the hidden secret

chapitre 1

Je n'arrive toujours pas à croire que ma mère et moi ayons eu besoin de quitter Seattle. Toutefois, je ne suis pas triste à l'idée d'abandonner mes amis, puisque je n'en ai pas... En réalité, étant une fille plutôt solitaire, j'ai sans cesse le nez plongé dans mes bouquins et, même si je n'aime pas l'école, je me débrouille assez bien. Une élève modèle, disciplinée avec de bonnes notes, voilà ce que je suis. Le point positif à ce déménagement, c'est que je ne reverrai plus les pestes qui ont gâché ma vie. Oui, je suis ce genre d'adolescente. Celle que personne n'invite aux soirées, celle dont tout le monde se moque, celle qui ne porte pas les dernières tendances à la mode. Je suis discrète et lire est ma plus grande passion. C'est plus intéressant que d'aller se trémousser en boîte de nuit !Au moment où je m'apprête à déballer mes cartons, ma mère entre dans ma chambre sans frapper – comme toujours ! Bien que cela m'agace, je m'abstiens de faire tout commentaire. 

— Malia, as-tu besoin d'aide ? me demande-t-elle en fronçant ses sourcils. Physiquement, nous nous ressemblons beaucoup. Comme moi, elle n'est pas très grande, ne dépassant pas le mètre soixante-trois, a les cheveux châtains mi longs un peu ondulés qu'elle a attachés en un chignon négligé, et des petits yeux noisette. Ce soir, elle porte un jean et un pull. Les traits fins de son visage sont tirés.

 — Quelque chose ne va pas ?Quand ma mère secoue la tête ainsi, cela ne présage rien de bon. Ce déménagement a été compliqué et éprouvant. Fuir Seattle n'a pas été un choix, mais une obligation. 

— Non, tout va bien. Je commande chinois pour le dîner, d'accord ?Peu enchantée à cette idée, j'acquiesce tout de même. Elle adore la nourriture asiatique, ce qui est loin d'être mon cas. Pour lui faire plaisir, parce que les choses sont déjà assez difficiles comme ça, j'accepte.

 Dès qu'elle sort de la pièce, je pose les mains sur mes hanches à la vue des cinq cartons empilés les uns sur les autres. Ils contiennent ce que j'ai de plus précieux : mes livres. Je suis passionnée de romance, mais aussi ouverte à tous les styles. En ce moment, j'aime beaucoup le fantastique. D'ailleurs, je rangetout de suite mon bouquin préféré sur ma table de chevet : le premier tome de la série Lux, écrit par mon auteure fétiche : Jennifer L. Armentrout. Pour ce qui est de mes habits, ma simple valise vert pomme a suffi. À petits pas, j'avance vers la fenêtre qui donne sur la rue et soupire en observant le ciel sombre. D'après ma mère, la plage est à une petite heure d'ici. Toutefois, l'hiver approche, les températures sont trop basses et nous ne pourrons sans doute pas en profiter. Au fond de moi, j'espère que nous aurons déserté cette ville bien avant l'arrivée des beaux jours. Un mouvement dans la maison d'en face attire mon attention. Comme la mienne, elle n'est pas très grande et les briques ont viré à la rouille. Une fille démon âge traverse le jardin en direction d'une voiture garée devant chez elle : un pick-up Ford à la carrosserie sombre. Elle a de longs cheveux blonds qui descendent jusqu'à sa taille, une robe rose

 – beurk ! 

– et en plus, elle rit aux éclats. Une vraie poupée Barbie. Dans l'obscurité, je l'imagine maquillée comme un clown et, à cette idée, mes lèvres s'étirent.

 En temps normal, je ne suis pas le genre de personne qui critique sans connaître, mais elle me fait penser à celles de mon lycée. Grande, à la mode, populaire : une peste. Elle grimpe dans le véhicule et échange un baiser avec le garçon qui se trouve au volant. Mes yeux s'écarquillent au moment où elle se place à califourchon sur lui et qu'il lui tripote les fesses. Reculant d'un pas, je n'arrête pas pour autant de les observer. Le chauffeur lui retrousse le bas de la robe pour lui caresser les hanches et mes lèvres s'entrouvrent. Jamais un garçon ne m'a embrassée, encore moins pelotée dans une voiture ! Je me demande ce que cette fille doit ressentir. Est-ce agréable ? Excitant ? Je devrais cesser de les espionner, mais j'en suis incapable... Vont-ils faire l'amour devant moi ?Soudain, le conducteur tourne la tête vers ma maison, lève les yeux en direction de ma fenêtre et croise mon regard. Je pousse un cri et me baisse à la hâte. Durant de longues secondes, je reste accroupie, la respiration courte.