Chapitre 14

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Jase ouvre la fenêtre de sa portière et appuie son coude dessus, très détendu. Le vent qui s'engouffre dans l'habitacle lui ébouriffe les cheveux. Il est beau. Très poliment, il est venu saluer ma mère. À son sourire, j'ai su qu'elle en a été ravie. Quand nous avons quitté la maison, elle a levé son pouce en signe d'approbation et j'ai eu du mal à ne pas glousser. Ensuite, avant que nous montions en voiture, Jase m'a ouvert la porte. Il a ainsi répondu à un des critères de ma mère : la galanterie.

— Tout va bien ? Tu es bien silencieuse. Mes yeux se posent sur lui. 

— Oui, ne t'en fais pas. Tu vas enfin me dire où nous allons ?Qui ne tente rien n'a rien, comme on dit. Il n'est pas prêt à cracher le morceau puisqu'il secoue la tête avec un air malicieux. Je lui tire la langue pour plaisanter et il rit de bon cœur. L'atmosphère est beaucoup moins tendue entre nous qu'avant.

 — Attends un peu, tu verras. 

La patience est loin d'être ma plus grande qualité. Mon cœur palpite. Je me sens vivante. Peut-être parce qu'avec Jase, tout est mystérieux et excitant. Et aussi parce que c'est la première fois que je sors avec un garçon. 

Les rues de la ville sont éclairées, les commerçants s'agitent et le soleil se couche. Après avoir contemplé ce spectacle, je constate que Jase se gare. Il regarde à travers les rétroviseurs et entame son créneau. Ayant l'habitude de son air suffisant et de son sourire narquois, le voir autant concentré est déstabilisant. Il finit sa manœuvre et me tapote la cuisse. 

— Allez, princesse, on sort.

Son geste ne me fait pas mal, mais un courant électrique traverse tout mon corps. Vais-je toujours ressentir ce genre de choses à son contact ? D'un pas peu assuré, je descends à mon tour. Après avoir verrouillé les portes, il range les clefs dans la poche avant de son jean sombre. 

— Tu as faim ? me demande t'il

 — Oui. Mon ventre gargouille, ce qui me vaut un rire moqueur de sa part. Nous nous baladons dans les rues de la ville, en silence. Ce n'est pas gênant, mais aucun sujet de conversation ne me vient à l'esprit. Il est bien plus doué que moi pour entamer la discussion.

 — Regarde, me dit-il tout à coup. 

Du doigt, il pointe un grand parc, entouré d'immenses barrières, à notre gauche, qui semble en cours de rénovation. Il est vide, terne, les arbres ont perdu leurs feuilles. 

— Cette année, la ville a investi pour qu'on ait une patinoire. Elle sera prête dans deux semaine

Mes yeux pétillent à l'idée de faire du patin à glace pour la première fois. 

— Tu as dû connaître ça à Central Park. J'imagine que la nôtre sera ridicule en comparaison. Je me force à rire. S'il savait que je ne suis jamais allée à New York de ma vie... 

— C'est sûr que ça ne sera jamais aussi bien. 

Mes dents mordent ma lèvre inférieure à cause de mon énième mensonge.

 Soudain, à l'ombre d'un arbre près d'un petit supermarché, j'aperçois la silhouette d'un homme. Il a les yeux braqués sur moi. Je me fige et n'ai pas le temps de l'identifier qu'il disparaît dans une ruelle. Qui est-ce ? Pourquoi me fixait-il ?

 — Tout va bien ?

Jase s'est arrêté lui aussi. Je lis la confusion dans son regard.  

— Oui, j'ai eu l'impression que...Un autre coup d'œil sous l'arbre, mais l'inconnu ne réapparaît pas.

 — Rien, oublie. Alors qu'il fronce les sourcils, je me replace à ses côtés pour marcher. Je me fais peut-être des idées, cet homme était juste là pour se promener. 

— Est-ce que ça te tente de manger italien ? m'interroge Jase. \

J'acquiesce d'un vif hochement de tête et il m'entraîne vers la terrasse couverte d'un restaurant où est disposée une dizaine de petites tables carrées, toutes séparées par des rangées de fleurs. Nous prenons place à l'une d'elles et Jase se saisit d'une carte pour lui et d'une pour moi. Un point en plus pour l'équipe galanterie. Je pose mes coudes sur la nappe à carreaux.

 — Prends ce que tu veux, c'est moi qui invite, m'informe-t-il. 

— Oh non, c'est gentil, mais j'ai de l'argent pour...

 Il lève la main et m'interrompt :

— Écoute, Malia, j'obtiens très souvent ce que je souhaite, ce n'est pas la peine d'insister.

 Pardon ? Le ton qu'il vient d'utiliser me déplaît. Son air sûr de lui est de retour, mais je m'abstiens de le remettre à sa place. Je n'ai pas envie de gâcher notre soirée, alors je me concentre sur la carte.

 Le serveur arrive au moment où mon choix est fait. Jase opte pour une pizza au fromage et moi des lasagnes. Une fois que nous nous retrouvons seuls, Jase me fixe intensément. Une étrange chaleur grimpe en moi. Je l'imagine en voyant valser la table qui nous sépare, m'attrapant par la nuque et déposant ses lèvres sur les miennes avec férocité. Il me porterait et me plaquerait contre le mur à notre gauche. Je jouerais avec ses cheveux, tandis qu'il soulèverait mon pull pour me caresser le dos. Puis, après cela il me...

— À quoi penses-tu ? me questionne-t-il avec un sourire coquin. Je me racle la gorge en retirant ce fantasme ridicule de ma tête.

 — Au fait qu'on ait de la chance qu'il ne fasse pas froid ce soir. Sa tête se renverse vers l'arrière et un son rauque lui échappe. Il ne me croit pas, c'est évident, mais tant pis.

 — Tu veux que je te dise à quoi j'étais en train de penser, moi ?Ce sourire qui lui va à merveille ne le quitte pas. Avec peine, je déglutis. 

— À samedi dernier, dans la cabane de Cassie. 

Tout à coup, je m'étouffe et porte la main à ma bouche. C'est ridicule de réagir ainsi, mais je ne m'y attendais pas. Le coin de ses lèvres s'élargit. Jouer avec moi lui plaît et mon attitude de petite fille n'arrange rien. 

— Je me rappelle cette façon que tu avais de fuir mon regard, la sensation de ta peau douce sous mes doigts, ce gémissement qui t'a échappé et tous ceux que tu as retenus. 

Les mains plaquées sur mon visage, je grogne de frustration. 

— Arrête de dire tout ça, le supplié-je. Aussi rouge que les carreaux de la nappe, je réalise qu'il est possible d'être excitée par de simples phrases. Il sait y faire ! Il a beaucoup d'expérience, alors que moi... N'ayant rien vécu de ce côté-là, les réactions de mon corps me surprennent encore.

 — Comme tu veux, mais je n'ai pas dit mon dernier mot. 

Je le supplie presque du regard de se taire et jette un coup d'œil autour de moi pour m'assurer que personne n'entende notre conversation. Mais les quelques autres clients sont absorbés par la leur. 

Le serveur réapparaît avec nos assiettes pour mon plus grand plaisir. Cette discussion est enfin terminée. Devant mes lasagnes, mon ventre gargouille à nouveau et je me lèche les babines. Jase commence à manger sa pizza et une idée me vient. Il a voulu jouer, c'est à mon tour. 

— Je te propose un truc.



Que peut bien être sa proposition???

Va t'elle acceptée sa requête???

ensemble nous découvrirons les réponses à ces questions dans le prochain chapitre.

sur ce... bon appétit 🥰🤗

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⏰ Dernière mise à jour : May 13, 2022 ⏰

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