chapitre 13

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Soudain, dans la maison d'en face, un mouvement attire mon attention. Au rez-de-chaussée, un rideau bouge, mais il n'y a personne. Est-ce que Taylor était en train de m'observer ?

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Durant la semaine qui s'est écoulée, je n'ai pas discuté de Jase avec Taylor, ni du fait qu'elle m'espionnait, si c'était bien le cas. La peur qu'elle ne me parle plus après ça m'en a empêchée, mon but n'étant pas de me disputer avec elle. Mais, plus que tout, je me sens honteuse. J'ai accepté de voir Jase ce soir et elle ne le sait pas. J'étais trop aveuglée par mes émotions pour me rendre compte de ma bêtise.

Pourtant, quand ma montre indique dix-huit heures, je me prépare pour mon rendez-vous. Je décide de rester moi-même et de ne pas en faire trop. Ce n'est qu'une sortie entre amis, après tout.

Au moment où je choisis mes vêtements, la porte de ma chambre s'ouvre. Mon pied s'abat avec force sur le parquet en bois. 

— Maman ! Tu ne peux pas frapper avant d'entrer ? 

Son regard affectueux disparaît pour laisser place à la surprise, puis à la peine. Embêtée de lui avoir crié dessus de cette façon, j'ajoute d'une voix plus douce :

 — J'allais me changer. Jase devrait arriver d'ici trente minutes.

Elle me dévisage d'un drôle d'air, puis repousse mon édredon avant de s'asseoir sur le bord de mon lit. Un peu d'intimité n'est donc pas possible dans cette maison.

— J'aimerais que l'on discute toutes les deux, commence-t-elle. Ses ongles tapotent le côté vide du matelas à sa gauche. J'y prends place en me demandant s'il y a encore une mauvaise nouvelle.

— Nous n'avons jamais eu ce genre de conversation toutes les deux, car jusqu'à présent, tu n'étais jamais sortie avec un garçon, mais il faut que tu saches qu'il y a des risques.

 Oh non... En effet, nous n'avons pas eu l'occasion de discuter de cela. Recevoir une leçon sur les possibles maladies sexuellement transmissibles ? Très peu pour moi.

— Maman, s'il te plaît, je suis au courant de tout ça. Puis, je ne vais pas coucher avec lui...

 — Ce n'est pas que de ces risques que je veux parler. Certes, tu dois faire attention de ce côté-là, mais il y a aussi autre chose. Pas de surprise. Il faut que je sois prudente, car personne ne doit découvrir ma véritable identité ni les réelles raisons de mon déménagement. 

— Tu dois protéger ton cœur, ma chérie. 

Ne m'attendant pas du tout à cela, mes yeux vissés aux siens sont interloqués. Ma mère a souffert à cause de mon père, mais ce n'est pas la même chose. Jase n'est pas lui. Puis de toute façon, ce n'est qu'un simple rendez-vous, non ? 

— Les hommes peuvent être cruels. Je ne connais pas ce Jase, mais si tu commences à ressentir quoi que ce soit pour lui, assure-toi qu'il est assez bien pour toi, qu'il te respecte, qu'il soit galant et qu'il veille à ton bien-être. 

Mon malaise grandit et je tripote mes doigts. Si elle savait que le garçon avec qui je compte sortir préfère les relations libres, elle refuserait que je le rejoigne. 

— Je te promets de faire gaffe, réponds-je tout de même en souriant.

 Elle m'observe avec tendresse. Elle s'inquiète pour moi, comme moi pour elle. Soudain, un peu émue parce que nous sommes plus proches que jamais depuis le drame, j'entoure ses épaules de mes bras. J'ai besoin de la sentir contre moi. Mon étreinte lui fait plaisir, ses muscles tendus se relâchent. Une minute plus tard, ses mains s'emparent de mes coudes et elle chuchote à mon oreille : 

— Prépare-toi vite, il arrive bientôt. Elle se redresse et marche jusqu'à la porte. Elle s'arrête sur le seuil et me lance un dernier regard. 

— La prochaine fois, je frapperai avant d'entrer. 

Même si elle me sourit, ma gorge se serre. Crier sur ma mère était une très mauvaise idée. Nous souffrons assez pour ne pas en rajouter.



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