L'Église des morts-vivants

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Ce furent les rayons de soleil qui vinrent le réveiller. Il cligna des yeux et inspira profondément, essayant de revenir à la raison. Quand il tenta de se relever, il fut vite déçu, car d'énormes chaines l'entravaient. Il en comptait au moins trois. Aussi, il était attaché au mur du fond par les chevilles.

Le pèlerin tenta de ramener ses souvenirs à la surface de sa mémoire. Il se rappellait vaguement des voix qui avaient fusées dans sa tête alors qu'il passait les portes de l'église. Il avait reconnu la voix qui lui avait parlé alors qu'il se battait dans le cachot contre les autres fous. La deuxième était similaire mais semblait plus claire, moins caverneuse.

Ce fut à ce moment que le son d'une personne qui marche le ramena complètement à la réalité. En fait, il semblait y avoir trois personnes. La première qu'il put voir était un grand garde avec une belle armure. Il se posta au bord de la volée de marches. Il ne l'avait pas vu probablement parce qu'il était couché au sol. Après le garde apparu un homme encapuchonné qui transportait un plateau qui diffusait une senteur qu'il n'avait plus senti depuis bien longtemps: de la nourriture. Finalement, un grand personnage habillé d'une grande toge noire comme la nuit dont le visage était caché par un masque de métal déverouilla sa cellule et s'accroupi à ses côtés.

-Veuillez pardonner la rudesse des gardes, mais cet endroit est un sanctuaire de repos et de paix. Votre entrée était, disons, fracassante et malheureusement pour moi, salissante. Je n'ai donc pas eu le choix. Mais que cela n'importe, je ne vous en veux pas. Je sais reconnaitre une pauvre âme en détresse quand j'en vois une.

Le pèlerin écoutait attentivement le personnage, mais il entendait aussi l'autre homme encapuchonné parler à côté, probablement dans cellule voisine.

-Ah! Mais j'en oubliais presque mes manières, pardonnez-moi, dit l'homme en se relevant. Je suis Oswald de Carim, le confesseur. Vous êtes un ami. Pour vous, un accueil chaleureux. Vous pouvez vous confesser, ou accuser peut-être, car en effet, tout péché est mon domaine.

Un second problème à l'horizon pensa le pèlerin. Il fallait que la religion vienne se mêler à tout cela.

-J'ai cru comprendre par votre apparence que vous étiez un autre de ces "morts-vivants choisis". Et que vous veniez en Lordran dans le but d'accomplir la fameuse prophétie qui vous révèlera la destinée des morts-vivants. Je suis désolé de vous apprendre que je doute très fort que vous soyez différent de ceux qui sont venus ici avant vous. Surtout avec la façon dont vous semblez contrôler votre Sombre Signe, je doute fort que vous alliez loin d'une quelconque façon. Je vous conseille de renoncer à cette quête. J'ai une offre à vous faire: Si vous payez 500 pièces d'or maintenant, je vous libérerai sur le champ et vous serez libre de faire ce que bon vous semble. Dans le cas contraire, je serai obligé de vous faire emprisonner pour protéger cette ville de votre malédiction.

Le pèlerin fronça les sourcils et fixa le prêtre avec une détermination qui aurais fait reculer n'importe quel homme. Mais le Grand Prêtre en avait vu d'autres. Peu impressionné, Oswald reprit:

-Ainsi, vous semblez décidé. Très bien, j'aurai tenté de vous aider, mais apparemment, la folie s'est déjà chargée de vous, si vous voyez ce que je veux dire. Enfermez-moi cet homme et ne lui apportez rien sous aucun prétexte, à moins qu'il vienne directement de ma personne.

Le garde acquiesça avec un mauvais sourire et ferma la porte à clé derrière le prêtre. Le trosième homme descendit lui aussi les marches dernière son supérieur et tout trois disparurent de la vue du pèlerin.

Quand tout les bruits furent étouffés, une voix demanda:

-C'est vrai? Tu es un Choisi?

