Deux Semaines Plus Tard- Mardi

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Pdv Iwaizumi
Ils m'ont laissé sortir, ce matin. Pour bonne conduite. Comme quoi, j'ai été un bon petit garçon, bien sage. Ça ne me ressemblait tellement pas que c'en était drôle. J'en ai fait des choses qui me ressemblaient pas, cette année. Certaines que je regrette, d'autres non.
Le volley me manque. Les bruits de chaussures, la sensation du ballon sur les avant-bras. Les passes d'Oikawa.
Je ne sais pas où il en est, lui. Peut-être qu'il est déjà sorti, lui aussi. Je vais aller voir chez lui. Il est presque 19h30, je ne risque de réveiller personne. Je ne pensais pas avoir le droit d'aller en ville comme je le veux, mais mes parents ont l'air d'avoir peur que je fasse quelque chose s'ils me refusent quoi que ce soit. A croire que s'ils me contrarient je vais sauter d'un pont. Ça m'arrange bien d'avoir le champ libre, mais bon. Je me demande à qui mes parents ont parlé de mon séjour à l'hôpital.
Je sonne chez Oikawa, et mère m'ouvre presque directement. Ses yeux s'écarquillent en me reconnaissant. Elle me prend dans ses bras. Ouais, elle est au courant.

- Hum, bonjour.
- Comment tu te sens, Hajime?
- Bien, merci. Tooru est là ?

En voyant ses yeux se remplir de larmes, je devine que non.

- Ah, désolé.
- Ne t'en fais pas. Il est à l'hôpital, à cause de-
- Je sais. Il peut recevoir des visites ?
- Depuis quelques jours, oui. Il a repris du poids, alors ils ont accepté qu'il revoit quelques personnes de temps en temps.
- Vous pouvez m'y emmener ?

Elle hésite quelques instants. Elle n'ose pas refuser de vive voix, mais je sens bien dans ses yeux qu'elle espère que j'abandonne face à son silence. Je ne la lâche pas du regard. Elle finit par soupirer, embarrassée.

- D'accord.

Elle ne bouge pas.

- Oh, maintenant?
- Oui, maintenant.
- La voiture est devant la porte, je récupère mon sac et j'arrive.
- D'accord, merci.

Je sors et attends quelques minutes. Elle ne tarde pas à me rejoindre. Elle n'a pas seulement pris son sac, elle s'est maquillée et coiffée, aussi. Bizarre, pour une simple visite à l'hôpital. A moins que ce ne soit plus que ça. Intéressant.
Je monte dans la voiture, à l'avant. Elle démarre. Je ne sais pas vraiment ce qui m'attend. J'ai hâte de le revoir, mais je ne sais pas dans quel état je vais le trouver. Il a repris du poids, apparemment, mais ça représente quoi, par rapport à avant ? Je prends une grande inspiration. On verra ça le moment venu. Ce qui importe pour l'instant, c'est qu'il soit en vie, et que je le sois aussi. C'est tout ce qui compte.

Pdv Oikawa
Je monte sur la balance et grimace en voyant le nombre s'afficher. Je sais que prendre du poids fait partie du deal pour que je puisse sortir, mais ça ne veut pas dire que j'arrive à l'accepter. Je passe quelques examens. Apparemment, ils s'améliorent. Je rejoins ma chambre et lit le même livre pour la troisième fois. Le temps passe lentement ici, et ça manque de lecture. J'en suis venu à griffonner sur les pages. Des annotations, des dessins approximatifs, des formations d'attaque de volley. Mais au bout d'un moment, il n'y a plus d'espace libre, et je n'ai pas envie d'effacer ce que j'ai déjà fait.
Un homme entre, me sortant de mes pensées par la même occasion. C'est le gars de l'accueil, il annonce les visites quand l'envie lui prend. Je n'ai jamais réussi à retenir son nom.
S'il est là, c'est que ma mère a dû arriver. Elle vient tous les deux jours environ. Il se décale pour la laisser passer. Elle le remercie avec un sourire. Je roule des yeux en m'enfonçant dans mon lit. Elle se poste au même endroit que d'habitude, près de la fenêtre. C' est vrai qu'il fait chaud, ici.
Une autre silhouette se détache dans l'embrasure de la porte. Je me redresse d'un coup en voyant son regard m'accrocher. J'ouvre la bouche sans avoir aucune idée de ce que je pourrais dire et me fige. Lui s'arrête en face de moi, visiblement dans le même état. L'homme ressort. Ma mère se racle la gorge avant de légèrement replacer ses cheveux.

- Je vais chercher à manger, je reviens vite !

Elle est bête ou quoi ? Elle sait dans quel type d'hôpital on est ?
Iwaizumi et moi échangeons un regard désespéré, qui nous fait sourire. Elle passe maladroitement derrière lui et emprunte le même chemin que le gars de l'accueil quelques minutes plus tôt. Je me reconcentre.

- Hey.

Sa voix est normale, posée. Il serre le bout de ses manches dans ses poings. Il est plus tendu que ce qu'il veut laisser paraître.

- Hey.

Un long silence. Trop de questions, aucune qu'on ne peut poser. Les trucs banals ne marchent pas, ici.
« Ça va ?»
Comme tu peux le voir, pas vraiment.
« Tu fais quoi, en ce moment ? »
Eh bien, je passe mes journées à l'hôpital à essayer de me nourrir.
« Tu progresses, au volley ? »
Pas touché un ballon depuis que je suis là, tu veux vraiment en parler ?
Bref. Y a rien à dire.

- Merci d'être venu.

Il s'approche et me fait une pichenette sur le front.

- Aie !
- T'es con ?
- Hein ?
- M'parle pas comme si on s'connaissait pas, Oikabruti. C'est quoi, cette phrase hyper formelle, que tu viens de me sortir ? Tu prépares un entretien d'embauche pour causer comme ça ?

Il tire un peu ma couverture et soulève mon haut.

- Puis c'est pas avec ces abdos que tu vas m'envoyer tes meilleures balles. Avale un peu plus de protéines, ça te fera les muscles.

Je ne réponds pas. Il lâche mon tee-shirt et me prend dans ses bras.

- T'es trop con.

Je laisse échapper un petit rire. Il retire ses chaussures et se glisse à mes côtés. Il prend ma main. Nous appuyons notre tête sur l'oreiller et fixons le plafond.

- Dis, ta mère, elle drague l'autre mec à fond, non ?
- C'est clair. C'est super gênant.
- Il a pas genre, 10 ans de moins ?
- T'exagères. 8, tout au plus.
- Mais elle est encore avec ton père ?
- Quand il est pas avec une autre, oui, je crois.
- Tu penses qu'ils le savent ?
- Qu'ils se trompent ou qu'ils s'aiment plus ?
- Les deux.
- Pas encore. Ils sont pas très très vifs d'esprit.

Iwa baille. Je regarde l'horloge. 21h.

- Il est tard, quand même. Tu veux pas rentrer ?

Il s'allonge contre moi, un bras autour de ma taille.

- Je sais pas, tu veux que j'y aille ?
- Non.
- Alors non.

Je caresse son dos. Ses doigts effleurent ma peau.

- Je peux faire un petit somme ?
- Hm hmm.

Je joue avec ses cheveux. Leur odeur a un peu changé.

- T'as un nouveau shampoing ?
- Nan, tu dois encore sentir celui de l'hôpital dans lequel j'étais.

Posés comme ça, comme avant, j'ai failli oublier.
Son torse se soulève lentement, de façon régulière. Il commence à s'endormir.

- Si tu veux mon avis, elle est pas allée acheter de la bouffe, ta mère.
- Je crois qu'elle avait vraiment faim, par contre.

Il esquisse un sourire amusé et se tourne sur le dos, les yeux fermés.

- Tu m'as manqué, Tooru.

Sa voix est molle, endormie. Son visage est calme. Je le regarde quelques secondes. Ça revient. Les papillons.
Nous sommes à nouveau « nous».

- A moi aussi, tu m'as manqué, Iwa.

Je le sens se détendre, encore plus que ce qu'il n'était déjà.
Je replace la couverture pour qu'il n'ait pas froid, me penche et l'embrasse.

-Fin-

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Heyo heyo!
Déjà, merci d'avoir lu jusqu'au bout !
Honnêtement, ça ne s'est pas passé comme je l'avais prévu, que ce soit pour le scénario ou la fréquence à laquelle je postais. J'espère que l'histoire vous a plu quand même ! Je posterai d'autres Fanfics Haikyuu d'ici un petit moment et je vais sûrement récrire une Iwaoi (plus joyeuse, cette fois, j'espère).
Bref, merci beaucoup et bonne soirée !!

You're mine [Iwaoi] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant