Poison Ivy

Chapitre 6.

Un Tacoma, ça se conduisait pas comme une Impala pataude. Ça prenait déjà beaucoup de place, et j'avais eu du mal à slalomer entre les voitures, mais je m'en étais pas trop mal sorti en réalité. Poussée par l'adrénaline, et la peur de me faire gauler, j'avais enclenché le mode pilote de course. Après deux kilomètres parcourus au hasard d'Oceanside, la pression retomba et je me mis à hurler. De joie, de peur, de kiff, je savais pas trop mettre un nom précis sur ce que je ressentais alors que J m'invita à retrouver le quartier où habitait Smurf.

-          Il vient de se passer quoi, je demandai, essoufflée.

L'adrénaline m'avait coupé la respiration.

-          J'avais pas envie de payer. Et je voulais voir ce que ça donnait, toi au volant de ma caisse.

-          T'as cru que je savais pas conduire ou quoi ?

Il ne me répondit rien, coupa la musique et activa la télécommande ouvrant le portail.

-          Si t'es intéressée pour te faire un peu de blé, fais-moi signe.

Je marquais à mon tour un silence, sans réagir à sa proposition. Il m'agaçait, ce petit con, sûr de lui.

-          J'ai ton numéro, reste près de ton portable.

Je coupai le moteur et restai un long moment derrière le volant, interdite. J était sorti de la bagnole et avait rejoint la fête qui battait son plein derrière la baraque. Je n'avais aucune envie d'y retourner, mais je devais lui rendre les clés. J'aurais pu les laisser sur le contact, mais il m'aurait collé une raclée si sa Tacoma pour petite bite devait disparaitre.

***

Je m'avançais vers lui, je sentais mes nerfs lâcher. Je lui balançais les clés à la gueule, au sens propre, et fis volteface, prête à me barrer d'ici pour toujours. Ça me faisait chier pour Deran, mais le reste de la famille semblait gangréné par la connerie et/ou la folie.

-          Avoue, t'as kiffé.

Je m'immobilisai, comme si le simple fait qu'il l'ouvre oblige mon cerveau à bugger.

-          Trop pas, je répondis du tac au tac.

-          Pas à moi...

Je sentis son torse chaud se coller à mon dos, sa respiration brûlante s'écrasa contre le creux de mon oreille. Je vis le plat de sa main s'approcher de ma poitrine. Comme pétrifiée, je ne bougeai pas d'un iota alors qu'il plaqua sa paume à l'endroit où mon cœur battait. Vite, super vite. Son rythme n'avait pas ralenti depuis notre fuite au restaurant.

Il avait foutrement raison.

-          Et si je te dis que j'ai pris mon pied, tu vas faire quoi ?

-          Rien.

Et j'eus tout à coup très froid. Son torse s'était défait de mon dos, sa respiration s'envolait loin de mon épiderme en feu, et ma poitrine continuait à se soulever violemment, mais libérée du poids de sa main sur elle.

Ça faisait beaucoup trop d'émotions dans la même soirée, contradictoires qui plus est. J'avais cru crever, par deux fois. Mais pas pour les mêmes raisons.

Je crois qu'il était temps que je me faxe vraiment dans mon lit et n'en sorte plus jamais.

***

J'étais rentrée chez moi, je m'étais déshabillée et je m'étais fourrée sous la couette. Je ne savais pas quoi penser de tout ça. Je venais à me dire que j'aurais mieux fait de ne jamais l'appeler, cette Smurf. Comment mon père avait pu être proche de ces barges ?