Chapitre 10

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Le lendemain, je me réveille encore plus fatiguée que la veille. La nuit a été longue, rythmée par des pensées incessantes et des souvenirs douloureux.

Je prends une douche rapide et descends pour le petit déjeuner, décidée à l'ignorer si je le croise. Mais en entrant dans la cuisine, je réalise qu'il n'est pas là. Une drôle de sensation, un mélange de soulagement et de frustration, me traverse.

Je me prépare un café et m'assieds seule à la table, profitant du calme inhabituel. Mais, comme s'il pouvait lire dans mes pensées, Liam entre, ses cheveux encore humides, vêtu d'un sweat noir et d'un pantalon de jogging.

Il ne me regarde même pas.

— Bonjour, dis-je, par réflexe plus que par envie.

— Hm, répond-il, toujours sans lever les yeux.

Et voilà, le retour du mur de glace.

Je serre les dents et décide de ne pas insister. Si c'est comme ça qu'il veut jouer, très bien. Mais alors que je me lève pour quitter la pièce, il parle.

— Tu comptes fuir à chaque fois ?

Je me retourne, piquée au vif.

— Excuse-moi ?

Il repose sa tasse et me fixe enfin, son regard aussi froid que son ton.

— Je te vois bien. Chaque fois que les choses deviennent un peu inconfortables, tu fuis. Le jardin, ta chambre... Tu veux vraiment jouer à ça ?

Mon sang bouillonne.

— Peut-être que je fuis parce que c'est toi qui rends tout insupportable, répliqué-je.

Il ne répond pas immédiatement, mais un léger sourire sarcastique étire ses lèvres.

— Alors c'est de ma faute ?

— Absolument, dis-je, croisant les bras. Mais c'est plus facile pour toi de te cacher derrière ton arrogance, pas vrai ?

Il se lève lentement, sa haute silhouette dominant la pièce.

— Tu crois me connaître, Maya ? Tu penses tout savoir sur moi ?

Je le fixe, défiant, même si une partie de moi vacille sous la tension de son regard.

— Je sais assez pour savoir que tu es insupportable et incapable de penser à autre chose qu'à toi-même.

Ses yeux s'assombrissent, mais il ne répond pas. Il se contente de me fixer, comme s'il cherchait à lire quelque chose en moi.

— C'est tout ? demande-t-il finalement, sa voix plus calme.

Je reste silencieuse, incapable de trouver quoi dire de plus. Alors, il hausse les épaules et quitte la pièce sans un mot.

La matinée se passe sans croiser Liam. J'en profite pour explorer un peu plus la maison, chaque pièce me donnant l'impression d'entrer dans un musée.

Vers midi, je me décide à sortir pour marcher un peu dans le jardin. Le soleil est doux, et l'air frais me fait du bien. Je trouve un coin tranquille près de la fontaine, espérant trouver un peu de paix.

Mais, bien sûr, il ne peut pas me laisser tranquille.

— Tu sembles aimer cet endroit, lance sa voix derrière moi.

Je me retourne pour le voir s'approcher, les mains dans les poches, toujours avec cette nonchalance exaspérante.

— Et toi, tu sembles adorer me suivre, répliqué-je.

— Peut-être que je trouve ça amusant, répond-il avec un sourire en coin.

Je soupire, exaspérée.

— Qu'est-ce que tu veux, Liam ?

Il s'assoit sur le banc en face de moi, me fixant avec un air indéchiffrable.

— Rien. Juste discuter.

Je plisse les yeux, méfiante.

— Discuter ? Avec moi ? Depuis quand ?

— Depuis que je me suis dit qu'on allait devoir vivre sous le même toit. Autant essayer de rendre ça moins désagréable.

Je croise les bras, sceptique.

— Tu veux parler ? Très bien. Pourquoi es-tu toujours aussi... fermé ?

Il reste silencieux un moment, regardant la fontaine comme s'il y cherchait une réponse.

— Parce que c'est plus simple comme ça, dit-il finalement.

Cette réponse m'agace autant qu'elle me perturbe.

— Simple ? Ce n'est pas une vie, Liam.

— Peut-être pas. Mais c'est la mienne.

Je ne sais pas quoi répondre. Il se lève soudainement et me regarde, son expression à moitié sérieuse, à moitié moqueuse.

— Et toi, Maya ? Qu'est-ce que tu veux vraiment ?

Sa question me prend au dépourvu.

— Qu'est-ce que je veux ? Je veux qu'on me laisse tranquille.

Il sourit légèrement, presque triste.

— Ça, je peux faire.

Et avant que je ne puisse réagir, il s'éloigne, me laissant seule avec mes pensées.

Ce soir-là, je le croise dans le salon. Il est assis dans un fauteuil, un verre de whisky à la main.

Je m'arrête, hésitant à le rejoindre. Mais quelque chose dans son attitude me pousse à rester.

— Tu comptes rester plantée là ? demande-t-il sans lever les yeux.

Je m'avance lentement, m'assieds sur le canapé en face de lui.

— Tu bois seul ?

— Ça arrive.

Le silence s'installe, mais cette fois, il est moins oppressant.

— Pourquoi tu es devenu comme ça ? demandé-je doucement.

Il lève les yeux vers moi, et pendant un instant, je vois quelque chose dans son regard : une douleur qu'il essaie de cacher.

— Parce que c'est plus facile, répond-il simplement.

Je hoche la tête, acceptant sa réponse, même si elle ne me satisfait pas.

— Un jour, Liam, ce masque va tomber.

Il sourit, mais son sourire ne touche pas ses yeux.

— Peut-être. Mais pas ce soir.

Il finit son verre et quitte la pièce, me laissant seule une fois de plus, avec plus de questions que de réponses.

Liés par le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant