L'aqueduc semblait déboucher directement sur le quartier militaire de la ville, car le mort-vivant ne vit aucun citoyen, seulement des archers occupés à surveiller les alentours. On le fit entrer dans un grand bâtiment, passant une lourde porte grillagée. Les trois gardes qui l'accompagnaient le firent descendre de force les marches jusqu'au dernier étage. Là, ils ouvrirent la porte d'une cellule et le jetèrent sans ménagement dedans, mais pas avant de l'avoir dépouillé de ses possessions.
Alors voilà, il avait échapé aux griffes d'un démon et fait un long trajet dans les serres d'un corbeau pour finalement se retrouver une nouvelle fois prisonnier. Quelle pauvre vie!
Mais il n'eut pas à attendre longtemps pour trouver quelque chose pour s'occuper, car à peine les railleries des gardes eurent-elles disparues qu'une forme bougea dans l'ombre de sa cellule et fonça vers lui. Avec une grâce féline, il se releva et agrippa le bras de celui qui l'attaquait et utilisa son élan pour l'envoyer au mur.
Voilà donc ce qu'était la cellule numéro un. L'endroit où l'on enfermait les morts-vivants devenus fous. Combien d'autres pauvres âmes étaient-elles prisonnières comme lui? Il se rendit alors compte que les escaliers débouchaient directement sur la cellule et que celle-ci occupait toute la surface du dernier étage de la tour. Alors que le fou heurtait le mur, produisant un lourd son mat, le reste des occupants de la salle se réveillèrent, attirés par le nouvel arrivant qui avait encore son humanité.
Les cris de gorge se firent entendre jusqu'à l'extérieur, donnant le départ aux paris quant au temps que tiendrait le nouveau. Certains affirmaient qu'il ne tiendrait pas plus longtemps que les précédents, alors qu'un ou deux semblaient avoir remarqués qu'il était très bien équipé lors de son arrivée et qu'il pourrait rester debout longtemps.
En bas, les aliénés avaient coincé le pèlerin dans un coin de la salle. Celui-ci se tenait sur la pointe des pieds et attendait patiemment que le premier fasse un mouvement décisif. Poings levés, il laissait son regard changer de cible, mesurant la distance qui les séparait. Dans un grand cri, un premier fou se jeta sur le pèlerin. Préparé, il déplaça légèrement son corps et envoya un solide coup de poing à la tempe du mort-vivant. Le coup résonna si fort que tout les autres morts-vivants reculèrent d'un pas alors que le malchanceux fut envoyé tête première dans le mur. Le sang gicla et vint couvrir le torse du pèlerin. C'est alors que tout les aliénés chargèrent leur proie.
Le pèlerin tourna sur lui-même et donna un violent coup de talon au plus proche fou, l'envoyant valser dans le groupe, jettant plusieurs d'entre eux au sol. Les quelques fous toujours en pleine course furent accueillit par une série de puissants et précis coups de poings à toute région du corps découverte.
Le Sombre Signe se mit alors à battre comme jamais. C'était bien plus puissant que ce qu'il avait ressentit à l'asile. Il renversa la tête à son tour et poussa un cri si puissant que les barreaux en geignirent. Puis, ce fut son tour d'attaquer. Il fut sur le plus proche fou en deux pas. Il lui saisit la figure et fonça vers un mur opposé où il éclata sa prise comme une vieille pastèque. Lâchant un deuxième cri animal, il se retourna et chercha une autre victime. Deux fous avançaient vers lui. Il en disposa en quelques coups bien placés à la tête. Il sauta sur l'un d'eux toujours au sol et le piétina jusqu'à ce qu'il cesse de remuer. Le plaisir que lui procurait le combat frisait la folie et sa vision se brouillait, troublé par une joie malsaine de goûter à la violence du monde.
Sans se douter du carnage qu'occasionnait leur prisonnier en bas, les gardes écoutaient et essayaient de deviner quelles parties du corps venaient de se faire arracher. Mais habitués au cris de leur «combattant» favori et se rendant compte que certains manquaient au combat, certains émirent l'idée d'aller vérifier ce qui se passait en bas. Généralement acceptée, on envoya deux soldats au fond de la tour. Ils furent de retour après quelques secondes seulement, comme si le fouet des dieux eux-même était à leurs trousses.
-C'est un démon, j'en suis sûr, dit le premier.
-Virez-le moi d'ici et envoyez-le voir le prêtre pour le donner en pâture au Taureau.
Les gardes essayèrent de calmer les deux hommes, alors que d'autres partirent voir ce qui se passait réellement en bas. Alors qu'ils descendaient les marches, l'odeur de la viande leur parvint. Finalement, ils ouvrirent la porte et virent ce qui avait traumatisé les deux gardes. Le mort-vivant qu'ils avaient emprisonné quelques minutes plus tôt se tenait debout au milieu de la pièce, entouré des restes des autres occupants. Son corps était couvert de sang fumant et ses yeux étincellaient d'une lueur malveillante. Seulement, il restait là sans bouger, comme si rester vivant semblait demander toute l'énergie de son corps. Le plus grand garde prit son courage à deux mains et sortit ses chaines pour entraver le prisonnier. Même à l'approche cliquetante du garde, le pèlerin ne bougea pas.
Il était loin de son corps. Il semblait baigner dans une sorte d'océan de noir. Au milieu de ce chaos tourbillonnant, il distingua une voix qui s'adressait à lui.
-Salutations, guerrier mort-vivant. Je peux te guider, te montrer la vérité, Si tu peux me trouver, je te la partagerai sans sentiment, car je sens que tu es celui qui pourra m'aider, bien plus que les précédents. Tu dois trouver la porte des Abysses. La tâche ne sera pas facile et tu devra vaincre tes prédécesseurs pour me prouver ta valeur. N'oublie pas: Tu dois trouver la porte des Abysses.
Chassant ces divaguations, le pèlerin tenta de revenir à sa raison, car il ne sentait pas très bien. Il se souvenait à peine de son combat dans la cellule du fond. Une lumière le ramena lentement à la raison.
Il était enchainé dehors, à un poteau, aveuglé par les reflets des multiples lances pointées dans sa direction. Le capitaine parlait aux gardes. Il porta une oreille à leur conversation.
-Vous l'avez trouvé comme cela? Seul et couvert de sang?
-Oui monsieur, fit l'un des gardes. Deux des hommes auront besoin de soins.
-Pardon?
-Ils sont descendus seuls et sont remontés complètement chamboulés de leur visite.
Le capitaine resta pensif. Il observa le mort-vivant à moitié mort qui avait fait pâlir deux de ses meilleurs soldats juste en les regardant. Il lui retourna son regard. Le capitaine était un homme qui n'était pas né dans la région, de toute évidence, à moins que tout les gardes ne le soient et que lui, oui. Très bien bâti, le visage carrée, il avait de quoi faire peur.
-Je vais aller en parler au Grand Prêtre. Les morts-vivants dans son genre sont dangeureux...

VOUS LISEZ
Dark Souls/Sombre Âme
FanfictionDurant l'Âge des Anciens, le monde était informe, couvert de brume; une vallée de fissures grises, d'arbres géants et de Dragons Éternels. Puis vint le feu. Avec lui, vint la disparité; chaud et froid, vie et mort et évidemment, Lumière et Ténèbres...