Tout feu, tout flamme

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Tyson tourna la poignée ronde.

Sitôt la porte ouverte, l'araignée trottina à l'intérieur, suivie de près par Tyson. Et d'un peu plus loin par Annabeth et les autres, qui étaient clairement moins impatients.

C'était une pièce immense. On aurait dit un atelier de mécano – et ça l'était –, à cause des nombreux élévateurs hydrauliques. Certains supportaient des voitures, mais d'autres hébergeaient des constructions bien plus étranges : un hippalektryon de bronze sans sa tête, avec des câbles qui s'échappaient de sa queue de coq ; un lion métallique qui semblait rattaché à un chargeur de batterie ; un char de combat grec entièrement fait de flammes.

Sur une douzaine d'établis s'empilaient des travaux de plus petite taille. Des outils couvraient les murs ; autour de chaque crochet était dessiné le contour de l'un ou de l'autre, mas aucun n'était à sa place : le marteau occupait l'emplacement du tournevis, l'agrafeuse celui de la scie à métaux.

Une Toyota Corolla 1998 trônait sur le pont hydraulique le plus proche, d'où dépassait les jambes d'un homme énorme, habillé d'un pantalon gris crasseux et de chaussures encore plus grandes que celles de Tyson. Une de ses jambes était maintenue par un appareil orthopédique.

L'araignée fila droit sous la voiture et les coups de marteau s'interrompirent.

"Eh bien, eh bien, tonna une voix grave, montant de sous la Corolla. Qui vient donc nous voir ?"

Le mécanicien s'extirpa en poussant sur sa plate-forme roulante et il se redressa. Annabeth entendit Percy hoqueter à côté d'elle. Pour tout avouer, c'était dur de ne pas suivre son exemple.

Quand elle avait vu Héphaïstos sur l'Olympe, il avait manifestement soigné son apparence, voire fait appel à la magie pour atténuer sa laideur. Mais ici, dans son atelier, il se moquait visiblement de son apparence. Il portait une combinaison maculée de crasse et de taches d'essence, avec "Héphaïstos" brodé sur la poche poitrine. Quand il se leva, l'appareil de métal qui enserrait sa jambe grinça et, comme s'il avait une épaule plus basse que l'autre, même debout il donnait l'impression d'être penché. Sa tête était difforme et cabossée. Un rictus permanent barrait son visage. Sa barbe noire grésillait et fumait. De temps en temps, un mini feu de forêt embrasait ses favoris, puis s'éteignait. 

Difficile de voir en lui quoi que ce soit de ressemblant à Y/N.

Il avait des mains grosses comme des battoirs, mais s'en servait avec une habilité étonnante. En moins de deux, il démonta et remonta l'araignée mécanique.

"Voilà, bougonna-t-il. Beaucoup mieux."

L'araignée fit un bond joyeux dans le creux de sa paume, projeta un fil métallique vers le plafond et s'élança en se balançant à travers la pièce.

Héphaïstos les toisa d'un œil noir.

"Ce n'est pas moi qui vous ai fabriqués, si ?

- Euh, non, seigneur, répondit Annabeth.

- Heureusement, grommela le dieu. Quel travail bâclé !"

Sur ces mots, il les examina de plus près. Il se pencha sur elle.

"Sang-mêlé, je parie. Pourrais être une automate, bien sûr, mais j'en doute.

- Nous nous sommes déjà rencontrés, seigneur, dit-elle alors.

- Ah bon ? fit le dieu d'un ton absent."

Elle eut l'impression qu'il s'en fichait un peu. Ce qui l'intéressait, c'était de comprendre comme sa mâchoire s'articulait, si c'était avec des charnières, un levier ou n'importe quel autre système.

Annabeth Chase x Lecteur (Reader) - La bataille du Labyrinthe - Livre 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant