Chapitre 17

214 18 0
                                    

Les quelques gouttes se transformèrent en averses et bientôt, une pluie torrentielle s'abattit sur eux. Hepzi glissa sa tête sous le bras d'Ayo pour la hisser sur son dos. Le loup blanc l'aida et il rentrèrent s'abriter dans la hutte.

Ils la déposerent délicatement sur sa paillasse et le loup blanc alluma un feu car Ayo était à présent complément gelée. Puis, il prit des tissus secs dans l'armoire près de l'entrée et retourna près d'elle. Avec douceur, il écarta les mèches de cheveux mouillés de son visage.

- Ayo ? appela-t-il. Tu m'entends ?

Tremblant de froid, dévastée, elle ne put émettre qu'un gémissement plaintif.
Hepzi tira le loup blanc vers le meuble d'apothicaire et lui indica un tiroir d'un coup de patte. L'homme en ramena le contenu : onguent, ciseaux, pince et bandages.

Ne sachant par où commencer, il attendit que la panthère le guide. Visiblement, ce n'était pas la première fois que "ça" se produisait. Hepzi commença par lécher le bras gauche d'Ayo, lavant le sang et décollant la terre. Le loup blanc découpa les lambeaux de tissus, rinca les plaies avec de l'eau qu'il avait fait chauffer, les sécha, les enduit de l'onguent et enroula le tout avec un bandage. Ils recommencèrent l'opération pour son bras droit et chacune de ses deux jambes.

Les gestes du Loup blanc étaient imprécis et tremblants, n'osant pas toucher Ayo. Non pas qu'il ait éprouvé une quelquconque peur à l'égard de ce qui venait de se passer, mais cette proximité soudaine lui était dérangeante. Elle qui se dissimulait derrière de grands tissus, prenant bien garde à ne rien laisser apparaître, la voilà qui était complètement exposée à son regard.

Cette dernière gémit de douleur quand Hepzi passa sa langue sur son ventre. La panthère écarta du museau le tissu la recouvrant et dévoila une immense cicatrice traversant son abdomen. Une plaie particulièrement importante y était logée, juste en dessous de son nombril. Hepzi gronda et poussa la pince vers le loup blanc.

Ayo souffrait, quelque chose semblait la géner à l'intérieur. Peu sûr de lui, le loup blanc posa d'abord ses doigts tremblants sur la plaie puis regarda à l'intérieur. Un corps étranger, particulièrement gros, certainement une de ces billes noires, y était resté logé. Il devait l'enlever.

Il fut subitement pris d'un tournis. Des flash de camarades tombés au combat, de la médecine de guerre particulièrement sanglante, d'une vie antérieure bien lointaine.

Hepzi rugit, le rappelant à l'ordre. Alors il désinfecta la pince dans le feu, affermit sa prise et, ignorant les râles de douleur d'Ayo, plongea la pince dans la plaie. La bille, ou quoi que ce put être, était difficile à extraire et il dut s'y reprendre à plusieurs fois avant de la brandir victorieusement au bout de sa pince. Pince qu'il jeta avec dégoût après avoir repris sa respiration qu'il retenait sans s'en rendre compte. Hepzi lava la plaie, et finalement il la rinca, la recouvrit d'une couche s'onguent et la pansa. Avec soulagement, il recouvrit Ayo d'un grand drap et cacha enfin ce corps pudique qu'il se savait dans l'incapacité d'apprécier à sa juste valeur. 

La panthère se coucha contre Ayo et loup blanc s'accorda quelques minutes pour reprendre ses esprits. Bordel, mais c'était quoi ça ?

Il examina la bille noire qu'il avait extraite de son ventre. Elle ressemblait fortement au charbon de vibranium avec lequel ils se chauffaient le soir. Elle aurait projeté des milliers de billes de vibranium ?

En milieu d'après midi, Hepzi se releva brusquement, aux aguets. Elle grogna sourdement et sortit. La pluie n'avait pas cessée.

Monsters Searching For Redemption [1] - Le Loup BlancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant