❀Malaga, Espagne.
Plage de la Malagueta.
22h07.
Ivy
La douceur de ces millier de petits grains sous mes pieds me détendent enfin un peu. Ils contrastent avec mes sentiments.
La brise fraiche du soir ne manque pas de me faire quelques fois frissonner, j'aurais dû prendre un pull, mais j'apprécie trop sentir le vent contre ma peau pour ça. J'ai toujours aimé l'odeur de la mer et le bruit des vagues.
Après plusieurs minutes à contempler la vue, mes fesses trouvent enfin le sable. C'est le seul endroit qui réussit toujours à m'arracher un petit sourire. Mais aujourd'hui, pour la première fois, les choses sont différentes.
J'ai mal au cœur, je ressens comme un genre de pincement qui attaque chaque parcelles de mon corps. Je sens mes yeux s'humidifier, mais je ne pleure pas, je ne pleure plus depuis déjà longtemps. Peut-être que je devrais, peut-être que ça me ferait du bien. J'ai l'impression d'en être incapable.
En fait, je ne suis plus capable de rien aujourd'hui.
Je ne cesse de me demander ce qui est le plus difficile ?
Faire le deuil de ceux qui ne sont plus là, ou celui de ceux dont on réalise qu'ils ne l'ont jamais vraiment été ?
Je reviens à moi à cause de la vibration incessante de mon téléphone dans la poche de mon pantalon en lin blanc. Il adorait me voir porter du blanc.
La lumière de mon écran m'aveugle les premières secondes, mais je finis vite par m'y habituer.
« +34 : Je culpabilise de t'infliger ça. »
« +34 : Vraiment. »
« 34+ : Attend moi encore un peu Ivy. »
Le numéro n'est pas enregistré, mais je sais pertinemment de qui il s'agit, et ça me rend encore plus folle de rage. Au point de vouloir jeter mon téléphone dans la mer pour ne plus jamais recevoir ses messages.
Je suis envahi par les remords, par les regrets. C'est dur d'être celle qui s'est battue sans cesse en sachant pertinemment que ça n'en valait plus la peine. D'être celle qui a dû partir alors que tout son corps, toute son âme lui disait de ne pas le faire. Je voulais être aimé, mais par-dessus-tout, respecté.
Bercée par le bruit des vagues mes paupières se ferment et je tente de calmer cette douleur. Je reste un moment assise comme ça, je ne sais pas combien de temps, surement une heure, peut-être même deux.
Mais plus le temps passe et plus mon cœur continu à se serrer. Je me demande qui a vraiment été là pour moi. Le paysage ne me détend plus vraiment.
Assiégée par un mélange de douleur, de tristesse et de colère, j'ai l'impression d'être enfermée dans mes propres pensées.
Je paye aujourd'hui le prix de mon imprudence, à avoir posé les yeux sur lui. J'aurais dû partir, m'en aller dès la première fois. Mais je ne mesurais pas quelle serait la sentence pour avoir osé aime un homme comme lui.
Un ballon de plage qui percuta légèrement ma cuisse me fit revenir à moi, malgré l'heure tardive j'aperçois un petit garçon courir dans ma direction. Arrivé à ma hauteur je l'entends prononcer un petit « Excusez-moi madame ». Je me lève pour attraper le ballon et lui passer, je m'efforce de sourire pour l'assurer que ce n'est rien.
Mais avant que je n'aie le temps de prononcer quoique ce soit, une présence bouffa immédiatement tout l'espace autour de moi.
Je relève les yeux et je remarque immédiatement la sucette en forme de cœur pendre à ses lèvres.
Il est grand, tellement grand que j'ai l'impression d'avoir besoin de me casser la nuque pour apercevoir son visage. Les lumières de la ville autour de nous éclairent à peine ses traits mais ses iris sombres sont parfaitement détectables.
Je ne peux pas m'empêcher de le détailler, en passant par ses sourcils épais, son nez bossu et sa barbe. Je mentirais si je disais que je n'étais pas déstabilisé par sa beauté.
Nous nous fixons sans un mot. Pendant un moment.
Jusqu'à ce que la voix du petit garçon brise le silence.
-Tio elle ressemble à la fleur !
L'homme en face de moi baissa le regard vers le petit, j'aperçu un léger rictus étirer ses lèvres et il hocha légèrement la tête. Il fouilla dans sa poche arrière et quelques secondes plus tard je vis une fleur posé sur sa main.
Un hibiscus.
Il s'avança vers moi et ses doigts s'enfonça naturellement dans mes boucles pour y coincer la fleur. Son geste m'étonna mais je ne bougeais pas pour autant.
Mes yeux ne le quittent pas.
Pendant un instant, j'eu l'impression d'être seule avec lui sur cette plage. Je n'entendais plus le bruit de la mer et celui de la ville quelques mètres plus loin. Les vibrations de mon téléphone dans ma main n'avaient également plus d'importance.
En fait, plus rien n'en avait.
-On se reverra.
Sa voix basse me plonge dans un sentiment... agréable ?
Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, je ne sais pas pourquoi je ne pars pas, c'est comme si mon corps ne m'appartenait plus. Je ne suis pas à l'aise avec les inconnus habituellement. Mais lui, comme sorti tout droit d'un rêve, ne me procure aucune insécurité, au contraire.
Il s'abaissa pour porter l'enfant dans ses bras et les traits de son visage disparaissent assez vite sous l'obscurité de cette plage. Je le regarde s'enfoncer dans le paysage puis disparaitre totalement.
Troublée par ce qu'il vient de se passer, je reste debout à repenser à la sensation de son geste doux dans mes cheveux.
Je me surprends à murmurer doucement « je l'espère ».
Parce que pendant un instant, grâce à lui, je crois que me sens bien.
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PARA TI
RomansaIvy, certaine d'être passé au dessus du plus douloureux chapitre de sa vie ne s'attends pas à ce que l'avenir lui réserve. Son avenir se nomme Marco Alcaraz, dangereux chef du Cartel des Razco. Deux âmes tourmentée. Des liens puissant. Une question...