La voix semblais venir d'à côté. Probablement la personne qui croupissait dans la cellule adjcente. Le mort-vivant ignora l'autre détenu et se concentra sur une façon de sortir de sa cellule. Sans but sur lequel se fixer, il commencerais la longue descente vers la folie, le Sombre Signe brûlant chaque parcelle de lucidité avec l'assurance d'un grand feu.

-Tu as une humanité, n'est-ce pas? reprit l'homme. Je l'ai senti quand il t'on mit dans ta cellule. Si tu veux, je peux t'apprendre comment retarder ton destin et même de redonner ton aspect humain.

Une bouffée d'espoir envahit le mort-vivant, faisant frémir le Sombre Signe de dégoût. Il se tortilla pour atteindre la poche où il avait prestement rangé la précieuse pierre quand les gardes l'avait arrêté. Il arriva finalement à l'attraper et la cacha au creux de sa paume. Il sentait déjà les pulsions réconfortantes se distribuer dans sa main.

-La façon d'absorber l'humanité est simple: il faut l'écraser avec sa main, comme si tu souhaitait froisser une feuille de papier.

Le pèlerin s'exécuta. La pierre résista peu et le pèlerin senti l'humanité se changer en poudre qui se dissipa dans l'air. Sa main gratta l'air pour rattraper la poudre qui partait au gré d'un vent que seul elle perçevait.

Il avait fait quelque chose d'incorrect, il avait pulvérisé ses dernières chances de retarder la folie.

-Tu devrais te sentir mieux maintenant.

Bêtises! Il avait aveuglément obéi à un inconnu pour répondre à cette stupide envie de redevenir humain. Être mort-vivant n'était pas si désagréable, au moins il n'avait pas à boire ni à manger. S'il voyait un jour la face de cet impertinent qui s'était moqué de lui, il lui arracherait la face avant de lui déchirer les entrailles avec ses dents!

Puis, au milieu de ses pensées rageuses, il remarqua que le brouillard omniprésent qui flottait dans son esprit depuis si longtemps semblait moins lourd. Calmant son esprit, il tenta de faire le vide et perçu un différence notable dans sa lucidité. Il se sentait bien, presque vivant. La folie semblait avoir perdu son avance.

-Il ne te reste qu'un chose à faire si tu veux redevenir humain. Tu dois trouver un Feu, prendre la poignée de l'épée et laisser sa chaleur nourricière prendre la place de la poudre noir qui circule maintenant dans ta tête.

L'homme rit tout bas, puis continua, mais semblait se parler à lui même plus que d'autres choses.

-Oui, c'est tout simple, mais tellement important dans nos vies n'est-ce pas? Pourtant j'en connais plus d'un qui ignore même l'existence du Signe, alors que celui-ci se propage de plus en plus vite à travers le monde des hommes.

Éventuellement, la journée passa sans que les deux prisonniers se reparlent. La clareté déclina et les bruits de la ville s'en furent avec elle. Le cachot n'étant pas éclairé, le pèlerin se retrouva très vite dans le noir. Il entendait son compagnon de cellule marmonner dans son coin, probablement en train de chuter vers une longue et pénible démence.

Les solutions s'amincissaient avec le passage des minutes. Chaque solutions qu'il parvenait à échaffauder se heurtait à un problème capital: Il était entravé et n'avait aucune façon de se défaire de ses liens. S'il parvenait à résoudre ce problème, le reste serait relativement aisé à mettre en action.

Mais briser ses liens était infaisable. C'était de bonnes chaine de bonne qualité. Même chose pour les cadenas. Sa seule chance était d'arracher les chaines du mur. Il avait tenté de la faire, sans résultats.

À mesure que son espoir de sortir diminuait, il sentait l'ombre menaçante de la folie reprendre le dessus sur son esprit déjà affaibli. Mais à cet instant, un bruit de clé qui déverouille une porte en cachette cliqueta et chassa les ombres de ses pensées.

Quelqu'un approchait et ne tenait pas à se faire entendre et les choix qui pousseraient quelqu'un à venir se cacher avec les prisonniers se résumaient à une seule possibilité: On venait les libérer...

Dark Souls/Sombre ÂmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant