Chapitre 22.

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La bière que je buvais, assise depuis le rebord de la fenêtre de son salon, depuis lequel on entendait le bruit étouffé des vagues, me faisait du bien, autant que le calme. Je peinais à retrouver mes esprits tant J s'était affairé à me le mettre dans tous les sens. Mon esprit, mais pas que, petite précision pour ceux qui auraient l'esprit tordu.

Ce qu'il s'était passé dans sa chambre – et le reste de son appart, avait puisé toute mon énergie restante, après cette longue journée. Je jetai un bref coup d'œil à l'heure sur le frigo de sa cuisine, il était cinq heures du mat', il allait bientôt faire jour. Et je n'avais toujours pas dormi. Deran m'attendait au bar pour dix heures, l'heure d'arrivée des premiers clients.

Qu'avait-on comme intérêt de siffler de la bière ou de la tequila si tôt, déjà ?

La silhouette carrée et précise de J apparut dans la cuisine, les premiers rayons du soleil légers, frappaient les vitres et éclairaient le corps (toujours) quasi nu de J, d'une aura ambrée. Sa mâchoire était serrée, une veine traversa son cou et crépitait doucement.

-          Ça va, je le sondai en buvant une gorgée de houblon frais.

J'avais une chance sur deux pour qu'il me réponde. Il s'approcha de moi, lova son visage inexpressif contre mes cheveux en pétard. Il inspira longuement l'odeur d'iode contenue dans ma masse capillaire bordélique – la faute à ses doigts qui s'étaient longuement emmêlés dans les boucles pendant notre union plus qu'agitée.

-          Je vais pas tarder, je dois prendre une douche et j'aimerais dormir un peu, je lui annonçai alors que je ne savais pas s'il allait bien ou pas.

Il m'arracha la canette des mains et but une longue gorgée. Il observait la ruelle du coin de l'œil alors que je sentais toujours son nez frôler mon crane chevelu.

-          J'ai un truc pour toi, il me dit en se redressant, quittant mes boucles qui s'étaient faites à sa présence posée.

Ça me disait pas s'il allait bien, mais soit. Il sortit de la pièce et revint avec une enveloppe épaisse.

-          Tiens...

Je m'en emparai, l'ouvris et découvris des billets. Plusieurs, beaucoup.

-          Tu m'as pris pour une pute, je démarrai au quart.

Le timing était plus que merdique, J.

-          J'ai cru comprendre que t'avais besoin d'une avance sur ta part pour la Camaro.

-          Pope m'a dit que je pouvais garder la Challenger en attendant, je me défendis sèchement.

-          J'en ai discuté avec lui ce soir, il aimerait la récupérer.

-          Il aurait pu me le dire lui-même, je protestai.

-          Valait mieux pas, il affirma en attrapant mon menton.

Coincé entre ses doigts, fermes, ma bouche s'ouvrit instinctivement quand il m'approcha, sa langue joueuse était de sortie. L'enveloppe contre ma poitrine, je laissais nos deux langues s'unir en une danse torride et humide.

-          Faut vraiment que je rentre, je me démis à contre cœur.

-          Tu peux prendre ta douche et dormir ici jusqu'à dix heures.

Il ne valait mieux pas, je savais que le sommeil n'aurait pas été de mise si je restais ici, chez lui. Son corps brûlant était un appel à recommencer, encore et encore. Et je voulais tenir le coup pour ma vraie première journée de travail.

Poison IvyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant