Misy Tantara HS - La clef des sentiments

CHAPITRE 11

Cléo se réveilla dans le lit le plus moelleux du monde. Quand elle se rendit compte qu'elle n'était pas seule, elle se redressa d'un bond et chercha désespérément son téléphone portable ou quelque chose lui permettant d'avoir de la lumière.

— Chaton, arrête de bouger, ce n'est que moi. On est dans une des chambres de la villa de Kaelen.

En entendant la voix familière de Maximilien, elle se calma aussitôt.

— Oh, dit-elle, je me suis endormie pendant qu'on discutait. Désolée. Vous avez trouvé une autre solution, du coup ? demanda-t-elle l'air de rien, persuadée d'obtenir une réponse négative.

— Oui et non, lui répondit-il, mais tu veux bien te rendormir, le soleil n'est pas encore levé, on en reparlera avec Kaelen tout à l'heure.

Sa réponse la surprit. Elle était contente qu'ils aient trouvé une alternative à sa mission suicide. Car, pour être honnête, elle n'était pas franchement enthousiaste à l'idée de servir d'appât pour coincer ce malade. Surtout qu'elle avait l'intime conviction qu'il en savait beaucoup plus sur elle qu'elle ne pourrait jamais l'imaginer. Elle était persuadée également qu'il avait réussi à trouver un moyen de les espionner. Mais elle ne savait pas à quel point il connaissait l'étendue de leurs projets. Et ça, ça l'agaçait beaucoup. Alors réussir à le coincer sans passer par la case « jouons les appâts », ça lui allait très bien.

Elle s'allongea confortablement pour laisser son compagnon dormir. Elle avait fini sa nuit et ne pourrait pas se rendormir malgré ce lit, si moelleux et douillet qu'il soit. Elle mit un de ses bras derrière sa tête et l'autre sur son ventre et fixa un point, dans le noir, au-dessus de sa tête, perdue dans ses pensées.

Elle était d'accord avec Maximilien, le criminel était beaucoup plus âgé que soixante neuf ans. Et elle pensait sincèrement qu'il avait un ou une complice. Après tout, l'une des précédentes victimes était ceinture noire de karaté. À moins d'être lui aussi un champion d'arts martiaux, il aurait eu beaucoup de mal à la kidnapper sans une aide extérieure. Sauf s'il avait utilisé la ruse, pour la droguer et l'endormir. Ce qui était tout à fait possible.

Mais la thèse du complice lui paraissait plus probante, et même si elle n'avait trouvé aucune trace de drogue dans son organisme, rien n'avait pu l'empêcher de le faire malgré la présence de son complice. Une victime inconsciente était plus facile à transporter que si elle se débattait vigoureusement.

Elle était lasse des incertitudes dans lesquelles les plongeaient cette affaire. Elle voulait des réponses et leur adversaire ne leur donnait aucun indice. Toutes leurs conclusions n'étaient qu'extrapolations basées sur de pseudos indices qu'ils avaient trouvés. Même le profil du tueur semblait incertain. Elle avait vraiment hâte que tout cela soit fini. À condition qu'ils arrivent à le coincer. Elle souffla d'exaspération et sortit du lit.

— Où vas-tu ? Lui demanda Maximilien d'une voix endormie.

— J'ai besoin de me défouler.

— Ne sort pas dehors.

— Je n'en avais pas l'intention. Il doit bien y avoir une salle de sport dans sa maison, vu comment il est taillé. Je vais aller transpirer un peu. Ça m'aidera à décompresser.

— D'accord. À tout à l'heure, alors.

— Oui, oui, à tout à l'heure.

Elle prit une douche rapide afin d'effacer toute trace des événements de la veille même si cela n'était pas très logique de prendre une douche avant de faire du sport puisqu'elle en reprendra une après. Elle observa ses jambes et ses bras tout écorchés et serra les dents quand l'eau passa dessus. Elle ne s'était vraiment pas ratée et avec du recul, elle se dit que sa réaction était quelque peu disproportionnée.