Trois Mois Plus Tard- Vendredi

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Pdv Oikawa
Je monte sur la balance, ce matin encore. Je les ai perdu, ces 10 kilos.Il y a bien longtemps déjà. Ça devrait me suffire. Je regarde le miroir. Non, ça ne suffit pas. Ce corps immonde que me montre la glace ne me plaît pas.
Iwa ne vient presque plus aux entraînements. Il évite mon regard.
Lui aussi me trouve laid. Si je perds encore un peu, peut-être que...

Pdv Iwaizumi
Je suis incapable de sortir de mon lit.
Mon corps ne veut pas bouger. Je n'arrive pas à le convaincre, à me convaincre. Les larmes me montent aux yeux. Non, ne pas pleurer. Je respire pour me calmer, mais ça ne marche qu'à moitié. Le manque de sommeil n'aide pas à contrôler ses émotions.
La voix de ma mère s'élève. Je dois me dépêcher...Je me fais violence et parviens à me lever. Dans la salle de bain, je me scrute.
Est-ce que c'est vraiment moi ?
J'ai plutôt l'impression que le reflet imite mes mouvements. Je ne me reconnais pas. J'enlève mon tee-shirt.
Ah... Oui, c'est peut-être bien moi, après tout...
Les coupures ont fini par envahir entièrement mon torse, mes hanches, mes cuisses.
Mes bras sont encore intactes, à cause des manches courtes.
J'aimerais être fort.
J'aimerais pouvoir aller à chaque cours de volley, comme Oikawa.
Sourire.
Mais je suis faible, à tel point que maintenant qu'il n'est plus là pour me blesser, je compense. Pitoyable.
Il me manque.
Je finis de m'habiller.
Ma mère entre d'un coup.

- HAJIME!!
- Oui ?
- TU TE FOUS DE MOI ?? ÇA FAIT DIX MINUTES QUE JE T'APPELLE ET QUE TU T'AMUSES À PAS RÉPONDRE !!
- Désolé, j'ai pas enten-
- TU PEUX ÊTRE DÉSOLÉ ! À CAUSE DE TOI, JE VAIS ÊTRE EN RETARD AU TRAVAIL !!
- Excuse moi.
- CA SERT À RIEN DE S'EXCUSER ! C'EST FAIT, MAINTENANT !

Elle soupire, marmonne quelques vulgarités et commence à s'éloigner.
Je marmonne.

- Ca sert à rien de crier non plus, si c'est '' déjà fait''...

Elle s'arrête, se retourne, s' approche et me gifle.

- Plus jamais tu ne t'amuses à me répondre. Plus jamais.

...
Un jour, Oikawa s'était fâché contre moi.
Il avait dit que je tenais de ma mère, parce que je n'exprimais pas d'affection et que j'étais violent. Sur le coup, ça m'avait fait mal. Maintenant encore plus. Elle gromelle quelques phrases avant de disparaître. Je dois partir pour le lycée dans dix minutes... Je ne veux pas. Vraiment pas. Une notification. J'attrape mon portable. Un message sur le compte du club, par un supporter régulier d'un autre établissement.

« Le numéro 4 est mort ou quoi ? Il joue plus ? »

Ahh... Mort ?
Oui, pourquoi pas...
Ça ne ferait pas beaucoup de changement, après tout, pas vrai ? Oikawa a l'air se passer de moi, mes parents seraient soulagés... Tout irait bien, finalement. Tout irait mieux. Dehors, il fait grand soleil. C'est un beau jour. Un beau jour pour en finir. Dans ma chambre, j'observe les murs, le mobilier, les objets. Ce que je laisse derrière moi. Ma pendule, mes livres...

Et cette photo.

Je la prends doucement. Un cœur y est dessiné. Je ne me souviens pas l'avoir fait, ni depuis quand il est là. Mais bon, peu importe. Je nous regarde. C'était tellement paisible, enfants. Je me regarde, l'air boudeur. Je le regarde, son air fier et frimeur affiché sur son visage. Peut-être que je devrais lui laisser quelque chose, à lui.
Oikawa...
Une feuille, un stylo. Je rédige. Beaucoup, je crois. Je ne me relis pas. Je laisse ma main écrire ce que mon cœur veut. Est-ce que ça a du sens, au moins ? Je ne sais pas. J'espère qu'il comprendra ce que je veux dire, et qu'il ne m'en voudra pas trop. Je plie le papier et le met dans une enveloppe. Dessus, je marque son nom, suivi de son prénom.

« Oikawa Tooru»

Une lame. Mes veines.
Ça ne suffira pas.
Il me faut quelque chose d'interne.
Des médicaments.
Il doit y en avoir dans le placard de la salle de bain...
Voilà, c'est ça. Combien il faut que j'en prenne pour que ça marche ?
Cinq ? Dix ?
Dix. Ce sera plus sûr.
Mais d'abord... Peut-être que je pourrais prendre un peu de plaisir ?
La lame est toujours dans ma main.
Je la fais glisser sur ma peau doucement avant de commencer à appuyer.
Je soupire en fermant les yeux.
Pourquoi ça continue à me faire autant de bien...? Ça me brûle, mais je me suis habitué à cette forme de chaleur. J'aimerais le sentir une dernière fois contre moi... Je me sens vide et rempli d'émotions. Tout à l fois. Mon corps voudrait pleurer, mais j'en suis incapable.
Une pilule.
C'est amer.
Une pilule.
Ses lèvres...
Une pilule.
Son odeur...
Une pilule.
Ses caresses...
Une pilule.
Combien de temps ça met à agir ?
Une pilule.
Est-ce que c'est une bonne idée ?
Une pilule.
La photo. Le cœur.
Une pilule.
Lui.
Une pilule.
Le toucher...
Une pilule.
Et mourir...

You're mine [Iwaoi] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant