Chapitre 4

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Ce soir, c'est décidé. Je vais exercer mon rôle pour la première fois de mon vivant. Je dois en savoir plus sur les loups et le conseil, sur le rôle de chacun. Une cape rouge bordeaux façon petit chaperon rouge, un vieux masque de théâtre qui traînait chez moi et mon costume est prêt : seules mes chaussures pourraient me trahir comme une Cendrillon, je décidai alors de ne pas les mettre pour ma sortie nocturne. Tant pis, j'arpenterai pieds nus la forêt et sa terre humide.

Au repas du soir, juste avant d'aller se coucher après le couvre-feu, mon père fit la conversation comme si de rien n'était et cela me dégoûtait de mon omelette aux champignons. Certes ce n'était pas lui qui avait choisi ce qu'il s'était passé avec cette fille qui était ma sœur mais s'il n'avait pas oublié pourquoi ne pas m'en avoir parlé ?

Je me souvins soudain d'une inscription en bas des photos... « Alice & Lou »...Alice ? C'était donc ça le nom de ma sœur cachée ? Comme on larguerait une bombe sur un paisible village en pleine guerre j'ai lancé « Et Alice dans tout ça ? » Mon père est resté bouche bée, son morceau d'omelette piqué sur sa fourchette en l'air.

- A...Qui ?

- Ne fais plus semblant papa, s'il te plaît, dis-je au bord des larmes

- Comment sais-tu pour... ?

- Lou ! Je t'avais dit de ne plus jamais en parler et encore moins à ton père, s'exclama ma mère entre colère et tristesse

- Tu...savais qu'elle était au courant ? Que lui as-tu dit ? Interrogea mon père

- Non, je ne lui ai rien dit, Alexandre. Notre Lou est intelligente et a trouvé les documents que je gardais confinés dans la bibliothèque puis de fil en aiguille elle a deviné et est venue m'en parler... Lui confia ma mère

Mon père acquiesça puis se mit à pleurer dans ses mains et ne dit plus rien après cela.

Je suis montée faisant mine d'aller me coucher, mais j'ai mis mon accoutrement de sortie nocturne prévu à l'avance, ma cape et j'ai retiré mes chaussons. J'ai attendu d'entendre bien mon père ronfler avant de sortir.

« Ça y est, Lou, tu peux le faire. Honore ton rôle, sauve des vies. » me suis-je après une grande inspiration.

Un pas en dehors de la maison, puis deux, et enfin un troisième...J'étais décidée. Mais vers où devais-je aller ? Mon instinct me dicter de me rendre dans la forêt, car c'est là qu'on nous apprends lors de notre enfance qu'ils sont nichés. Pas après pas, à part le bruit des lucioles, j'avais l'impression de faire un boucan pas possible dans la nuit si silencieuse. Une fois arrivée à l'orée du bois, je me stoppai net. Mon cœur battait la chamade, impossible de s'arrêter là et maintenant.

Tout à coup, j'entendis une voix grave au loin. Ne serais-ce pas un...loup ?

Je jetai un coup d'œil à ma montre, il était sûrement l'heure de réunion des loups. Je me notais mentalement cet horaire afin de le retenir pour d'autres nuits. Cachée derrière un gros arbre ancien, j'écoutais :

- Chers confrères, chers consœurs, ce soir encore nous allons nous nourrir de chair tendre et protéinée, je vous laisse le choix !

- Pas une petite vieille, leur chair est molle et fripée, presque gélatineuse à l'intérieur !

- Vous vous souvenez la petite d'hier ? Un peu filandreuse, mais délicieuse, hélas, outre le facteur de vieillesse, on ne devine pas la texture de notre proie à l'avance, mais cela fait penser dans tous les cas à la chair de poulet que l'on mangeait autrefois à la place de nos omelettes aux œufs synthétiques.

- Veuillez m'épargner vos détails s'il-vous-plaît et décidez-vous !

- Ma voisine...Elle ne m'a pas payé ce mois-ci.

Loup-garouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant