Chapitre 1: 2.0

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Chapitre 1

Je n'ai jamais eu peur de la mort.

Elle m'a toujours entouré avec sa sombre étreinte, plânant au-dessus de moi comme mon propre nuage de morosité et me dérobant ceux qui me sont trop proches. Elle m'a pris mes parents quand j'avais dix ans, les tuant dans un accident de voiture qui a failli me retirer la vie aussi. Six mois après, elle m'a pris la personne la plus importante au monde, de la manière la plus tordue. Et il y a seulement dix-huit mois, elle a pris un de mes meilleurs amis, sous le prétexte du cancer.  La mort est futée, tordue comme une vipère et pour une raison indéterminée semble sordidement obsédée par ma vie.

Donc, je ne suis pas inconnue au sentiment du cœur déchiré, de la douleur tordant mes boyaux que la mort est ravie de me distribuer comme des bonbons. Malgré cela, je n'ai pas peur de mon heure; l'heure où la mort décidera enfin de cesser de toquer à la porte de ceux que j'aime et qu'elle me prenne. Cela semble étrange, je sais, mais j'aime me convaincre que je dois faire face à mes peurs, que je ne dois pas les laisser me vaincre jusqu'à finir être aveugle de soumission. Étant la personne obsessive que je suis, j'ai même pris de l'avance et je m'autorise à rêvasser à la vie après la mort, car je refuse de croire que nous cessons d'exister, après la décomposition de nos corps. Nous devons tous aller quelque part après que nous mourrons, que ce soir le paradis ou l'enfer ou le purgatoire. Je refuse de croire que la mort est la fin, l'arrêt ultime de notre histoire. Au lieu de cela, je me convaincs que peu importe ce qui se passe, peu importe comment ou quand je meurs, dans cette monde paradisaque je serai heureuse. Je serai heureuse, je serai avec la personne que j'aime et la douleur de la vie ne m'attrapera as. Je serai libre.

Je n'avais aucune idée que ces rêveries deviendraient une réalité beaucoup plus rapidement que je le pensais.

———

—Evie !

J'agite ma tête en même temps que ma musique, croisant mes chevilles et tapotant mes doigts de pieds alors que j'observe le livre devant moi. Malgré la détermination avec laquelle je le fixe, les mots sur la page ne se diffusent pas dans mon cerveau aussi facilement que les paroles flottant dans mes oreilles. Je ne m'en rends même pas compte que je chantonne avec la musique, la page me semble vide.

Qui aurait cru que lire un livre pour l'université n'était pas aussi facile que lire un livre pour un loisir ? J'imagine que le plaisir est arraché quand toute ta scolarité universitaire dépend de cette lecture.

——Hey! Autumn!

Mes yeux se lèvent à l'interpellation de mon nom de famille. Ma tête se tourne sur le côté, mes yeux sont déjà rétrécis pour gronder la personne qui a hurlé. J'aperçois les fautifs près des arbres derrière moi, leur sourire atteint leurs oreilles.

—Oh c'est étrange, maintenant tu m'entends.

—C'est dur de ne t'entendre quand tu beugles, rétorqué-je et il ricane. Sérieusement, tu pouvais pas hurler plus fort ? Je pense que l'Amérique t'a pas entendu.

—Tu veux vraiment l'encourager ? Tu connais Spencer, non ?

Spencer sourit, de l'insolence brille dans ses yeux bleus. Je ne rate pas le coup au ventre qu'il donne à l'homme aux cheveux châtain clair.

—Est-ce un défie que j'entends ?

Je secoue la tête avec un sourire, je retire mon casque et le laisse sur mes clavicules. 

—Qu'est-ce que vous faites là ? Vous avez pas un cours, genre, là maintenant ?

—Pas aujourd'hui, Spencer hausse ses larges épaules, s'affalant sur l'herbe, près de moi. Bizaremment, la professeure était plus qu'heureuse quand on lui a suggéré d'annuler le cours. Je me demande bien pourquoi ?

Hadès (Trilogie Hadès #1) [VF]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant