XVII.

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Ashton.


Un homme, grand, brun, au regard sombre entra dans la pièce ou nous nous trouvions. Il nous attrapa par le bras et nous emmena dans une autre pièce plus grande. D'autres personnes arrivèrent et ils nous mirent dans un coin de la pièce et se mirent à l'opposé, puis ils se mirent à discuter. Je regardais Louna, attendant qu’elle me dise de quoi ils parlent.
- Quoi ? Lui avais-je dit.
- Ecoute ! Qu'est-ce qu'ils disent ?
- Bah fais le toi.
- Louna, j'ai été blessé, je suis en train de cicatriser, je ne peux pas les entendre.
- Ah désolé.
Elle les avait écoutés pendant plusieurs minutes et ses yeux s’étaient écarquillés. Elle avait détourné le regard sans me dire de quoi ils parlaient. Etrange.
D’autres humains vinrent nous chercher et nous séparèrent. Puis ils nous firent encore changer de pièce, nous nous trouvions désormais dans une salle plus sombre et plus petite, dans laquelle se trouvait une chaise en argent. Ils m’avaient emmené au fond de la salle et avaient fait assoir Louna sur la chaise. J’espérais réellement que ce n’étais pas ce à quoi je pensais. Mais lorsque que je vis qu’ils l’attachaient je compris que c’était bien le cas, ils allaient la torturer. L’un d’eux s’avança vers elle, avec un seau qui devait surement contenir de l’aconit-tue-loup et une lame dans la seconde main. Il trempa la lame dans le seau et la posa ensuite sur le bras de Louna. Je vis de loin, sa peau s’ouvrir, mais elle ne disait rien, elle ne criait pas, elle restait calme.
- Aconit tue-loups. Plutôt radical tu ne trouves pas ? Lui avait dit cet homme.
Elle lui cracha dessus et il recula, les autres rigolèrent et il ne tarda pas à les suivre.
Après plusieurs secondes où je pouvais lire dans les yeux de Louna qu’elle souffrait, cette lueur de douleur disparu et elle se débattit de toutes ses forces. Ses os se brisèrent les uns après les autres, lui suppliant de se transformer, mais elle ne pouvait pas, les chaines en argent l’en empêchaient.
Et les humains recommencèrent encore et encore à lui administrer de l’aconit, au début elle ne disait rien, mais après quelques minutes elle s’était mise à hurler. C’était insupportable pour moi. Je ressentais le besoin de l’aider, et étrangement, pas seulement parce qu’elle était ma mission, mais également parce que je tenais à elle désormais. J me débattais de toutes mes forces pour que les humains me lâchent, mais ils étaient bien trop nombreux, de plus, ma blessure n’ayant pas tout à fait cicatrisée, je n’avais pas autant de force qu’a l’accoutumé. J'avais mal de la voir souffrir. Je ressentais les coups avec elle. Je me débattais de plus en plus fort, je criais mais personne ne m'écoutait. Les yeux de Louna s'étaient embrumés et je savais qu'elle refusait de laisser les larmes couler sur ses joues, elle était trop fière pour ça. De temps en temps elle me jetait un regard et semblait soulagée lorsqu'elle voyait qu'à moi, on ne me faisait rien. Pourtant, j'aurais aimé que les rôles soient inversés. J'aurais préféré souffrir que la voir souffrir. 
L’un des hommes lui planta la lame dans le ventre et à cet instant, je me demandais combien de temps elle pourrait encore endurer la douleur.
Les humains qui étaient autour de moi me regardaient avec haines et me dirent :
- Alors, tu te décides à nous dire où se trouve ta meute ou tu préfères que nous continuons à la faire souffrir ? Je pourrais par exemple demander a mon ami de planter la lame à coter de son cœur et laisser l'aconit venir brûler le tour de son cœur jusqu’à s'immiscer dans ce dernier, mais comme tu le sais elle n'en mourra pas, elle souffrira, jusqu'à ce qu’elle nous supplie de l'achever. C'est à toi de choisir.
Je regardai à nouveau Louna, je savais que la meute était plus important qu’elle mais elle était ma mission et… Je tenais à elle. Elle me souria alors, elle voulait que je ne leur dise rien, ça lui était égal de souffrir si c’était pour la meute, je le voyais, je le sentais.
L’homme qui la torturait, voyant que je ne répondais pas, retira la lame du ventre de Louna et alors qu’il s’apprêtait à la lui replonger, j’hurlais :
- Non ! Vous aurez vos réponses, ne lui faites plus de mal !
Louna me regarda méchamment.
- Non ! Tu ne dois pas leur dire ou est la meute, ils vont tous les tués à la pleine lune !
- Je suis désolé...
- Tu savais que j'étais prête à encaisser, laisse les faire, il vaut mieux me perdre plutôt que perdre tous les autres loups. Laisse les faire...
- Je... Je ne peux pas...
- Pourquoi ?
- Je ne le supporte pas. Je ne le supporte plus. Je ne peux et ne veux plus te voir souffrir. Si je peux l'éviter, je le ferais.
- Tu sais très bien que ce n'est pas la bonne solution. Ils ne méritent pas ça.
- Toi non plus.
- Ça m'est égal. A quoi ça me servirait de vivre si c'est en sachant qu'ils sont tous morts. Vivre en sachant que, par ma faute, tous les nôtres sont morts. Tu sais aussi bien que moi que je ne le supporterais pas.
Je réfléchis un instant, je savais bien qu’elle avait raison, elle n’arriverait jamais à vivre en sachant que les siens ont été condamnés par sa faute.
- Que je sois ici ou là bas, ça m'est égal, ici j'ai des gens qui comptent, mais j'en ai d'avantage la bas. Mon frère, mon oncle, ma tante, qui ont péris dans un incendie. Ma famille. Tous sont la bas, mourir ne me fait pas peur. Je sais que je les retrouverais, que je serais paisible. Je retrouverais tous ceux qui ont comptés et qui comptent toujours, malgré le fait qu’ils ne soient plus là. Je suis prête, laisse-moi partir maintenant.
- Le problème n'est pas là. Moi je ne veux pas avoir à vivre sans toi. Plus maintenant. Avouai-je.
- Ma vie pour les leurs Ashton... Ma vie pour les leurs. Ils comptent bien plus.
Un homme s’approcha de moi.
- Oui ?
- Je... Ils sont dans...
- Non ! L'avais-je coupé.
- Je ne peux pas Louna. Tout mais pas ça.
- Il faut parfois faire des sacrifices...
Je savais comment la faire réfléchir.
- Si les rôles étaient inversés. M'aurais-tu laissé souffrir puis mourir ? Ou aurais-tu préférer dénoncer le reste de la meute.
Elle réfléchit un instant avant de continuer.
- C'est différent. Tu m'as sauvé la vie tellement de fois, je me serais senti redevable et je n'aurais pas pu les laisser te faire souffrir. Justement, en parlant de ça, combien de fois aurais-je dû mourir, si seulement tu n'avais pas été là ? Peut-être est-ce le moment pour moi de partir. Réfléchis deux minutes. Ça me parait logique, au fond. J'ai eu de la chance de t'avoir, tu m'as sauvé, tu as prolongé ma vie. Mais arrive un moment où on a déjà repoussé la fin bien trop loin. C'est fini maintenant, je ne veux pas être celle qui condamnera les autres.
- Et tu veux être celle qui est morte pour sauver les autres ?! A quoi ça servirait ? Tu trouves ça courageux ? Ça n'a rien de courageux, tu programmes ta propre mort sans penser à ce que les autres, ceux qui tiennent a toi en pensent. C'est égoïste.
- C'est toi qui es égoïste Ashton. Dans le cas contraire tu me laisserais mourir pour sauver plus de personnes, des personnes qui méritent de vivre, qui ont encore un long et bel avenir devant eux. Tu n'as pas le droit de leur en priver.
- Pourquoi tu abandonnes comme ça ? La vie a encore tellement de choses a t'offrir a toi aussi.
- Pourquoi tu ne comprends rien ? Je veux vous protéger ! Rien ne compte plus que vous à cet instant précis. Et si je dois mourir pour tous les sauver alors qu'il en soit ainsi.
- Je ne peux pas Louna...
- Penses à ton père, à tes amis dans la meute. Tu trouves ça juste qu'ils meurent pour me sauver moi ?
Je réfléchis quelques secondes, elle avait raison... Je la regardai avec haine, du moins j’essayais, et ça ne devais surement pas être très convaincant. 
- Tu me fais chier Louna.
- Tes yeux te trahissent petit rigolo.
- Je ne peux pas choisir entre toi et la meute. Ça ne devrait pas être à moi de choisir qui doit vivre et qui doit mourir.

- Je sais. Alors limite les dégâts. Laisse-moi partir et sauve les autres.
- Le monde sans toi ne serais plus le même...
- Alors il ne sera plus le même, mais tu finiras par t'y faire. Tu verras, tu reprendras ta vie, celle d'avant de me rencontrer et... Tout redeviendra comme avant.
- Et si je ne voulais pas que tout redeviennes comme avant ? Et si je ne voulais pas vivre en me disant que je t'ai condamnée ? Et si je ne voulais pas vivre sans toi ?
- Et si tu n'avais plus le choix ? Crois moi, tu y arriveras, ce n'est qu'une question de volonté.
- Mais je ne le veux pas. C'est toi et uniquement toi qui veux te condamnée. Pas moi.
- Tu me connais Ashton, surement mieux que personne, est-ce que tu crois, sincèrement que je pourrais vivre en sachant que j'ai condamnée la meute ?

- Tu n’auras pas condamné la meute puisque c'est moi qui vais le faire.
L’homme mit de l’aconit dans une seringue et s’avança vers Louna, il tourna son regard vers moi, attendant une réponse et je détournais le regard. Je ne regardais pas mais après quelques secondes, j’entendis Louna hurler, s’en était trop. Je ne pus m’en empêcher et la regardai à nouveau.
Elle fermait les yeux, ce connard lui avait surement mit de l’aconit dans les yeux. Une lame était également plantée dans son bras. Lorsqu’elle le put, elle rouvrit à nouveau les yeux et me regarda.
- Je peux plus Louna...
- Ce n'est rien, ne t'inquiète pas, je vais bien regarde.
- Je sais que tu ne dis ça que pour que je te laisse souffrir à nouveau, alors que toi même tu n'y crois pas.
Les portes de cet entrepôt s’ouvrirent et je reconnus bien trop vite la personne qui venait d’entrer…

Far away.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant