Dark Souls/Sombre Âme

l'Asile

Depuis combien de temps était-il là? Combien de jours, de mois et d'années étaient simplement passés devant sa fenêtre sans qu'il ne s'en rende jamais compte? Seul dans sa cellule, il attendait simplement une fin qui tardait à venir. Ici, deux options se présentaient. Soit on devenait "vide" ou "creux", soit le monde s'écroulait, engloutissant chaque forme de vie.

L'asile était relativement silencieux, à part les autres résidents devenus creux qui étaient alors parfois pris d'une vague de folie hurlante.

Il attendait toujours cette folie, qui semblait rechigner à venir le chercher, comme s'il ne possédait pas les qualités requises. Il sortit une nouvelle fois de ses pensées alors qu'un voisin faisait du boucan en se frappant la tête contre le mur. Bouger ne donnerait rien et il avait depuis longtemps oublié comment parler. Il changea légèrement de position pour se remettre confortable.

Puis, un bruit particulier attira son attention. Un bruit étranger, comme un loup au milieu d'un groupe de mouton. Tout à coup, une partie du plafond s'effondra avec fracas et un corps s'écrasa face contre terre. Il leva la tête lentement, toujours à la recherche d'une explication et croisa le regard de quelqu'un qu'il n'avait jamais vu ici. Il portait un casque de chevalier qui cachait entièrement son visage. Alors que les deux personnages se jugeaient solennellement, le chevalier se tourna, comme surpris, vers la droite et une énorme masse noire passa et bloqua la lumière du trou. Quand elle revint, le chevalier avait disparu.

Le mort-vivant s'intéressa alors au corps que le chevalier avait lancé dans sa cellule. Il se leva et alla inspecter le corps. Alors qu'il se levait, son armure émit un petit bruit, tandis que les quelques plaques de métal frottaient le cuir.

Il ressemblait à n'importe quel autre mort-vivant de l'asile, mais tenait quelque chose dans sa main gauche. Il s'approcha et ouvrit la main du cadavre. À l'intérieur se trouvait une petite clé à la pointe finement sculptée: un "T" dont le dessus était pourvu de dents carrées.

Qui était ce chevalier? Quel était son but en lui donnant cette clé? Quelque chose d'assez intriguant pour qu'il cherche des réponses.

Il prit la clé et s'avança lentement vers la porte de sa cellule. Après un moment d'hésitation, il inséra la clé dans la serrure et tourna. La serrure résista très peu et finit par se débarrer. Toujours très méfiant, le mort-vivant poussa la porte, qui tourna avec un grincement. Avec un petit serrement au coeur, s'il lui en restait un, il quitta sa cellule et s'engagea dans le couloir.

L'éclairage était produit par de multiples torches le long des murs. Alors qu'il faisait ses premiers pas dans l'asile depuis son entrée, il regarda les cellules voisines, car il n'avait pu les voir étant donné que la sienne était la dernière au fond du couloir. Il n'avait jamais trouvé sa situation déplorable et il en avait la preuve. Les autres morts-vivants étaient tous en haillons et peu d'entre eux semblaient encore sains d'esprit. La majorité se tenait la tête entre les mains ou gardait le regard perdu dans un univers d'où ils ne sortiraient jamais.

Le mort-vivant continua son chemin. Après une dizaine de mètres où s'enchaînaient sans interruption des cellules, il arriva dans une petite salle. Elle n'avait rien d'intéressant, sauf un fou qui était assis au fond de la pièce, appuyé contre le mur. Il y avait environ vingt centimètres d'eau au fond de la salle, mais elle possédait une petite surélévation, ce qui évitait au mort-vivant de se mouiller les pieds. Il se tourna pour continuer, mais reçut un poids dans le dos et en un instant, il fut au fond de l'eau. Il sentait un poids sur sa poitrine et une douleur étrange au niveau du cou. Il alla vérifier, seulement pour découvrir deux mains qui s'efforçaient de serrer son cou. Alors il comprit; un de ses voisins de cellule tentait de le tuer. Sentant qu'il ne tiendrait pas très longtemps plongé sous l'eau, il battit des bras pour trouver de quoi se défendre. Ses doigts se refermèrent sur quelque chose dur. Il la saisit de toutes ses forces et l'envoya à la face de l'autre mort-vivant. La pression se relâcha et il sentit un remous à sa droite. Il sortit vivement la tête hors de l'eau et regarda son agresseur. Celui-ci gisait dans les quelques centimètres d'eau. Il tenta de le retourner pour l'examiner. Il l'agrippa par les haillons et le sortit de l'eau. Il chercha ses yeux, mais les trouva un peu plus loin avec le reste de sa tête d'ailleurs. Lâchant le corps, il regarda sa main gauche et se rendit compte qu'il tenait une épée brisée. Décidant qu'elle ne pouvait pas lui être néfaste, il la garda.