-Newt-
C'était sûrement notre dernier repas aussi joyeux. Avec le démarrage des entrainements venait la certitude que nous entrions tous dans le Labyrinthe. Pour de nombreux blocards, ce serait même la première fois, et la seule expérience qu'ils en ont, hormis les histoires des coureurs, ce sont les malheureux qui ont subit la transformation. Mais ce soir, l'humeur n'était pas à la crainte dans notre petit groupe. Thomas et Calyx étaient morts de rire après une blague de Minho qui avait bien failli me faire avaler mon morceau de pain de travers.
Le réfectoire était drôlement calme – la perspective des entraînements matinaux en avait envoyé plus d'un au lit à peine leur repas fini – alors nos rires perçaient le silence sans aucune discrétion. Seuls restaient quelques habitués des conversations tardives. Je fis un petit tour d'horizon pour apercevoir Alec et Jake dans une conversation animée autour des plantes qui pourraient être potentiellement mortelles pour les griffeurs. Aucune, pariais-je. Il y avait aussi quelques trancheurs et tout un groupe de bâtisseurs se défiant au bras de fer. J'étais d'ailleurs entrain de me demander où était passé cet emmerdeur de Gally que nous n'avions pas vu depuis une éternité quand il fit irruption dans la pièce, le visage cramoisi et les yeux gonflés de colère. Il fonça vers notre groupe, restant tout de même à bonne distance et je souris en sachant pertinemment de qui il se méfiait.
- Qu'est-ce qui vous fait rire bande de connards ? assena-t-il.
- Gally calme toi, tu n'as aucune raison, déclara Calyx en appuyant sur chaque syllabe de ces derniers mots, de t'énerver. Tout va bien.
- Eh ça va pas de nous agresser comme ça ? demandais-je.
- Toi ta gueule, dit-il en me pointant d'un doigt tremblant
Calyx intervint pour la seconde fois, cette fois en attrapant Gally par les épaules et en le repoussant violemment avant que le point que Minho avait lancé ne puisse atteindre sa cible.
- Tu vas te taire oui ? cria-t-elle.
- Me touche pas putain ! T'as pris ton pied en leur disant hein ? Vous vous êtes bien marrés ?
- T'es vraiment trop con. Je t'ai dis que t'avais pas de raison de t'énerver.
- En nous disant quoi ? Demanda Thomas.
- Bah ouais, raconte nous Gally, reprit Minho. Tu sais on parlait pas de toi, d'ailleurs on pense pas à toi sauf quand t'arrives pour foutre le bordel. Mais dis-nous, dis-nous ce qu'elle a à raconter, on t'écoute.
Le visage de Gally se décompose lorsqu'il comprit. Cet idiot s'était lui-même foutu dans de beaux draps. Calyx reprit la parole avant qu'il ne trouve quoi dire. La scène était d'un pathétique indescriptible.
- On a eu un stupide désaccord et on en est venus aux mains. J'avais mon bras autour de son cou et j'ai serrais trop fort, il s'est pissé dessus c'est tout. Sauf que je suis pas un monstre d'égoïsme alors j'en ai parlé à personne, termina-t-elle avec un regard noir envers le fauteur de troubles.
L'expression sur son visage était indescriptible et oscillait entre la haine et l'incrédulité. Va savoir pourquoi. Il la repoussa brusquement avant de tourner les talons, le visage aussi rouge et les poings aussi serrés que lorsqu'il nous avait foncé dessus comme un buffle.
- Il a pété les plombs, déclara Thomas. Sérieux, on s'en cogne de son histoire, pourquoi avoir réagi comme ça ?
- Je sais pas, c'était vraiment bizarre. Et tu dis que vous en êtes venus aux mains, demanda Minho en se tournant vers Calyx, pour quelle raison ?
- Ecoutes, ça sert à rien de revenir là-dessus. On peut passer à autre chose ?
- Moi j'ai plutôt l'impression que tu nous baratines, tranchais-je. Bizarrement j'imagine pas du tout Gally s'en prendre à toi, lui qui te colle tout le temps. J'arrive pas du tout à y croire.
- Personne te demande d'y croire Newt, me répondit-elle froidement. On ferait mieux d'aller dormir, demain le réveil sera matinal.
Alors que nous quittions les lieux en direction du dortoir, une boule se forma dans mon ventre. Je n'aimais pas ça. Je n'aimais déjà pas qu'on me cache des choses, mais quand en plus il s'agissait de choses qui pouvaient mettre quelqu'un dans le même état que Gally... D'autant plus que Calyx m'avait menti droit dans les yeux. Et ça, ça craignait. Il passait tellement de temps avec qu'elle qu'il commençait déjà à avoir une mauvaise influence, et je ne pouvais pas laisser ça empirer. Je ruminais encore quand Minho me retint par le bras.
- Tu sais, tu devrais pas t'en mêler.
- Pardon ?
- Ouais, ajouta-t-il, je vois bien que ça t'a saoulé tout ça, mais ce sont leurs histoires. Ils ont l'air de bien s'entendre, et ils passent beaucoup de temps ensemble c'est normal qu'ils s'engueulent de temps en temps. Aucun des deux de s'est plaint de l'autre alors on s'en mêle pas, il n'y aura pas de suite. T'imagine si on devait jeter au gnouf tous ceux qui en viennent aux mains ?
- C'est la règle, on ne s'en prend pas à un autre blocard. Et puis j'ai même pas parlé du gnouf, j'ai juste dit que je croyais pas à sa version de l'histoire.
- Ouais et ben elle a pas tort, t'as pas besoin d'y croire. Newt, je te connais te je vois bien que ça te met mal. Tu devrais pas laisser ce genre de choses t'atteindre. Calyx et Gally sont potes, ils se sont engueulés, ça va pas plus loin.
Je ne voulais pas insister, ça ne servait à rien. Au fond, il avait pas tort mais tout ça me laissait malgré moi un arrière-gout désagréable. En me couchant, je tâchais de ne pas laisser mon esprit divaguer à ce sujet, mais lorsque je trouvais enfin le sommeil, je m'endormis avec l'image dansante de Calyx et Gally se battant dans un corps à corps fusionnel.
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Le glas du Labyrinthe - Sors-les de là
أدب الهواةMes pensées s'obscurcirent alors que l'eau pénétrait mes poumons. Je devais y arriver, il le fallait. «Sors-les de là» Les mots gravés sur son bras ne laissaient que peu de place au doute. Il le fallait, elle le leur devait. Elle ne savait plus qui...