CHAPITRE 2

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Elle se réveilla au son de son réveil. Elle descendit dans le salon, où se trouvaient déjà ses deux colocataires, Zaria et Anya, essayant désespérément de se réveiller avec une tasse de café fumante.

— Salut les filles, bien dormi ? Lança-t-elle joyeusement

Seuls deux grommellements lui répondirent. Bon, message reçu, la dose de caféine n'avait pas encore atteint leur sang, pas la peine d'espérer obtenir une conversation avec elles. Elle se servit en céréales et en lait, prit quelques tartines qu'elle beurra de beurre salé avec en prime de la crème de marron et dégusta le tout. Elle observa ses deux colocataires, tout en mangeant, attendant patiemment que le café fasse son effet.

Zaria, qui portait bien son prénom tant elle était belle, tenait une petite boutique de lingerie fine et tout ce qui allait avec. Elle avait une personnalité exubérante et beaucoup de sensualité à revendre, ce qui expliquait pourquoi elle ne restait jamais longtemps célibataire. Toutefois, elle atteignait sa troisième semaine de célibat, un véritable exploit, qui expliquait sans doute les cernes sous ses yeux. Elle n'arrivait pas à dormir seule. Anya, dont le nom complet était Anastasia, était son parfait contraire, d'une nature calme et réservée, elle était en dernière année de médecine, à l'université de Gorod. Elle souhaitait devenir chirurgienne en pédiatrie.

Elles s'étaient rencontrées dans un bar, peu de temps après l'arrivée de Cléo à Strania, trois années plus tôt. Zaria s'y était fait agresser et Cléo en bonne justicière avait appréhendé le gars pendant qu'Anya s'était précipitée vers la victime à terre pour s'assurer qu'elle allait bien. Elles s'étaient ensuite revues et elles avaient toutes les trois tout de suite bien accroché.

Cléo vivait seule, à l'époque, dans cette grande maison, près de l'université et pas trop loin du travail de Zaria, elle leur avait donc proposé de faire une colocation à trois, pour alléger leur frais et lui permettre d'avoir un peu de compagnie. Depuis, elles ne s'étaient plus jamais quittées.

Cléo vit au sourire radieux que lui lança Zaria et au timide « salut » que lâcha Anya que la sacro-sainte dose de leur précieux breuvage avait enfin accompli son travail.

— Hé, Anya, tu connais Sandra Miller ? Lança-t-elle.

Elle n'en était pas sûre, après tout, la victime était en littérature, pas en médecine, mais elle avait besoin d'apaiser quelques craintes, juste au cas où ...

— Non, pourquoi ? Je devrais ? Elle a un lien avec le sénateur Miller ?

— Non, non, je me posais la question, comme ça. Et oui, c'est sa fille.

— C'est une de tes « patientes » ? Lui demanda Zaria en mimant les guillemets comme elle aimait appeler les victimes qui avaient le malheur de finir sur sa table d'autopsie.

— Ouais, lui répondit-elle en touillant ses céréales dans son bol d'un air absent.

— Il lui est arrivé quoi ? Voulu connaître Anya.

— Beaucoup d'horreur, répondit-elle évasivement. Mais elle a été tuée et ramenée gentiment dans sa chambre d'étudiante, lavée, maquillée et habillée comme une parfaite petite mariée.

— Chaud, répliqua Anya.

— Que c'est aimable de la part du criminel d'avoir fait ça, enchaîna Zaria.

— Et elle était étudiante à l'université de Gorod ? Demanda Anya. Ça me fait penser à une légende étudiante de l'université qui raconte que le fantôme de Barbe-bleue possédait tous les sept ans un individu et qu'il tuait des jeunes filles après les avoir épousées. Mais les victimes possédées n'en gardaient aucun souvenir. C'est le genre d'histoire qu'on raconte le soir autour d'un feu de camp.

Misy Tantara HS - La clef des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant