notre domaine familial. Qu'en penses-tu ?

Je reste silencieuse un instant, prise au dépourvu.

— Je... Je n'ai pas encore réfléchi à tout ça, admis-je, mal à l'aise.

— Oh, ne t'inquiète pas, ma chère, intervient Patrick avec un sourire rassurant. Nous voulons simplement que tout soit parfait pour vous deux.

Je lance un regard vers Liam, espérant qu'il prendra la parole. Mais il reste impassible, son regard fixé sur un point invisible devant lui.

— Liam, tu ne dis rien ? demande Delia en se tournant vers lui.

Il hausse les épaules.

— Faites ce que vous voulez. Ce n'est pas vraiment mon truc.

Delia fronce légèrement les sourcils, mais elle garde son sourire.

— Très bien. Nous veillerons à ce que tout soit parfait.

Ma mâchoire se serre. Leur assurance, leur manière de tout décider comme si je n'existais pas, me met hors de moi.

— Peut-être qu'on pourrait prendre un moment pour en discuter avant de parler des détails ? demandé-je, essayant de garder un ton calme.

Patrick rit doucement, comme si ma remarque était naïve.

— Oh, Maya, tout cela a déjà été réfléchi en amont. Ce mariage représente bien plus qu'une simple cérémonie.

Je fronce les sourcils.

— Que voulez-vous dire ?

Patrick prend un ton sérieux, presque solennel.

— Ce mariage est crucial pour nos familles. Il scelle une alliance importante entre nos entreprises et garantit la stabilité de nos projets à venir.

Ces mots me frappent comme une gifle.

— Une alliance... commerciale ?

— Naturellement, répond Patrick, comme si c'était évident. Votre père et nous sommes d'accord sur l'importance de cet arrangement.

Mon estomac se noue. Je savais que ce mariage était imposé, mais entendre les choses présentées de manière aussi froide et calculée est insupportable.

Je me lève brusquement, incapable de rester une seconde de plus dans cette pièce.

— Excusez-moi, j'ai besoin d'un moment.

Je sors dans le jardin, l'endroit où je me sens habituellement un peu plus libre. Mais aujourd'hui, même cet espace semble oppressant.

J'inspire profondément, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Comment ai-je pu me retrouver dans cette situation ?

— Tu fuis encore ?

La voix de Liam brise le silence. Je me retourne pour le voir, debout à quelques mètres, les mains dans les poches.

— Et toi, tu fais quoi ? Tu restes là, silencieux, à tout laisser passer ?

Il s'avance doucement, son visage aussi impassible que d'habitude.

— Qu'est-ce que tu veux que je fasse, Maya ? Ces décisions ont été prises bien avant que toi ou moi ayons notre mot à dire.

— Ça ne te dérange pas ? Tout ça, ce mariage, cette... transaction ?

— Bien sûr que si. Mais ça ne changera rien.

Ses mots sont un coup de poignard.

— Rien de tout ça n'a de sens pour moi, murmuré-je, les larmes aux yeux.

Il détourne le regard, mais je vois une étincelle de frustration dans ses yeux.

— Tu crois que c'est plus facile pour moi ? Tu penses que j'ai envie de tout ça ?

— Peut-être pas, mais au moins tu pourrais essayer. Essayer de rendre ça... vivable.

Il rit, un rire amer.

— Vivable ? Maya, ce mariage n'est qu'un arrangement. Rien de plus.

Je le fixe, le cœur brisé par sa froideur.

— Tu es incroyablement pathétique, dis-je avant de tourner les talons.

Mais avant que je ne m'éloigne, il murmure derrière moi :

— Tu crois que j'ai eu le choix ?

Je m'arrête, mon cœur se serrant encore plus. Je ne me retourne pas. Je n'ai pas la force de continuer cette conversation.

Liés par le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant