Chapitre 14

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Allongé au sol, la tête posée sur les genoux d'Ayo, le loup blanc se laissaient envahir par toutes sortes de sensations. Du bout des doigts elle dessinait ses contours, la ligne de sa mâchoire, son menton, l'arête de son nez, ses arcades sourcilières,... Loup blanc comprit le besoin d'avancer par étapes qu'elle lui expliquait souvent. Elle aurait commencé par ça il y a trois mois, il ne l'aurait jamais supporté.

Ayo lui expliqua chaque couture de son crâne, chaque connexion, mais aussi chaque lésion qu'elle décelait sous ses doigts experts. Par moment, il eut l'impression qu'elle faisait durer ses gestes bien plus que ce qu'un simple examen clinique ne l'imposait. Et il lui en fur profondément reconnaissant. Il se sentait renaître sous ses mains, prendre conscience de son propre corps pour la première fois depuis très longtemps.

Il fut tiré de ses pensées quand il sentit des larmes tomber sur son visage. Ayo venait de repérer l'emplacement des électrodes du conditionnement. Une, puis deux, puis trois. Il les laissa rouler sur ses joues avant d'éprouver une immense culpabilité.

- Tu... Pleures ?

- Excuse-moi. Je suis fatiguée et c'est très ... Intense.

- Je ne suis pas sûr de le mériter...

- De ne pas mériter quoi ?

- Tout ça. Toi.  Parfois, je ne comprends pas pourquoi tu t'occupes de moi...

- J'ai promis.

-Au diable cette promesse, s'emporta-t-il. Tu sais qui je suis et ce que j'ai fait... personne n'aurais jamais pu te demander ça....

Ayo pencha sa tete vers le loup blanc, une lumière violette irisait ses yeux. Il était temps. Alors elle prononça la phrase la plus destructrice qui soit pour eux et pria Baast pour qu'ils arrivent à la dépasser.

- Je connais le soldat, je sais qui il est, mieux que quiconque. Et pas parce que nous avons remonté le souvenir de tous ses meurtres. Je le sais parce que le soldat de l'hiver a tué ma mère.

Sans prévenir, une chappe en béton s'effondra sur Loup blanc, l'écrasant sur le sol, chassant tout l'air de ses poumons. Il sentit son sang quitter son visage.

- Je ..je suis... désolé..., Finit-il par balbutier

- Désolé de quoi ? continua Ayo d'un ton égal. Je ne te demande pas pardon pour le bras que tu as perdu, ou parce que Loki a décidé d'envahir New York. Tu n'as pas à t'excuser pour ce qu'un autre a fait.

Loup blanc se redressa, en proie à une crise de panique. Il ferma les yeux, tenta de réguler sa respiration. Il mordit sa lèvre, serra le poing.

- Regarde moi.., dit Ayo.

Il ne bougea pas, terrassé par la culpabilité et la honte. Parmis toutes les victimes qu'ils avaient évoquées ensemble, l'une d'elle était sa mère ?

- Regarde-moi, répéta Ayo en posant sa main sur son épaule.

Avec douleur, il se retourna et glissa ses yeux dans les siens.

- Comment t'appelles-tu ?

- Je... Je ne sais plus...

Incapable de soutenir plus longtemps son regard, il baissa la tête, se replia sur lui même.

Ayo s'avança et enroula doucement ses bras autour de lui. Elle s'approcha au point qu'il put poser sa tête sur son épaule, au point qu'elle pu glisser ses doigts dans les siens, au point que leurs corps se touchaient en entier. Au point que les sentiments qu'ils commençaient à éprouver l'un pour l'autre s'épanouirent complètement. Et elle attendit. Elle attendit de longues minutes que la crise passe, lui carressant doucement les cheveux.

Quand il eut enfin retrouvé une respiration normale, elle lui redemanda :

- Comment t'appelles-tu ?

Relevant la tête, il répondit :

- James Bucky Barnes

- L'homme qui a tué ma mère s'appellait N'golo. Il a payé un certain Hendrix qui a envoyé le soldat de l'hiver accomplir sa besogne a sa place. Il n'a jamais été question d'un James Bucky Barnes. Jamais.

Ses yeux semblaient en fusion. Toute trace de larme avait disparue, remplacée par une lumière farouche. La conviction qui émanait d'elle lui rappela celle de Steeve. Et cette image le gifla.

- Le fait qu'hydra ait dû autant te torturer pour tenter de te soumettre est en fait un signe extrêmement positif.

Loup blanc fronça les sourcils, incapable de concevoir que le soldat de l'hiver pouvait lui apporter un quelconque bénéfice.

- Cela veut dire, expliqua-t-elle en posant sa main sur sa joue pour maintenir leurs regards ensemble, cela veut dire que le sérum du super soldat ne t'a pas corrompu. Que tu es resté le même homme profondément bon et bienveillant que tu as toujours été. Et ça, personne, pas même Hydra ou le soldat de l'hiver, personne n'a réussi à te le prendre.

Le loup blanc sentit sa vue se brouiller. Ayo rapprocha encore leurs corps et colla leur fronts.

- James, la première victime du soldat de l'hiver, c'est toi...

Et finalement, il laissa couler la culpabilité de ses yeux, sans sanglots ni tremblement. Elle s'échappa en longs flots salés, dévalant des joues. Des flots de honte, de haine, d'injustice, de désespoir, de colère. Des flots d'émotions refoulées depuis 70 ans.

Pudiquement, le loup blanc cacha son visage. Il sentit les lèvres d'Ayo hésiter à se poser sur son front avant qu'elle ne se lève pour lui laisser un peu d'intimité.

Monsters Searching For Redemption [1] - Le Loup BlancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant