Chapitre 25 - Révélations

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Depuis ce matin, tout le monde se hurle dessus dans le château, ou alors, tout le monde fait des messes basses. Les jumeaux sont allés montrer le carnet d'adresse de monsieur Sarazi à leur père. Et la rumeur s'est rapidement rependu dans toute la maisonnée. La plupart des employés sont au courent, et par conséquent, la plupart des habitants de la capitale, si ce n'est tout le royaume, seront vite informés.

Sous conseil de ses frères, Lilith est restée enfermée dans sa chambre toute la journée. Ils le savent, c'est souvent sur Lilith que les conséquences retombent, certainement par pur sexisme de la part de son père.

Je passe en fin de journée dans sa chambre.

Tu dessines encore ? Demandais-je alors que je connais très bien la réponse.

Oui. Ça me détend. Et tu devrais essayer de te détendre toi aussi.

Plus facile à dire qu'à faire. Ton père est vraiment très en colère. Il a menacé plus d'une fois de tuer tes frères. Et je m'inquiète tout le temps, tu devrais le savoir. C'est dans ma nature.

Ta nature c'est surtout d'aider les autres avant de t'aider toi même. Je vois que tu ne vas pas bien. Raconte moi.

Je reste silencieuse. Bien sûr qu'elle le voit que ça va pas. Elle aussi, elle fait attention aux personnes qui l'entourent même si elle ne l'avouera peut-être jamais.

C'est juste des mauvais souvenirs.

Qui te font faire des cauchemars toutes les nuits? Ça à un rapport avec l'histoire de Rubis?

En quelques sortes oui.

Elle s'assoit sur son lit et je la rejoins, comprenant qu'elle ne me laissera pas partir comme ça.

L'homme que je suis allé voir à Kaichi revend des enfants et des adolescents qu'il a acheté à leur parents. On travaille pour lui tant qu'il nous héberge puis il décide de nous revendre à d'autres. On n'était que de la marchandise. Kaichi est une ville très pauvre et mes parents m'ont vendu à monsieur Sarazi quand j'avais cinq ans. Je suis restée deux ans chez lui, après j'ai été envoyée dans une autre famille jusqu'à mes douze ans.Très souvent je fugais de son manoir pour aller dans un petit magasin et passer des heures à lire. Et très souvent je me faisais punir. C'est à cause de lui que j'avais une peur horrible de l'eau, qui s'est amélioré en peur de me noyer. Il avait trouvé amusant de me jeter dans un lac avec une pierre aussi lourde que moi attaché à ma cheville. C'était ça ma punition. Mais peut importe. Je pense que ce qui m'a fait le plus de mal, c'est qu'il se souvienne de moi. Il m'a reconnu quand je suis allée le voir. Et... et peut-être qu'il a raison, peut-être que je n'ai pas changé.

Ineba... Je te promet qu'on va le faire payer. Lui, mon père, et tous les autres qui sont reliés à ce réseau.

En parlant de son père, il frappe à la porte de sa chambre tout en hurlant de la lui ouvrir. Comme quoi, il s'est bien remis de sa blessure.

Vas te cacher. Dit-elle.

Non je reste.

Elle n'insiste pas et ouvre à son père.

Toi ! Tu te caches? Tu détruit ma famille! Dit-il en me regardant dans les yeux.

Je ne me caches pas. Je fais mon travail. Je protège votre famille, en l'occurrence, de vous. Répondis-je en maintenant ce contact visuel.

Il me gifle et m'attrape le poignet.

Quelle petite garce. Enfermez là ! Crit-il à ses gardes.

Mes anciens camarades me regardent avec empathie mais je garde la tête haute. Si il pense que j'arrêterai de me battre seulement parcequ'il m'enferme, c'est raté. D'autant plus que ses enfants m'apprécient énormément et je sais qu'ils trouveront un moyen de me faire sortir.

Je me retrouve dans les sous-sol du château, enfermée dans une cellule. D'autres personnes sont enfermés, je peux les entendre. Depuis combien de temps sont-ils ici?

Le lendemain matin, un garde me donne un papier plié en deux.

Je ne t'ai jamais donné ça. Dit-il en continuant son chemin.

Je lis donc le mot où je reconnais l'écriture de Lilith.

Tu m'as sauvé, c'est maintenant à mon tour. Reste sur tes gardes et prépare toi.

Hum, c'est assez vague. Dans tous les cas, je ne comptais pas me relâcher. Et effectivement, dans la journée, Lilith ouvre la pote de ma cellule.

Il faut que tu partes, mon père veut t'exécuter. Je ne sais pas comment, mais il est au courent pour nous, ce qui l'a mis d'autant plus en colère.

C'est lui qui t'a fait ça? Demandais-je en lui montrant son bras.

C'est pas le moment Ineba. Dépêches toi de t'enfuir.

Non. Pas cette fois.

Comment ça "pas cette fois" ?

J'ignore sa question et pars chercher mes armes avant de remonter au château.

Mais tu fais quoi? Me demande Lilith.

Régler nos problèmes.

C'est pas à toi de le tuer !

Je rigole de nerfs.

Il faut bien que quelqu'un se dévoue. Et ne t'inquiètes pas pour ma conscience, ce ne sera pas la première personne que je tuerais.

Elle reste incrédule. Je n'aurais peut-être pas du lui balancer ça comme ça. Je retourne dans le salon du château.

Votre altesse il serait temps de régler nos différents. Criais-je à l'attention du roi.

Ma princesse charmanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant