1er décembre 2537
C'est la première fois que j'écris depuis mon discours sous la voûte. Tout est terminé, l'Ordo a gagné. Nous sommes éparpillés dans la Cité et nombre d'entre nous sont morts. Notre rêve s'est écroulé en un instant tragique et nous ne nous remettrons jamais d'un tel coup. Le Galm-Soi ne sera jamais achevé.
Je reprends aujourd'hui la plume pour que quelque part subsiste une trace de notre histoire. Les Ordos travestiront la réalité en nous faisant passer pour des monstres et le peuple de la Cité fera son possible pour oublier jusqu'à l'existence de ceux qui détruisirent un Galm. Mais la vérité doit survivre. Cette entrée sera donc constituée de la description de l'intégralité des événements qui conduisirent à notre défaite ultime et à notre fuite vers la Cité.
Le 31 octobre 2537, j'ai demandé à réunir l'ensemble des Endos sous la voûte pour leur faire part d'une découverte majeure. Tosthe a validé ma demande et a immédiatement convoqué l'ensemble des directeurs et leur personnel, ainsi que ses Lecteurs et les Dissecteurs.
A 11h, je me tenais au pupitre, et toute l'assemblée m'observait, attendant mon discours dans une excitation palpable. Mais en lieu d'une quelconque avancée scientifique je prononçai mon accusation envers Tosthe, le déclarant coupable de trahison envers le Galm et de pratiques hérétiques obscures. J'invitai les directeurs à se rassembler dans le bureau du Gur où ils découvriraient les preuves de ses activités immondes. Je révélai que c'est Toshte lui-même qui m'avait invité à le rejoindre depuis ma nomination au poste de directeur et que j'avais bravement refusé au nom de la sainteté du Galm.
Mais alors que je m'attendais à un torrent de huées à l'encontre du vieux Gur, celui-ci se leva simplement de son siège et avec lui se levèrent ses Lecteurs. Puis les Dissecteurs le rejoignirent, ainsi que l'ensemble des directeurs qui n'étaient pas acquis à notre cause. Toshte fit un signe de la main, et deux Endos portant de longues matraques sortirent des rangs de l'assemblée et se dirigèrent vers moi. Un coup de leur bâton électrifié dans les jambes et je tombai à terre. Ils s'emparèrent de mes bras, me forçant à rester à genoux tandis qu'une dizaine d'entre eux continuaient à apparaître au milieu de la foule et à se diriger vers moi. Chacun portait une caisse plus ou moins grande, et ils déposèrent leur fardeau entre moi et les fidèles de Tosthe.
Ainsi les Gurs disposent d'une garde armée. Armée ! C'est une trahison envers les valeurs les plus fondamentales de la Cité et des Ordos et une preuve indéniable de la perversion de ces derniers. J'appris lors de mon procès qu'ils se font appeler les Immuni, les anticorps de l'Ordo, et qu'ils sont chargés de traquer et détruire toute hérésie en son sein.
-------------------- Note de Mirai : Sur les Immuni ----------------------
Je me dois de reporter les quelques informations que nous détenons sur les Immuni ici, car leur existence même est une monstruosité que les Gurs feront tout pour cacher aux yeux des Citoyens.
Chaque Immunus est un assassin surentraîné, une force de la nature contenue dans un corps gracile. Leurs muscles semblent faits de cordelettes d'acier se tendant par à-coups secs, produisant des mouvements à la fois saccadés et ultra-rapides. Tout porte à croire qu'ils sont recrutés très jeunes dans la Cité et que toute trace de leur existence passée est effacée. Compte tenu de leurs capacités physiques exceptionnelles, je pense qu'ils reçoivent diverses améliorations anatomiques au cours de leur vie : si cela s'avérait exact, ce serait la preuve ultime que l'Ordo détourne les offrandes de matière pour son propre intérêt. Indétectables, les Immuni portent la toge traditionnelle des Endos et rien ne permet de les différencier de leurs confrères à première vue. Mais ils dissimulent sous leur toge une sorte de matraque métallique, dont l'extrémité est le siège d'un intense champ électrique produisant des décharges d'éclairs dans l'air. La douleur est insoutenable. Le choc enflamme tous les nerfs à proximité du point d'impact et une sensation de brûlure électrique se répand par vague dans tout le corps. Les neurones musculaires sont saturés et ne transmettent plus, le corps est entièrement paralysé. On brûle de l'intérieur sans pouvoir bouger un membre, et on est comme emprisonné dans un monde de douleur, hors de la réalité.

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Anatomie Divine I - Les Études de Sheth
FantasyBienvenue dans l'univers d'Anatomie Divine et préparez-vous à vivre l'étrange récit de Sheth, le moine-chercheur de l'Ordo Hermétiste qui voulut offrir la divinité aux hommes. Les Études de Sheth constituent le premier roman d'Anatomie Divine, ouvr...