You're mine [Iwaoi]

Jeudi (2)

Pdv Oikawa
Lorsqu'il sort, son visage est faussement neutre.
Le bout de ses ongles est teinté d'un peu de sang.

- T'es jaloux ?

Je sais que oui.

- Non. Du tout. C'est... C'est bien, que tu sois avec cette fille.

Pdv Iwaizumi
C'est dur à dire, la vérité. Encore plus à encaisser. Mais je sais que c'est ce qu'il faut.

- Elle embrasse bien ?

C'est stupide, comme question. Mais j'ai besoin de savoir.

- Ouais. Au top.

...
« Tant mieux ».
C'est ce que je devrais me dire.
Je n'y arrive pas. Juste je ne peux pas.
Je ne peux pas.

- Si je te manque trop, on pourrait juste...

Il s'approche et m'embrasse. Je reste accroché à ses lèvres aussi longtemps que possible, mais il se sépare bien trop vite.

- On pourrait juste mentir.

J'en meurs d'envie.
Je meurs de dire tout ce que je veux.
Mais encore une fois, ce n'est pas ce qu'il faut. Et c'était mon idée. Je ne peux pas m'amuser à me contredire, ça le perdrait complètement.

- Non. On a fait une promesse. On va s'y tenir.

Il soupire.

- T'es vraiment pas drôle, Iwa...

Pdv Oikawa
- Elle embrasse bien ?

Du tout. C'était horrible. Son odeur me répugne.
Mais il veut que j'aille bien, non ? Donc je vais juste... Le rassurer.

- Ouais. Au top.

Ça sonne tellement faux...
Il regarde le sol.
Regarde moi.
Est-ce que je peux faire un dernier baiser en guise d'adieu ?
Qu'est-ce que je raconte ? Quels adieux ? Je ne veux pas me séparer de lui, moi. Je ne vais pas m'en aller. C'est lui qui ne veux plus de moi.

- Si je te manque trop, on pourrait juste...

Je presse doucement mes lèvres contre les siennes.
Il ne me repousse pas.
Il ne me repousse pas.
C'est bon signe, non ?

- On pourrait juste mentir.

Si tu veux que je sois avec cette fille, d'accord. Mais je veux aussi être avec toi, Iwa.
Il joue avec ses doigts. Ses mouvements se font de plus en plus brusques et violents.

- Non. On a fait une promesse, on va s'y tenir.

Ça veut dire qu'on nepourra plus dormir ensemble ?
Et si je fais un cauchemar ?
Et si...

- On peut finir la semaine ?
- Hein ?
- On finit la semaine comme on l'avait commencé, étant donné que tu dors chez moi.
- Mais-
- Et après je ferai comme s'il s'était rien passé du tout. Je ferai tout ce que tu me demandes. Je sortirai avec cette fille, et toi tu pourras me remplacer par une inconnue. Ça te va ?

Merde.
Je l'ai mal dit.
Mais ça me soûle de me dire qu'une fille qu'on connaît depuis quelques minutes à peine puisse prendre ma place.
Même si c'est ma faute.

Pdv Iwaizumi
Ses mots sont plein de reproches.

- D'accord. Faisons ça.

Je ne sais même plus pourquoi j'essaie de retarder l'échéance. Je sais très bien comment ça va finir.
Il prend mes mains et les pose sur ses hanches avant de les lâcher.
Ses doigts passent sur mon torse. Il sourit tristement.

- Tu l'as encore fait.

Je ne savais pas qu'il l'avait remarqué. Ça m'effraie encore plus. Je dois faire attention.

- Je préférais que ce soit moi qui les fasse, pendant qu'on-
- On devrait y retourner. Les filles vont trouver ça louche.

Je le dépasse et sors les rejoindre.

- Vous étiez où ?
- Aux toilettes. Y avait du monde, j'ai dû attendre un peu.
- Et Oikawa ?
- Il se lave les mains.

Il revient et se remet en face de moi.
Je sens son pied remonter le long de ma jambe.
Non.
Lui appui son menton sur sa main l'air de rien. Il prend une gorgée de son chocolat chaud et me sourit, presque amicalement.
Il monte encore. Il frôle le haut de ma cuisse.
Je me lève.

- Oikawa, on va être en retard si on ne se dépêche pas.
- Ah ? Allons-y, alors.

Les filles partent avec nous.
Yoko prend la main de Oikawa.
Ne rien dire. Surtout ne rien dire.
Comme vengeance, j'attrape ma copine par la taille.
Ma copine ?
Sérieux, je ne connais même pas son prénom.

- Maya, on va être en retard si tu ne marches pas plus vite !

Ah, elle s'appelle Maya.
Comme si ça changeait quelque chose.
Oikawa me regarde par dessus son épaule.
Ses yeux descendent lentement avant de remonter.
Je regrette déjà.
J'ai peur d'être ce soir.
Finalement, nous sommes dans les premiers à arriver.

Pdv Oikawa
Iwaizumi fait une tête bizarre. Il ne parle pas. Il n'est déjà pas très bavard d'ordinaire, même avec moi. Mais là, c'est encore pire.
Sur le banc, je me mets entre lui et Yoko.
Ma main est sur sa cuisse à elle.
J'ai l'impression de ne pas toucher la bonne personne.

Pdv Iwaizumi
Je le vois faire.
Mes sourcils tremblent un peu. Merde. J'ai une boule dans la gorge. Je suis incapable de prononcer le moindre mot.
Je me perds dans mes pensées assez longtemps pour que la sonnerie retentisse.
Le midi, nous mangeons tous les quatre. Je n'aime pas ça.
Oikawa partage son repas avec sa... Avec l'autre.
Avec sa putain de copine.
Je sais que je suis de nature jalouse. Mais ce n'est même pas ça, le problème.
Oikawa, ça a toujours été...
Lui et moi.
Et maintenant...
Tout est juste cassé.
Ses yeux ne croisent plus les miens, il ne m'embête plus.
Non, je n'ai pas à me plaindre.
C'est exactement ce que je voulais, pas vrai ?
Mais comment je suis censé agir quand ce qui est le pire pour moi est aussi le meilleur ? Quand me détruire est devenu le seul moyen que j'ai pour me sentir bien ?
Je le veux.
Je le veux pour moi, lui tout entier.
Mais je le repousse de toute mes forces pour le protéger, pour me protéger.
Ça ne peut pas bien se finir.
Je sais que ça ne peut pas.
Mais j'espère... J'espère tellement...
J'aimerais retourner en arrière si fort que ça me tue.
L'époque où je lui donnais la main pour traverser la route pour qu'il n'ait pas peur.
La première fois qu'il a pointé le ciel en criant avoir vu une soucoupe volante.
La première fois qu'il m'a avoué ne pas se sentir à la hauteur, en larmes.
La première fois qu'il s'est coupé les cheveux tout seul.
La première fois qu'il m'a fait un câlin, pour me remercier.
La première fois qu'on a dormi ensemble.
La première nuit blanche qu'on a fait en cachette.
Tout ça.
Ce n'est pas ce Oikawa que je veux retrouver, non. Oikawa me plaît, peu importe la manière dont il se comporte.
C' est ce Iwaizumi que je veux.
Ce  « moi » qui était là pour lui.
Pour lui et non pas contre.
Le Iwaizumi qui l'encourageait, le rassurait, le faisait rire.
Pourquoi je n'en suis plus capable ?
J'essaie, pourtant.
Je pense essayer.
Mais tout est tellement contradictoire que mon corps ne sait plus quoi faire.
Aucune partie de moi n'est d'accord avec une autre.
Je me déchire de l'intérieur.