PARA TI

Chapitre 5

Bonne lecture 🤍.

IVY

Le moment que je redoutais le plus venait d'arriver.

Celui que j'avais espéré éviter à tout prix était là, debout devant moi, avec ce même sourire suffisant. Isaac. L'air autour de nous semblait se figer, l'atmosphère devenant lourde et étouffante. Je sentais mon cœur s'emballer et mes mains trembler légèrement sous la table. Il n'avait pas changé. Si ce n'est qu'il était désormais un homme, plus grand, plus musclé, toujours aussi séduisant, mais tout aussi dangereux à mes yeux.

Isalia, assise à côté de moi, avait perçu mon trouble. Je ne pouvais même pas lui jeter un regard, trop concentrée à essayer de garder contenance face à lui. Isaac me fixait de ce regard assuré.

Il avait toujours ce charme insolent, cette manière de prendre de la place sans effort.

Je savais que sous cette apparence parfaite, il restait le même. Il y avait quelque chose de glacial dans son sourire, quelque chose qui me ramenait en arrière, là où je ne voulais pas retourner.

Avant que je puisse dire quoi que ce soit, avant même que je trouve les mots, Isalia prit la parole, brisant le silence pesant. Sa voix était tendue, pleine de défi.

-Isaac. Qu'est-ce que tu fous là ?

Elle ne mâchait pas ses mots, pas avec lui. Ses yeux, d'un noir profond, le fusillaient du regard. Elle se redressa légèrement sur sa chaise, comme si elle se préparait à un combat. Je savais que ce n'était pas juste une question anodine. Elle lui demandait pourquoi il osait se pointer devant nous après tout ce qui s'était passé, après tout ce qu'il m'avait fait. Elle ne le laisserait pas s'en sortir facilement.

Isaac, fidèle à lui-même, ne perdit pas une once de son arrogance. Il tourna son regard vers Isalia, ses lèvres se retroussant en un sourire narquois. Il adorait ce genre de confrontation. Ça le nourrissait, comme si chaque échange lui permettait de s'élever au-dessus des autres.

-Toujours aussi vive, Isalia, répondit-il avec une légèreté qui me mit mal à l'aise. Calme-toi, je fais que passer. J'ai bien le droit de profiter d'un déjeuner tranquille, non ?

Isalia serra les mâchoires, visiblement à deux doigts de perdre patience. Mais elle restait immobile, se contentant de le fixer avec cette rage contenue. Elle n'avait jamais craint Isaac, même à l'époque.

Contrairement à moi, elle ne s'était jamais laissée impressionner par son charisme ou par ses jeux d'esprit. Et aujourd'hui, rien n'avait changé.

-Un déjeuner tranquille ? ricana-t-elle. C'est une blague. Depuis quand tu fais dans le tranquille toi ?

Il haussa un sourcil, faussement surpris, avant de poser enfin ses yeux sur moi. Et là, le temps sembla s'arrêter. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine, et je sentais mon souffle devenir plus difficile à contrôler. Ce regard... celui-là même qui, par le passé, avait su me déstabiliser, me briser.

-Ivy.

Il avait cette manière de prononcer mon prénom, comme s'il savourait chaque syllabe prononcées.

Il s'arrêta un instant, son regard glissant lentement sur moi, comme s'il me détaillait de haut en bas. Je sentais son regard insistant sur ma silhouette, et mon estomac se tordait. Il ne faisait aucun effort pour cacher son air appréciateur, comme s'il se régalait de me voir mal à l'aise. Il esquissa un sourire en coin avant de lâcher, sans la moindre gêne :

-T'as bien changé, Ivy. Encore plus belle que dans mes souvenirs.

Ces mots m'étouffèrent. Mon souffle se bloqua dans ma gorge, et je sentis mes joues brûler de gêne. Je ne savais plus où me mettre, incapable de soutenir son regard. Je détestais qu'il parle de moi de cette façon. Et pourtant, je n'arrivais pas à réagir. Il avait toujours eu cet effet sur moi, comme s'il avait le pouvoir de me réduire au silence.