CHAPITRE 19

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TW : Viol, violence physique, violence morale, sang, etc. 

Quand le soleil se coucha, Cléo pensa que son supplice serait enfin terminé, mais Lili se relaya avec son père. Et son calvaire recommença. Et ce fut encore pire.

Lili en la violant cherchait à faire réagir son corps. Elle s'enorgueillissait de la faire jouir contre son gré. Mais le Dr Grey qu'elle avait découvert s'appelait Christian, ce qui était très approprié compte tenu de la situation, avait-elle pensé sur le coup, lui, recherchait sa douleur. Il ne souhaitait qu'une chose, la faire souffrir et se faire plaisir.

Elle avait fini par comprendre que ses hurlements de douleur contribuaient à sa jouissance personnelle. Il l'avait attachée sur le lit, à plat ventre, mains dans le dos. Il s'était assuré que ses cuisses restent écartées grâce à une mâchoire d'acier dont les dents pointues lui mordaient les jambes à chaque fois qu'elle tentait de les refermer. Quand il laissa sa place à sa fille, elle était épuisée et complètement meurtrie. Son dos était en lambeau, son entre-jambe en sang. Tout son corps n'était que douleur.

— Le soleil est levé, mon chou, lui dit Lili. Je vais soigner tes petits bobos. Ça piquera un peu, mais ça passera vite, ne t'en fait pas.

— Pourquoi ? demanda-t-elle d'une voix faible.

— Pardon ?

— Pourquoi ? reprit-elle difficilement tant sa gorge lui faisait souffrir à force d'avoir crié. Pourquoi déteste-t-il autant les femmes ?

— Oh ! Et bien ça, il a retrouvé ma mère dans le lit de son meilleur ami le jour de leur 7ème année de mariage.

— Je vois, dit-elle en serrant les dents sous la douleur.

Elle n'avait plus la force de pleurer, de hurler ou même de se débattre tant elle était épuisée. Mais elle voulait savoir, avoir enfin les réponses qu'elle souhaitait ardemment.

— C'est pour ça les cadeaux. C'était un mémorial pour leur année de mariage ?

— Tu n'es finalement pas si bête, répondit-elle en gloussant, toujours concentré sur son rôle d'infirmière.

— Pourquoi la référence au conte de Barbe bleue ?

— Il adorait ce comte et il me le lisait toujours quand j'étais petite. Il trouvait que c'était approprié à la situation. Un homme ordonne à sa femme de ne pas entrer dans une pièce, mais lui donne accès à toutes les autres. Mais comme Eve dans le jardin d'Eden, elle désobéit. Et l'homme dut se résoudre à la tuer pour la punir, comme Dieu à condamné Eve à la mortalité.

— Et pourquoi l'université ?

— Et bien c'est là qu'ils se sont rencontrés.

— Qu'est-elle devenue ?

— Morte, évidemment. C'était notre première victime.

— Qu'avez-vous fait du corps ?

— Brûlé. En réalité, on a mis le feu à la maison où se trouvaient les deux corps et on a fait croire à un incendie. La couverture chauffante disjonctait souvent, c'est ce qui lui a donné l'idée pour maquiller le meurtre en accident. Papa a piraté son dossier dentaire et inversé son dossier et celui de Robert, son amant, pour qu'on pense que c'est lui qui était mort et non l'autre fils de pute. Ensuite, on a changé d'état et refait notre vie ici.

— Êtes-vous la réincarnation de Eve, Lili ?

— Mon Dieu, non ! Je suis Lilith, belle et resplendissante de jeunesse. Voilà, chantonna-t-elle ensuite, j'ai fini.

Elle la détacha ensuite et la retourna sur le lit. Elle l'y menotta, chevilles et poignets, avant de déposer la couverture sur son corps meurtri.

— Dors bien ma petite chatte, demain tu n'auras plus rien. Et on pourra tout recommencer à nouveau. Remède de grand-mère, ajouta-t-elle en lui faisant un clin d'œil avant de sortir de la pièce, la laissant seule dans le noir et le silence.

Elle tenta de fuir et se débattit de toutes ses forces, tentant vainement de défaire ses liens. Elle savait qu'elle ne devait pas abandonner. Mais rien n'y fit. Épuisée, démoralisée, elle savait qu'elle devait tenir. Pour leur dire. Il fallait qu'elle leur dise, à ceux qui viendraient, parce qu'ils viendraient, elle le savait. Elle devait leur dire pour Jack. Elle devait ...

Mais elle avait si mal. Elle avait si peur. Le noir de la pièce l'enveloppait. Il l'aspirait vers les méandres de son esprit. C'était si tentant. Et tellement facile d'abandonner. Il lui suffisait de fermer les yeux et de partir. Partir là où son esprit sera en sécurité. Là où elle ne sentirait plus la douleur. Là où elle pourrait enfin se reposer. Elle se retrancha derrière les fondations qu'elle avait jadis construites. Elle les avait conçues pendant les années de captivités et de sévices qu'elle avait vécu auprès de son père et des autres. Elle pensait ne plus jamais avoir besoin de se retrancher derrière, à nouveau, mais visiblement elle s'était trompée.

Elle s'endormit pour ne plus se réveiller. Mais à un moment, peut-être un soir ou même un matin, elle ne savait pas, elle se sentit soudain transportée ailleurs, comme si on la déplaçait. Et une voix chaude et masculine ne cessait de répéter de douces paroles à son oreille. Une voix qu'elle connaissait, mais dont elle ne se souvenait plus qui en était le propriétaire. Elle fut enveloppée dans quelque chose de doux et de chaud, qui lui faisait du bien. Tout lui paraissait lointain, les voix, les sons, les choses qui l'entouraient. Des visages inquiets se penchaient sur elle, mais elle ne les reconnaissait pas.

Elle voulait leur dire quelque chose, mais elle ne se rappelait plus quoi. Elle était bien là, enveloppée dans cette chaleur, loin de la douleur et de la peur, avec cette douce odeur riche et masculine qui lui parvenait jusqu'à ses narines. Tout cela lui procurait un sentiment de bien-être et de sécurité. Oubliant la réalité. Oubliant qu'elle venait d'être maltraitée et abusée. Oubliant jusqu'à son identité.

Oui, la seule chose qui comptait, c'était l'odeur de cet homme qui la tenait fermement dans ses bras, comme s'il avait peur qu'elle disparaisse, même si elle ne savait plus pourquoi. Elle savait qu'il était important pour elle, mais elle avait oublié pourquoi. Elle sourit à ce visage soucieux, au-dessus d'elle, et finit par s'endormir complètement, bercée par le son de cette voix qui avait su percer son brouillard.

Misy Tantara HS - La clef des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant