Chapitre 17.

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-          Ça va ?

J entra dans la cuisine, alors que Deran sortait un paquet de légumes surgelés du congélo. Il le plaça délicatement sur ma tempe en miette.

-          Je vais m'en remettre. C'était qu'une petite droite de rien du tout.

Deran leva les yeux au ciel, désespéré par autant d'aplomb inutile. Alors que je m'étais faite littéralement massacrée par le petit-fils Cody. J'espérai intérieurement que les gardes du salon soient tous beaucoup plus mous que J. Ce qui me semblaient impossible, sinon pourquoi les sociétés privées feraient appel à eux ? C'était un salon avec beaucoup d'argent et de biens précieux, pas une aire de jeux avec des boules et des toboggans.

-          On vous attend au garage pour la distribution du matériel.

-          On arrive, le rassura Deran qui faisait des petites pressions sur ma bosse en devenir. Ça marche fort entre vous deux, on dirait...

Il se prit une tape sur l'épaule.

-          Il m'a dit qu'il a pas couché avec la meuf au salon.

-          Tu lui as demandé, il s'étonna en rangeant les légumes dans le bac prévu du congélo.

-          Ouais, j'avais besoin de savoir.

-          T'es mordue, je me trompe ?

Incapable de lui répondre franchement, j'optai pour le silence (technique secrète du sensei J) et me rendis au garage. Un gilet pare-balles, un Berreta 45, et d'autres babioles m'attendaient.

***

Le soir, j'étais retournée à mon appart, pour récupérer des fringues propres et voir s'il tenait toujours debout. Je mettais aussi sur ma liste de chose à faire post-braquage ; démissionner dans les règles de la station de lavage et renégocier les horaires avec Joe. J'avais posé une semaine de sans solde, mais j'allais pas pouvoir me le permettre indéfiniment. Et je savais pas trop ce qu'il m'attendait ensuite ; avec les Cody je veux dire.

Est-ce que j'allais continuer à préparer des casses avec eux ? est-ce que je me ferais 60K à chaque fois ? Si Joe voulait vraiment me garder – je pense, J avait dû lui foutre une trouille monstre – il allait devoir accepter que je vienne quand j'étais disponible. Je voulais garder un semblant de vie normale malgré tout le reste, qui l'était beaucoup moins.

Chez moi, je jetai la bouffe périmée à la poubelle, lançai une machine, rassemblait des affaires propres, vérifiais les factures dans la boite aux lettres. Smurf m'attendait pour le diner, il était préférable selon elle que je me nourrisse correctement avant de passer à l'attaque.

J'étais seule avec elle ce soir-là. Deran devait tenir son bar, Craig avait une copine à voir et J... Bah, je savais pas trop mais il avait taillé de la villa de Ditmar ce soir-là. Après tout, ils avaient tous leurs piaules indépendantes, normales qu'ils y créchaient.

De retour chez la vieille, avec mon sac d'affaires propres, je lui proposai de l'aider à préparer le diner. Elle m'invita à profiter plutôt pour me reposer. Sur le coup, ça me faisait chier qu'elle me dise encore une fois ce que je devais faire, mais je devais reconnaitre qu'elle avait pas tort. Fallait que je dorme un peu. J'allais vers la piaule de Craig et fus contrariée de retrouver son lit occupé par des piles d'habits :

-          Ah mince, ma chérie. J'ai oublié de te prévenir, j'ai fait du tri, j'organise un vide dressing lundi. Prends le lit de J, il ne dort pas ici ce soir.

Je pénétrai dans sa chambre, au rangement très ordonné et à la déco minimaliste. Ça m'étonnait qu'à moitié. Je me laissai tomber sur son lit, aplatit un de ses coussins sur mon visage dont la partie gauche était plutôt mal en point. Je poussais un petit cri de douleur et j'inspirai longuement. J'humai l'odeur musquée qui se dégageait du tissu. J'adorais. J'en oubliais mon affreuse bosse à la tempe, c'est dire.

Poison IvyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant