the hidden secret

Chapitre 9

Après une heure de conversation où ma bouche ne s'est presque jamais ouverte, je jette un coup d'œil à ma montre et écarquille les yeux. Il est presque vingt et une heures. Je m'excuse auprès de mes amis :

— Je suis désolée, je dois rentrer, ma mère a besoin de moi pour un truc.

Si je continue ainsi, je pourrai avoir un Oscar pour la plus belle performance de l'année. Mais n'ayant pas envie de passer pour la petite fille qui écoute sa maman - qui lui a imposé un couvre-feu, mentir est la meilleure solution. Oui, c'est ridicule.

— C'est dommage, déclare Ethan. On se voit demain au lycée ? 

Tout en acquiesçant, je lance un dernier regard à Jase qui, la paume contre son menton, fixe son verre. En guise de salut, j'effectue un mouvement de la main et sors enfin de ce bar. La brise du soir me fait aussitôt du bien. 

Je suis fière de moi. Je n'ai pas donné d'importance à Jase et lui qui, d'habitude, parle toujours pour raconter des bêtises, a été plutôt silencieux. 

Le vent se lève alors que je marche depuis quelques minutes déjà. Frileuse, je resserre ma veste autour de moi. Est-ce que nous sommes passées par là tout à l'heure avec Taylor ? Cette épicerie fermée ne me dit rien. Malgré tout, je continue à avancer dans l'espoir de retrouver au plus vite mon chemin. Une voiture arrive à mon niveau et ralentit, me forçant à accélérer le pas. Il ne manquerait plus que je me fasse kidnapper !

— Hé, Malia !

 Cette voix si sexy ! Je me tourne aussitôt. Il s'agit du pick-up de Jase. La vitre est baissée et je constate qu'il est seul : personne côté passager ou à l'arrière. Pourquoi a-t-il quitté le bar si tôt ?

— Je te dépose ? 

Sans répondre, je contourne son véhicule et grimpe à l'intérieur. Le vent souffle de plus en plus fort et en voiture, je rentrerai plus vite chez moi. Bien sûr, ce n'est pas du tout parce j'ai l'envie irrationnelle de passer du temps avec lui. 

— Tu t'es amusée ce soir ? me demande-t-il en se concentrant sur la route.

 — Oui, ça va, c'était bien.

 Peut-être devrais-je lui retourner la question ? Mais elle reste bloquée dans ma gorge à cause de sa présence qui me chamboule. L'odeur de son parfum envahit l'habitacle, me rappelant notre moment intime dans la cabane.

— Et la fête d'hier, elle t'a plu ?Mes joues s'empourprent. 

Mon cerveau est en surchauffe. Je ne sais pas s'il fait référence à la soirée en général ou au cache-cache. Le temps défile sans que je réponde et son regard en coin me fait perdre mes moyens. Il faut que je dise quelque chose, mais quoi ? 

— Ça dépend de quel moment on parle... 

Oh mon Dieu ! Ai-je osé ? Son rire résonne et je fonds. Il est tellement mélodieux.

 — Oui, tu as raison.

Quoi ? C'est tout ? Un petit flirt ne m'aurait pas dérangée. Enfin... S'il avait évoqué notre instant dans la cabane, je me serais jetée sur la route. 

— Par exemple, qu'as-tu pensé du cache-cache ? continue-t-il. 

OK... Pas le choix. Je me saisis de la poignée, mais Jase a verrouillé les portes. L'air me manque. Que dois-je lui répondre ? Pas que j'ai apprécié cet instant et que j'ai y songé sous la douche ce matin. Si je lui confie qu'il monopolise mon esprit depuis le premier jour, il me prendra pour une folle.

— Je ne m'attendais pas du tout à ce que vous jouiez à ce genre de jeu.

De cette manière, la véritable question est esquivée.