Le silence revient doucement après le départ de Patrick et Delia. La maison semble soudain plus vide, comme si leur présence imposante avait occupé tout l'espace.
Je suis assise dans la cuisine, mes mains serrées autour d'une tasse de thé froid que je n'ai même pas touché. Mes pensées tournent en boucle, et la conversation de tout à l'heure me hante encore.
"Ce mariage est un arrangement."
Les mots de Patrick, puis ceux de Liam, résonnent dans ma tête. Tout cela n'a rien d'un conte de fées, rien d'un avenir que j'aurais choisi.
— Tu comptes rester là toute la journée ?
La voix de Liam me fait sursauter. Je lève les yeux pour le voir appuyé contre le cadre de la porte. Il n'a plus son expression froide et distante habituelle, mais quelque chose de plus neutre, presque curieux.
— Peut-être. Tu veux m'en empêcher ? répliqué-je, ma voix plus sèche que je ne le voudrais.
Il soupire, s'approche et tire une chaise pour s'asseoir en face de moi.
— Non. Je me disais juste qu'on pourrait... discuter.
Je plisse les yeux, méfiante.
— Discuter ? Depuis quand tu veux parler, Liam ?
Il hausse légèrement les épaules, son regard fixé sur la table comme s'il évitait le mien.
— Depuis que j'ai vu que ça te détruit autant que moi.
Ses mots me prennent de court. Je m'attendais à une réplique cinglante, pas à ça.
— Ça te détruit ? Je croyais que tu t'en fichais, dis-je, incapable de cacher mon scepticisme.
Il sourit, mais c'est un sourire triste, sans moquerie.
— Ce que je pense ou ressens n'a jamais vraiment compté. Mais toi, tu le vis mal, et ça se voit.
Je reste silencieuse, troublée par son ton sincère. Ce n'est pas le Liam sarcastique que je connais.
— Alors quoi ? Tu veux qu'on devienne amis maintenant ? demandé-je, mi-amère, mi-défensive.
— Non, répond-il sans hésiter. Mais on pourrait essayer de se comprendre. Ça rendrait tout ça... moins insupportable.
Je ne sais pas quoi répondre. Une part de moi veut l'envoyer balader, mais une autre... une autre veut croire qu'il y a une possibilité de trouver une trêve dans ce chaos.
— Très bien, dis-je finalement. Mais ne t'attends pas à des miracles.
Il hoche la tête, un éclat de soulagement traversant brièvement son regard.
Le reste de l'après-midi est étrangement paisible. Liam disparaît dans son bureau, et je profite de ce répit pour lire dans le salon.
Mais en début de soirée, alors que je me prépare à dîner, je le vois entrer dans la cuisine.
— Tu fais à manger ? demande-t-il en ouvrant le frigo.
— Oui, dis-je simplement. Pourquoi ?
Il sort une bouteille d'eau et s'appuie contre le plan de travail.
— Rien. Je me disais que je pouvais peut-être t'aider.
Je le regarde, incrédule.
— Toi ? M'aider ?
Il lève les mains en signe de reddition, un sourire léger aux lèvres.
— Hé, je sais cuisiner. Pas grand-chose, mais je peux essayer.
Je finis par hausser les épaules.
— Très bien. Attrape les légumes dans le frigo.
Pour la première fois depuis mon arrivée, nous partageons un moment presque normal. Il coupe les légumes pendant que je surveille la cuisson, et le silence entre nous est étonnamment confortable.
— Alors... pourquoi tu veux soudain "essayer de te comprendre" ? demandé-je après un moment.
Il réfléchit, les mains occupées à trancher une carotte.
— Parce que je pense que c'est la seule façon de survivre à cette situation.
— Survivre ? C'est un mot un peu dramatique, non ?
Il sourit légèrement, mais son regard est sérieux.
— Peut-être. Mais c'est comme ça que je le vis.
Je n'ai pas de réponse à ça. Je me contente de continuer à cuisiner, troublée par cette facette de Liam que je découvre.
Après le dîner, je suis surprise de le voir rester dans le salon, s'installant dans un fauteuil avec un verre à la main.
Je prends place sur le canapé, hésitante, mais fatiguée de fuir.
— C'était pas mal, dit-il en levant son verre légèrement.
— Le dîner ? Merci.
— C'était mieux grâce à mon aide, évidemment, plaisante-t-il avec un sourire narquois.
Je roule des yeux, mais je ne peux m'empêcher de sourire légèrement.
— Ne te donne pas trop d'importance.
Le silence s'installe, mais il est plus léger cette fois.
— Maya, dit-il soudain, son ton plus sérieux. Je sais que je n'ai pas été... facile depuis ton arrivée.
Je le fixe, surprise par son honnêteté.
— C'est le moins qu'on puisse dire.
Il rit doucement, mais son regard est grave.
— Je ne sais pas comment changer tout ça. Mais je veux essayer.
Je sens mon cœur se serrer. Une part de moi veut croire en ses mots, mais l'autre reste méfiante, protégée par des années de douleur et de colère.
— Alors essaie, dis-je simplement.
Il hoche la tête, et pour la première fois, j'ai l'impression de voir une fissure dans son mur de glace.
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Liés par le destin
RomanceLors d'une fête organisée par l'équipe de foot du lycée, Maya, sous l'état d'ivresse, donna sa virginité à un inconnu. A son réveil, il n'était plus là, elle ne l'a plus revu depuis ce jour. Traumatisée par cette expérience, les relations amoureuses...