Chapitre 2.

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Une voix féminine, froide et trahissant un certain âge, traversa le combiné.

- Qui est à l'appareil ?

- Ivy...

- Je connais pas d'Ivy, elle répondit encore plus froidement.

- Je suis la fille de Tyler.

Aucun son ne sortait du combiné, cette garce avait osé raccrocher ?

- Tyler... Tyler Banks ?

- Lui-même...

- Excuse-moi, je savais pas qu'il avait une fille. Comment il va ?

Une boule roula le long de mon œsophage, non sans m'arracher les parois du tube.

- Mon père est mort y a cinq ans, il m'a laissé votre numéro en cas de besoin.

- Et tu as besoin de moi, ma puce ?

Ma puce ? Bizarre alors que ça faisait moins de vingt secondes qu'on se connaissait.

- On va dire ça, j'admis, honteusement.

J'avais jamais fait la charité, jusque là j'avais réussi à m'en sortir comme une grande. Mais pour la première fois depuis que mon père m'avait abandonnée, je n'étais plus très sûre de pouvoir m'en sortir sans l'aide de personne.

- Je suis coincée au travail, rejoins-moi à l'adresse que je vais t'envoyer par message. D'ici une petite demi-heure si ça va pour toi ?

Malgré le fait qu'elle acceptait de me rencontrer, je percevais dans le ton de sa voix que je tombais plus que mal. Je regardais ma montre, il était presque onze heures du soir, elle avait dû me donner l'adresse où elle travaillait. Elle allait me filer cinq cents dollars (c'était ce dont j'avais besoin en réalité), me poser sans doute quelques questions au sujet de mon père et plus jamais je n'en entendrais parler.

***

Arrivée à l'endroit indiqué dans le message de la bonne femme, je vérifiai une nouvelle fois l'adresse inscrite sur la boite aux lettres. Non, c'était bien ça, 1975 S Ditmar St. J'avais atterri chez les friqués d'Oceanside, ma vieille Impala déglingos faisait tâche à côté d'une Audi rutilante garée devant la bicoque d'en face.

La pote de mon père devait bosser de chez elle, il n'y avait pas l'ombre d'une entreprise dans le coin. Je sonnai, j'allais pas y passer la nuit. Ok, j'étais fauchée, mais j'avais furieusement envie de me rentrer dans mon quartier populaire, bruyant et un rien sale.

Le portail s'ouvrit, j'avançais à l'intérieur de la propriété. Je tombai sur une de ces vieilles maisons plain-pied californienne, et vu l'aura bleutée flottant derrière la baraque, ça sentait la petite piscine qui allait de paire avec ce genre d'endroit. J'aperçus de l'agitation derrière un portillon en fer forgé, entrouvert.

- Putain, Smurf, on a de la visite.

- Rangez-moi tout ça, ordonna la même voix que j'avais entendu au téléphone.

- T'es sérieuse, on rentre à peine de...

- Chut, ferme-là !

Apparemment, je tombais vraiment mal, pourtant je m'étais pointée au lieu de rendez-vous au bout de la demi-heure réglementaire.

- Bonsoir, je tentai d'une petite voix en m'immobilisant.

Une blonde platine, qui devait avoir l'âge de mon père apparut, et m'adressa un sourire.... Crispé ? Botoxé, plutôt.

Poison IvyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant