PARA TI

Chapitre 11

Bonne lecture 🤍.

MARCO

La sucette tourne lentement entre mes dents, comme une habitude. Un mouvement régulier, presque absent, tandis que je laisse mon regard se perdre sur les larges baies vitrées. Mon pieds croisé sur mon genou se balance légèrement à un rythme régulier.

La lumière du début de journée qui se glisse dans la pièce va bientôt devenir aveuglante si ces rideaux ne sont pas tirés.

J'ai une sale migraine aujourd'hui.

Elias est accoudé sur le canapé d'en face, les bras croisés, un regard pensif accroché à moi.

— Qu'est-ce que tu comptes faire avec la fille maintenant que Lucia s'en mêle ?

Je laisse passer un moment, à tourner la sucette à l'intérieur de ma bouche. Cette lumière qui se glisse dans la pièce m'irrite de plus en plus.

Pour ne pas dire, elle me pète les couilles.

J'abandonne ce petit goût sucré pour encrer mon regard dans celui de mon beau frère.

— Lucia ne change rien à la donne.

Il connaît Lucia autant que moi, et il sait qu'elle ne lâchera pas facilement. C'est sa force et sa faiblesse à la fois. Mais la question ne m'intéresse pas. Pas vraiment. Elle n'a qu'une influence limitée. Ce n'est pas elle qui a le dernier mot.

— Elle ne lâchera pas l'affaire, tu la connais.

Je m'en branle.

— Hmm.

Un claquement sec de talons résonne dans le couloir et attire mon attention un bref instant. Lucia entre dans le salon comme une tempête. Elle s'arrête au milieu de la pièce, mains sur les hanches, le menton légèrement relevé, et nous fixe d'un regard déterminé.

— C'est bon ? Vous avez fini de parler de moi ?

Elias laisse échapper un léger rire, un rictus qui trahit son amusement sans vraiment briser son masque froid.

Je fais tourner la sucette entre mes dents, mon regard indifférent retournant vers la fenêtre.

— Continue comme ça Elias, et je divorce direct.

Un éclat de rire éclate dans la pièce, puissant et moqueur. Je n'ai pas besoin de tourner la tête pour savoir de qui il provient.

Ricardo, fidèle à lui-même, est debout dans l'ombre de l'encadrement de la porte, hilare, visiblement ravi de se mêler au « conflit ».

— Le mariage n'aura même pas tenu une semaine, putain, je crois que c'est vraiment une première.

Je repose ma cheville sur le sol, me redressant légèrement, observant ce spectacle comme si je n'en faisais pas vraiment partie. Ricardo continue de se marrer bruyamment, s'amusant de la scène sans aucune gêne, tandis que Lucia, poings sur les hanches, fixe Elias avec cet éclat de défi qui ne la quitte jamais vraiment quand elle est avec nous.

Elias, malgré le rire de Ricardo, reste impassible, presque amusé lui aussi, mais avec cette froideur calculée que je reconnais. Il est bien trop sûr de lui pour se laisser perturber par les provocations de Lucia. Il la connaît mieux que quiconque dans cette pièce, et il sait que derrière ses paroles, ses menaces et ses piques, elle pourrait tuer pour chacun de nous.

— Un conseil, Elias, souffle Ricardo en ricanant encore, c'est maintenant que tu devrais commencer à rédiger les papiers, tant qu'elle est encore à peu près calme.