Annabeth Chase x Lecteur (Reader) - La bataille du Labyrinthe - Livre 4

Perdu dans le noir

Rien de tel pour parachever une matinée d'anniversaire pourrie qu'un long trajet en taxi avec un un gars qui tente en boucle d'expliquer que quelque chose n'est pas de sa faute. Bien entendu, ce n'était pas de la faute de Percy s'il s'était retrouvé à se faire pourchasser par deux empousai, mais pourquoi fallait-il qu'il choisisse de débouler sur la 81e rue au moment où Y/N souhaitait passer une bonne journée ?

"Des nouvelles de Luke ? demanda finalement Percy."

Y/N grogna. Vraiment, le monde mettait le paquet pour lui gâcher la journée. Il fit non de la tête.

Lorsqu'ils avaient affronté Luke au sommet du mont Tamalpais l'hiver dernier, il avait survécu à une chute de quinze mètres. Comment, Y/N n'en avait aucune idée. Ce qu'il savait, c'était que d'après Chiron, Luke voguait sur l'océan à bord de son paquebot de croisière grouillant de monstres, tandis que Cronos, déchiqueté en mille morceaux, se reconstituait bout par bout dans son sarcophage d'or. Bref, en langage de demi-dieu, on appelle ça un "problème".

"Et Grover ? demanda Percy.

- Il est à la colonie, répondit Y/N. On va le voir aujourd'hui.

- Est-ce qu'il a eu de la chance ? Je veux dire, dans sa quête de Pan ?"

Non, pas du tout, voulu répondre Y/N.

"Tu verras, dit Annabeth, sans plus d'explications."

Pendant que le taxi traversait Brooklyn, Percy emprunta le téléphone d'Annabeth pour appeler sa mère et lui expliquer ce qui s'était passé.

Après, ils roulèrent en silence. Peu à peu, la ville s'effaça derrière eux. La route traversait maintenant la campagne du nord de Long Island, longeant des vergers et des vignes ; çà et là, des étals de fruits et légumes étaient dressés sur les bas-côtés. L'esprit d'Y/N vagabondait et il se retrouva à penser aux paroles de l'empousa : la colonie réduite en cendres, leurs amis faits prisonniers. Pourquoi Kelli avait-elle explosé en une gerbe de flammes ?

Il savait que les monstres ne mourraient jamais véritablement : Kelli se reformerait à partir du magma maléfique primordial qui bouillonnait aux Enfers. N'empêche que d'ordinaire, les monstres ne se laissaient pas détruire si facilement. Si tant est qu'il l'ait vraiment détruite...

Le taxi prit la 25A. Ils traversèrent la forêt en remontant la côte nord, puis ils arrivèrent devant une petite chaîne de collines, sur la gauche. Annabeth demanda au chauffeur de s'arrêter à la hauteur de la 3.141, une petite route locale au pied de la Colline des Sang-Mêlé.

"Mais, mademoiselle, il n'y a rien ici, dit le chauffeur en fronçant les sourcils. Vous voulez vraiment descendre là ?

- Oui, s'il vous plaît, répondit Annabeth en tendant une liasse de billets de mortel qui le dissuada de se mêler davantage de leurs affaires."

Y/N, Annabeth et Percy gravirent la colline. Le jeune dragon gardien somnolait, enroulé autour du pin, mais il leva sa grosse tête cuivrée en les entendant approcher et laissa Y/N le gratter sous le menton. Des jets de vapeur s'échappèrent de ses naseaux comme du bec d'une bouilloire, et il se mit à loucher, comme s'il était particulièrement à l'aise.

"Salut, Pelé, dit Y/N. Tu veilles bien sur tout le monde ?"

L'année dernière, le dragon mesurait près de deux mètres. Maintenant, il en faisait le double et il était aussi épais que le tronc de l'arbre. Au-dessus de sa tête, pendue à la branche la plus basse du pin, scintillait la Toison d'or, qui protégeait les limites de la colonie avec une barrière magique. Le dragon semblait détendu, on aurait presque pu croire que l'ambiance était à la détente, à la colonie. Justement, à leurs pieds, la Colonie des Sang-Mêlé paraissait paisible : des champs verdoyants, des bois, des édifices grecs d'un blanc étincelant. La Grande Maison trônait majestueusement au milieu des champs de fraises. Au nord, bordées par la plage, les eaux du détroit de Long Island brillaient au soleil.