Ça faisait deux semaines que je m'entrainais dur. Je ne quittai plus mes talons, sauf pour dormir. Chez Joe, je mettais les « ça va » pour limiter la casse, et le reste du temps, je me trimballais dans les rues d'Oceanside avec les « bon pourquoi pas ». Je n'avais pas encore osé dépasser le stade et taper dans les « mon dieu tout ça ? ». Elles m'effrayaient, pour tout vous dire.
Je manquais encore d'équilibre et je voulais éviter de me tordre la cheville à une semaine du coup.
Je passais beaucoup de temps sur Ditmar à potasser le plan des lieux où se tenait le salon. Pope, bien que fidèle à lui-même, s'était détendu et avait accepté de me prêter la Challenger le temps de m'acheter la Camaro SS qui me faisait de l'œil, avec l'argent du casse en préparation. Le bus, c'est sympa cinq minutes.
Sous l'œil quasi clôt (on dit vraiment merci la chirurgie) de la vieille, on organisait des soirées avec Deran, on préparait des barbecues pour tout le groupe, j'avais vraiment l'impression de faire partie de la famille. Mais je gardais à l'esprit que j'étais qu'une pièce rapportée, peut-être même jetable une fois le boulot fait.
J lui aussi était fidèle à lui-même, taciturne à souhait. On le voyait pas souvent à la maison d'ailleurs, Smurf m'avait dit qu'il avait des affaires à gérer dehors. Le soir, parfois, on se mettait à échanger quelques messages, on se marrait bien lors des soirées à la villa, mais je n'arrivais pas à cerner le personnage.
Encore moins à savoir s'il me plaisait ou non. Ok, j'étais rentrée dans la salle de bains en la pensant vide, et j'étais tombée sur lui, dont seule sa taille était recouverte d'une serviette. Est-ce que j'avais aimé ? Oui. Est-ce que ça m'avait donné chaud ? Peut-être...
Mais il me faisait parfois peur, tant son silence pouvait paraitre inquiétant. Pope l'était aussi, mais c'était écrit sur son front qu'il était un psychopathe. Mais J, on en savait trop rien. Gentil badboy ? Méchant petit-fils ?
A une semaine du casse, j'avais dû faire abstraction de ma peur et j'avais enfilé mes petons dans les lanières en cuir de la fameuse paire de « mon dieu tout ça ? ». Certes, c'était une très belle paire de sandales, à talons, en cuir noir, dont la bride encerclait avec grâce mes chevilles. La semelle était dure, et l'équilibre n'était pas optimal, juchée là-dessus. Mais il me restait une semaine pour maitriser et paraître à l'aise. J'avais donc passé la journée là-dessus, en suivant les exercices imposés par la vieille.
Le soir, elle me proposait de rester pour diner, toute façon il y avait réunion de famille. Par-là, comprenez point de situation du coup à venir. Je claudiquais presque en me pointant à la terrasse, où tous les garçons étaient déjà attablés. La souffrance que j'endurais se lisait sur mon visage, tant il se déformait en grimaces équivoques. Il restait une place vide à côté de J. Je m'y laissais tomber et soupirais.
- Tu es magnifique, une vraie poule de luxe, ironisa Deran en m'offrant un clin d'œil moqueur.
Il se prit un doigt d'honneur assumé.
- Franchement, tu gères, dit Craig avant de boire sa bière. J'avais rien parié sur toi mais d'ici vendredi ça va le faire.
- J'en peux plus, je maugréai en retirant les instruments de tortures pour petons.
Le genou replié sur ma cuisse, j'entamai un self-massage, j'avais l'impression que ma plante s'était transformée en une plaque de béton. J tira sur ma jambe et cala mon pied en feu sur ses cuisses. Il prit le relais et commença à opérer des lents mouvements circulaires avec ses doigts sur ma plante douloureuse. Dans la seconde, je sentais l'effet apaisant de son massage, et d'instinct, je poussais un léger gémissement de confort.
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Poison Ivy
FanficJe ne faisais absolument pas partie de leur monde. J'étais même à mille lieues d'imaginer mon père en braqueur. Mais c'était avant de rencontrer la famille Cody, dangereuse et intouchable. J'ai alors plongé dans l'inconnu, en mettant un point d'hon...