Deux Mois Plus Tard- Mercredi

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Pdv Oikawa
J'ai été transféré il y a un moment maintenant.
Ils ont beau me donner à manger, ça ne m'aide pas à me nourrir. Leur bouffe m'apparaît comme des nombres. C'est comme si les calories s'affichaient rien qu'en regardant.
J'ai encore perdu du poids.
Plus lentement, puisqu'ils m'empêchent de vomir.
Au final, Iwa n'est jamais venu.
Il doit être occupé. Avec un peu de chance, il s'amuse avec sa copine.
Est-ce que j'ai toujours une copine? Bah, je m'en fiche.
Ma mère vient de partir. Elle doit aller au travail.
Je me penche pour récupérer mon livre. Tiens ? Elle a oublié son sac. Il est à moitié ouvert. D'ici, je peux voir une enveloppe blanche. Elle est froissée, mais me dit quelque chose.
Je me repasse les événements avant mon entrée à l'hôpital.
Ah, oui, voilà. Elle l'avait posé sur la table, et avait évoqué Iwa. Ça le concerne ?
Je me lève et manque de tomber. Je prends avec précaution le papier avant de retourner au lit. Mon nom y est inscrit. Doucement, je l'ouvre.
Directement, je reconnais son écriture. Mes yeux retracent chaque courbe que forment ses lettres, et mes yeux se brouillent.

Je ne vais pas te nommer, tu sais que c'est pour toi.
Je vais essayer d'être concis: je ne sais pas dans combien de temps les médicaments vont agir.
J'ai merdé.
Je me suis perdu en te perdant. Et, honnêtement, je me moque complètement de ce qui peut m'arriver. Comme tu l'as dit ce soir là pour toi-même, je me fiche de mon corps, et tu peux me faire mal si ça te chante. En l'occurrence, tu ne m'as pas blessé. Je m'en suis occupé tout seul, après avoir réalisé combien j'avais été bête.
Je ne voulais pas faire ça. Je ne voulais pas abuser de ton corps, de ton esprit, de ce qui fait que tu es toi. Je ne voulais pas te faire de reproches, voir tes larmes couler.
Je voulais que tu sois avec moi.
Mais je ne sais pas comment m'y prendre. Je ne sais pas montrer ce que je ressens. Tout ce que je fais, c'est t'effrayer. Encore et encore.
Honnêtement, je n'ai jamais essayé de te remplacer. Je savais que je n'y arriverais pas. Je n'ai pas couché avec cette fille.
Pourquoi ?
Je ne sais pas. Parce qu'elle n'est pas toi, parce qu'elle ne me plaît pas, j'en sais rien.
Mais je ne veux plus te toucher non plus, par peur de rendre ça mauvais.
Et j'ai peur.
Je ne devrais pas, étant donné que tu es celui qui en as le plus bavé.
Mais je suis mort de trouille. J'angoisse à l'idée de me réveiller sans toi à mes côtés et suis terrifié à l'idée de te trouver dans mon lit.
J'aimerais que tu sois là, mais sans moi.
Je suis désolé.
Et, même si je ne devrais pas le dire, je vais le faire une dernière fois. Aujourd'hui, tu n'auras pas besoin de le demander. Et tu n'auras plus à l'entendre par la suite.
Je voudrais te voir sourire à nouveau. Entendre ton rire et tes mimiques insupportables. J'aimerais pouvoir frapper tes balles, partager la victoire avec toi. J'aimerais que tu te sentes bien, et que tu saches à quel point tu importes.
Je veux que tu saches que, quoi qu'il arrive, peu importe ce à quoi ressemble ton corps, peu importe l'état mental où tu te trouves,
Je t'aime.
Sans condition ni limite.
Iwa.

Et, tout en bas, d'une écriture tremblante, sont ajoutés quelques mots.
Je suis désolé.

Çà et là, le papier gondole légèrement. Ce sont ses larmes. Les miennes s'ajoutent.
Où est-il ?
Je refuse qu'il meurt.
Cette lettre date s'il y a deux mois.
Je veux savoir.
Je refuse qu'il me laisse.
Soudain, je comprends pourquoi il n'est pas venu.
Il ne pouvait pas.
Non. Il ne peut pas être mort.
Je dois le trouver. Il est forcément quelque part.
Je regarde autour de moi. Il n'y a personne. Après tout, il y a d'autres patients, alors il ne peuvent pas être avec tout le monde à la fois.
Réfléchis, Tooru.
Où peut-il être ?
À supposer qu'on ne me parlait pas de lui à cause de son état, on m'aurait informé s'il était rentré chez lui.
Donc il n'y est pas.
Mais s' il était mort, on me l'aurait, j'espère, annoncé.
Donc... Il a dû se passer quelque chose qui l'a emmené à n'être ni chez lui ni mort. Il n'y a plus qu'à deviner où il est.
S'il avait été chez ses grands parents ou chez un ami, il aurait réussi à me contacter. Même si je n'ai pas de portable, il aurait appelé l'hôpital qui m'aurait transmis son message sans savoir que mes parents étaient contre.
Sa lettre parle de médicaments.
J'essaie d'imaginer la scène.
Ça fait mal.
Il prend les pillules, m'écrit.
Et ensuite ?
Il pleure au dessus du papier.
Et ensuite quoi ?
Il va au lycée ? Il fait un malaise ?
Non, la lettre est arrivée jusqu'à moi trop tôt pour qu'il soit allé en cours.
Il a donc dû perdre connaissance. Quelqu'un l'a probablement trouvé comme ça, et emmené à l'hôpital.
C'est ça, l'hôpital.
L'hôpital principal de la ville.
C'est sûr.
Je regarde l'horloge.
Si je pars maintenant, les visites seront encore autorisées quand j'arriverai.
Ici, je suis autorisé à garder mes propres vêtements, alors je ne vais pas perdre de temps à me changer.
Je tends l'oreille.
Non, il n'y a pas de bruit dans le couloir. Pas d'infirmière qui discute.
Bien.
C'est parti.
J'emmène le sac de ma mère avec moi. Il doit y avoir de l'argent. Comme prévu, les couloirs sont vides. Je fais attention à ne pas faire de bruit et arrive à l'accueil. Je ne la connais pas, celle là. Donc elle ne me reconnaîtra pas non plus, d'autant plus que je suis en civil avec un sac, avec une allure décontractée. Rien qui fasse penser que je suis ici en tant que patient. Nos regards se croisent. Je la salue. Elle fronce légèrement les sourcils, se demandant sûrement à quel moment je suis entré. Je presse le pas avant qu'elle n'ait le temps de comprendre.
Je trouve un bus qui s'arrête proche de l'hôpital. 37 minutes s'écoulent. Le bus se stoppe enfin. Je descends et entre dans le bâtiment.
J'attends mon tour avec impatience et finis par arriver devant le monsieur de l'accueil.

You're mine [Iwaoi] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant