Chapitre 18.

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-          Ne bouge pas, je criais alors que je tenais un garde en joue avec mon Beretta.

Tout s'était enchainé, tout était allé très vite. C'était vite parti en sucette, enfin juste ce qu'il fallait pour que j'aie la peur de ma vie. Ils étaient plus nombreux que prévus, et surtout moins dociles qu'on l'espérait, malgré nos flingues.

De je ne sais où, Craig et Pope avaient sorti des fusils d'assaut. Je me sentais ridicule avec mon simple flingue. Mais heureusement qu'on les avait. Sur le papier, il était noté qu'on rentrerait par l'allée D et E, grâce à nos badges, qu'on arriverait à regrouper tous les gardes jusqu'à la salle où se trouvaient les sacs, les ligoter solidement, récupérer les sacs et repartir avec.

Sauf que c'est pas exactement comme ça que ça s'est passé. J'avais eu pour instruction de rester derrière Deran, de ne pas le quitter des yeux ni d'une semelle. J'avais suivi l'ordre à la lettre, le flingue dans mes mains, prête à dégainer et tirer. Les battements de mon cœur étaient si violents que j'avais l'impression que mon organe à lui tout seul arriverait à faire céder les barreaux de sa cage. L'air me manquait, l'adrénaline se répandait dans tout mon corps. Jusqu'à la pointe de mes boucles.

A un moment, alors qu'on pensait les dix gardes en question tous réunis dans l'arrière-salle/coffre-fort du centre des expo, quatre autres mecs se sont pointés et ont tenté de nous arrêter. Pope en assomma un avec son fusil, Craig en molesta un autre, J tira dans la jambe du troisième et le quatrième sauta sur Deran, le déstabilisant avant de lui asséner un coup de couteau. Dans l'urgence de la situation, je me jetai sur le type et coinça l'avant de mon flingue contre sa joue, lui passant l'envie de s'en prendre à mon ami.

Je l'avais menacé, alors que Deran se relevait avec difficulté, blessé au visage (du sang coulait au travers de la laine de sa cagoule) et au bras. J'essayais de comprendre ce qu'il se passait tant je me sentais extérieure à la scène alors que je performais dans le rôle principal le temps de quelques minutes. J'avais sauvé Deran. Et j'avais permis aux gars de terminer de regrouper les dizaines de sacs de pognon.

Deran avait fini par ficeler le récalcitrant avec tous les autres gardes, et on avait chargé les sacs dans le van que Pope était allé chercher alors que tous les accès étaient dorénavant libres. Craig, du haut de son deux mètres quatre-vingt (j'exagère à peine) toisait les gars en pointant de façon menaçante le canon de son fusil semi-automatique plus qu'impressionnant. J l'imitait, seulement armé du même type de flingue que moi. N'empêche que les gars ne mouftaient plus. Le blessé à la jambe geignait, j'espérais tout de même qu'il s'en sortirait.

On avait encore une minute avant de filer, un des gardes avait alerté les flics avant que l'on l'en empêche. Les sacs faisaient leur petit poids. Poussée par une envie débile qui me ressemblait bien, alors que Pope avait refermé les portes arrière du van, j'étais allée jusqu'à la table au fond de la pièce, où il y avait des paniers garnis, des bouteilles de champagne et des chocolats en veux-tu en voilà. J'embarquai un maximum avec moi et courus jusqu'au van où Pope disjonctait parce qu'on entendait déjà les sirènes au loin.

-          Putain, Ivy, dépêche toi.

-          J'arrive...

Je jetai sans ménagement la cargaison de produits de luxe sur les genoux de Deran qui me fixait, impressionné, et refermai d'un coup sec la porte latérale du véhicule. Pope enclencha la première et on fila au sens opposé des flics qui arrivaient en masse.

***

Hormis Pope qui regardait la route, on s'était tous retournés pour vérifier à l'arrière qu'aucun gyrophare n'apparaissait dans la nuit noire du quartier industriel. Une fois suffisamment éloignés du centre des expo, on retira nos cagoules et on se mit à crier. Inquiète pour Deran, je l'interrogeai :

Poison IvyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant