Impression soleil levant, C. Monet (4/5)

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Impression soleil levant, Claude Monet 

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TAEHYUN


IL ETAIT DIX HEURES. Alors que Kai recevait les clients qui faisaient des achats une heure avant la fermeture, j'étais en train de consulter le CV de Yang Jeongin. Ce garçon n'avait que dix-neuf ans et il avait d'ores et déjà accumulé plusieurs petits jobs dans des supérettes, des restaurants... Depuis mars, il n'était plus scolarisé. Il avait arrêté l'école dès la fin du lycée. C'était un passionné de musique et de dessin. Il était originaire de Busan. Sur sa photo, il arborait un visage souriant, doux et attendrissant. Il possédait le regard de quelqu'un qui persistait à garder espoir en dépit des obstacles auxquels il devait faire face. Ses yeux noirs inspiraient confiance. Ils étaient brillants, pleins de vie. Son appareil dentaire accentuait son caractère juvénile, et venait lui procurer une petite touche d'innocence. 

Sans prendre la peine de réfléchir une seconde de plus, je pris mon téléphone, prêt à annoncer à Yang Jeongin qu'il était engagé et que je devais le former pendant environ deux semaines. 

Il régnait dans la boutique un silence apaisant qui ne manqua pas d'être brisé par un petit bruit qui me fit comprendre que quelqu'un venait d'entrer. J'entendis Kai hurler. Je sursautai avant de courir le rejoindre.


Mon souffle se bloqua au fond de ma gorge.


Relevés en une queue de cheval, ses longs cheveux noirs étaient bouclés, et non pas ondulés comme d'habitude. Ses tâches de rousseur, ses grands yeux noisettes et brillants... En dépit des petites blessures qu'elle avait au visage, elle était encore plus sublime que la dernière fois que je l'avais vu. Son style n'avait rien à voir avec celui qu'elle arborait en temps ordinaires. Elle portait un sac à dos et non pas une pochette élégante. Adieu combinaisons sophistiquées, jolies robes longues et fleuries, en ce jour-là, elle avait opté pour un large t-shirt gris en dessous duquel elle portait un haut noir à manches longues, qui avait la particularité de posséder un col roulé qui dissimulait la totalité de son cou. Ses jambes étaient couvertes par un jean skinny sombre dont les déchirures laissaient voir les traces de sang séché sur ses genoux. Ses converses bordeaux et montantes étaient usées, et n'avaient rien à voir avec les jolies tennis qu'elle avait pour habitude de porter. 

Nos yeux se rencontrèrent. 

Elle avança vers moi en joignant ses deux mains, et avec un doux sourire aux lèvres. 


— Je suis vraiment désolée Monsieur Kang ! Le cours devait commencer il y a trente minutes ! 

— Attendez, c'est un prank ? lança Kai. 


Je voulais parler, mais aucun son ne sortit de ma bouche. Émotions fortes, insomnies et sous-nutrition ne faisaient pas bon ménage, et ça, mon corps ne manqua pas de me le faire comprendre. Mes oreilles se mirent à siffler avec force, me rendant ainsi complètement sourd. J'eus aussitôt l'impression qu'un comprimé effervescent était en train de se dissoudre au sein même de mon cerveau. En un moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le monde se mit à tourner autour de moi, avec une vitesse qui n'avait rien à envier à celle d'une toupie. Je voulais demeurer debout, mais c'était impossible. Alors, sans crier gare, mes yeux se fermèrent et mon corps se laissa tomber, prêt à s'écraser contre le sol. 

𝐒𝐘𝐌𝐁𝐈𝐎𝐒𝐄 | TXTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant