Les soldats de Dzjals s’avancèrent devant l’estrade. Ils avaient quitté leur tenue de traditionnel de « bon » musulman pour revêtir la panoplie militaire sumérienne : la tunique écrue qui tombait jusqu’à mi-jambe, une ceinture épaisse de cuir et des bretelles en peau qui se croisaient sur le torse. Leur main gauche possédait un double anneau d’argent réuni par un point d’émeraude entre les deux doigts. Ils s’approchèrent d’Īlu et s’inclinèrent. Puis se remirent au garde à vous sur deux files.
Les yeux toujours fixés vers l’entrée, Nicolaï distinguait l’entrée monumentale. Il se retourna vers l’humanoïde bleuté et lui demanda :
« Comment est-ce possible ? »
Le Seigneur et Prince de Dzjals embrassa de ses deux mains l’ensemble de l’univers et déclara :
« Ceci n’est aucunement de la magie. Ce résultat découle tout simplement de la technologie. Ma technologie. »
Sur ce, il se leva et ordonna à Nicolaï de le suivre. Le personnage s’enfonça dans le mur et le traversa. L’archéologue hésita un instant et procéda de la même manière. Il déboucha sur un patio qui surplombait un jardin luxuriant. Un jardin luxuriant en pleine désert. D’immenses fontaines dévalaient des cascades en étages. Des fleurs immenses s’épanouissaient en offrant leur parfum enivrant. Des arbustes émincés s’élançaient vers le ciel. Des pelouses grasses et vertes s’étalaient entre les terrasses.
Īlu poursuivit :
« Tout dépend de l’énergie. Celle-ci est abondante sur cette planète. L’humanité a su en quelques centaines d’années à en créer profusion. C’est vraiment fantastique ce que vous avez pu effectuer avec vos moyens si primitives. Que sais-tu de l’histoire de votre peuple ? »
« Ce que vous avez pu consulter sur le net ! »
« La première fois que j’ai abordé votre monde, il y a un demi-million d’année, il n’y avait qu’une seule source énergétique. Je ne pus en extraire qu’une quantité infime pour ma première expérience. » Il se retourna vers Nicolaï et précisa : « Vous ! »
« L’humain ! Vous prétendez avoir créé les hommes ! »
« Vous êtes une espèce hybride entre des autochtones et des primitifs d’un autre monde. »
« Dans quel objectif ? »
« Le but n’a pas d’importance. Ce qui en a, c’est que l’expérience est un succès. Maintenant, vous êtes plus de sept milliards sur cette terre. Il est temps pour votre espèce à passer à une nouvelle étape dans votre développement. »
« Laquelle ? »
« Pour l’instant, ce n’est pas le propos. »
Il reprit le chemin du trône. Nicolaï le suivit. Le Seigneur et Prince de Dzjals activa une carte en trois dimensions qui se déroulait sur plusieurs mètres. Le Commandant s’approcha et attendit les ordres. Īlu expliqua ce qu’il attendait de soldats :
« Actuellement, je contrôle une zone circulaire de trois kilomètres de rayon à partir de mon palais. J’ai besoin d’étendre ce périmètre pour cela il me faut beaucoup plus de guerriers. »
Il pointa un camp à une centaine de kilomètres. « Ici, il y a un centre d’entrainement d’une centaine de candidats pour leur pseudo-guerre sainte. Je vous demande de prendre ce cantonnement et de neutraliser ces habitants, puis de les transférer à nos baraquements. »
L’officier salua son seigneur et emmena ses hommes afin d’exécuter promptement les ordres. L’humanoïde se tourna vers Nicolaï et l’interrogea :
« Il y a une chose que je ne comprends pas avec votre espèce. C’est votre attitude vis-à-vis des croyances religieuses. Vous avez tendance à devenir excessivement stupide lorsqu’il est question de religion. »
« Oui. Les croyances demeurent des sujets épineux pour mon peuple. Il peut agir de façon irrationnelle lorsque des dogmes ou des idéologies sont en jeu. »
« Même si cela va à l’encontre des intérêts de la communauté, voire ceux de votre propre famille. »
« Pour beaucoup de gens, ils sont prêts à se sacrifier pour leur croyance. »
« J’ai bien étudié votre histoire et je l’ai souvent constaté. »
Il recadra la carte et il désigna une agglomération. Un zoom agrandit le terrain. Un convoi d’une dizaine de véhicule en sortait. Il se dirigeait vers le Sud. Īlu déclara :
« Leur objectif est de reprendre le contrôle de cette zone. »
Au bout de quelques heures, les véhicules débouchèrent sur l’allée flaquée de chaque côté d’une série de statues de lions couchés sur leur flanc. Ils ralentirent en voyant cette architecture d’un autre âge. Ils progressèrent jusqu’à atteindre les escaliers qui conduisaient vers l’immense ouverture. Les soldats se mirent en position afin de couvrir leur arrière. Ils montèrent les marches doucement jusqu’à atteindre le porche gardé de chaque côté par un animal mythologique aux ailes d’aigle, à tête humaine, à crinière de lion et au corps de taureau.
Avec précaution, ils s’infiltrèrent dans l’édifice. Ils se retrouvèrent à l’intérieur d’une immense salle totalement à découvert. En face, ils pouvaient voir un trône d’or où siégeait un personnage légèrement bleuté et où un homme se tenait debout à sa gauche. Voyant qu’il n’y avait pas de danger apparent, le commandant s’avança vers les deux individus. Arrivée à une dizaine de mètre de l’estrade, il fut bloqué par un mur invisible.
Surpris, il s’obstina à franchir la barrière mais en vain. Alors le Seigneur et Prince de Dzjals s’exprima en ses termes :
« Vous ne pouvez pas traverser ce bouclier. »
Le chef du groupe lui répondit :
« Qui êtes-vous ? »
Alors l’humanoïde répliqua avant de les convertir comme sien:
« Īlu, dont la puissance s'étend au loin,
Dont la parole est solennelle et sacrée,
Dont les décisions sont sans recours,
Et qui fixe les destins jusque dans les lointains avenirs,
Dont le regard perçant fouille les terres,
Dont le haut rayonnement éclaire jusqu'au cœur du pays,
Quand le père Īlu se carre sur l'estrade sacrée, la très haute estrade,
Quand il exerce ses prérogatives de Seigneur et de Prince,
Les Dieux de la terre s'inclinent devant lui,
Les Dieux du ciel se font humbles en sa présence...
C’est ainsi que me définissait un grand poète depuis très longtemps décédé. »
Sous-sol de Genève
Le président ravala sa fierté et répondit :
« J’ai fait fausse route. Je vous demande de reprendre depuis le début. Je m’appelle Lars Van Bergh président du Conseil du peuple Rhynwh. Je vous présente le consul Lewis Ghaden. Nous sommes venus vous demander votre aide. »
La Vieille dame répondit cordialement :
« Je suis matriarche des Premiers, nous me nommons Hiver du Soir, vous pouvez m’appeler Béatrice. A ma droite, vous avez la première Fleur primale d’automne. A ma droite siège le Premier Vent rouge de Printemps, dit Allen. Et vous connaissez le Premier Foehn bleu des montagnes, dit Erik.
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Au delà du Monde
FantasyCe deuxième récit a toujours pour objet la Terre et la fin d'un monde, le nôtre, d'un autre point de vue.