VII.

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Louna.


La première chose que je vis en me réveillant, c’est deux yeux verts émeraude qui me regardaient. J’ouvrai alors un peu plus les yeux et découvris un garçon brun surement un peu plus âgé que moi. Il me rappelait quelque chose mais pourtant j’étais sûre de ne l’avoir jamais vu. Je réfléchis encore quelques secondes lorsque je compris. Il était le loup qui m’avait parlé à ma première pleine lune, après la chasse. Et ça devait surement être lui, Ashton.
Il avait vu que j’étais réveillée mais n’avait rien dit. Je me concentrai alors sur lui pour pouvoir lui communiquer mes pensées.
- Merci.
Il parut étonné quelques secondes.
- Pas de quoi, répondit-il.
Cette fois se fut mon tour d’être étonné, j’ignorais que l’on pouvait communiquer ses pensées lorsque l’on est humain. Pourquoi mon père ne l’avait-il pas fait lorsqu’il le pouvait ?

Je me rendis alors compte que je n’avais plus mal à la tête ni à mes blessures. Mais j’avais faim. Comme mon père me l’avait dit, manger devenait une priorité lorsque nous étions loup. A ce moment précis, la femme qui était là avec mon père et le chef avant que je ne m’endorme est arrivée.
Elle tenait un emballage dans sa main et en sortie deux morceaux de viandes. Elle les mit devant moi.
- Tiens Louna, tu dois voir faim. Dit-elle.
Je goûtai alors ce qu’elle m’avait donné. Je fis une petite grimace de dégoût. C’était surement mon coter loup mais je trouvais que cette viande avait plus le goût de l’emballage que de la viande en elle-même. Je poussai alors la viande vers elle et refis une grimace pour lui montrer que je n’aimais pas. Cela fit ricaner Ashton, mais beaucoup moins l’autre femme. Elle me fit une petite moue boudeuse, j’en ai ri intérieurement. Elle s’était tournée vers Ashton.
- Tu ne veux pas l’emmener chassé ? Dit-elle.
- Pourquoi moi ?
- Parce que je suis occupé, j’ai d’autres malades si tu n’as pas encore remarqué.
- Oui bon d’accord.
Il grommela ensuite quelque chose d’incompréhensible mais nous partîmes tous de même vers la forêt. Une fois arrivés, je commençai à chassé. Je le perdis vite de vue. J’avais réussi à attraper plusieurs gros lapins et quelques écureuils. Je les portai et je voulu repartir. Mais je ne trouvais plus Ashton.
- Ashton ?
J’attendis quelques minutes sans réponse, puis je le vis arriver de derrière un buisson. Il était en loup et il tenait lui aussi quelques animaux.
- Bah quoi ? Moi aussi j’ai faim.
Je pouffai de rire. Lui qui ne voulait pas aller chasser. Et puis, je réfléchis quelques secondes. Comment pouvait-il être loup lui aussi ?
Nous avions marché quelques minutes, mais la même question me torturait toujours l’esprit. Je m’arrêtai.
- Pourquoi est-ce tu es en loup ?
Il mit quelques secondes à comprendre que je m’étais arrêter et que je lui avais parlé.
- Ton père ne t’a pas expliqué ?
- Non, répondis-je, qu’est-ce qu’il aurait dû m’expliquer ?
- Laisse, s’il ne t’a pas expliqué c’est qu’il ne veut pas que tu le saches, ce n’est pas à moi de te le dire.
Je ne dis rien et le suivis de nouveau. Il avait raison, mon père ne me disait rien, il ne voulait pas que je sache, mais pourquoi ? Pourquoi me cachait-il tant de choses ? Après tout j’étais comme lui et j’avais le droit de savoir.
- Pourquoi ?
- Pourquoi quoi ?
- Arrêtes de répondre à mes questions par des questions. Pourquoi il ne me dit jamais rien ?
- Qu’est-ce que j’en sais ?
Je le connaissais à peine mais il m’énervait. Et ça l’amusait. Nous continuâmes encore quelques minutes lorsque nous arrivâmes. Je partis à l’endroit dans lequel j’étais avant de partir chassé sans me retourner vers Ashton.
Je me mis à l’endroit où j’étais couché auparavant et mangeai mes lapins et mes écureuils.

Quelques jours plus tard, mes blessures étaient entièrement refermées. Aussi incroyable soit-il on aurait dit que mon côté loup affluait sur la guérison de mes blessures, il aurait dû me falloir au moins le double de temps pour guérir. Je dois dire que ça ne me dérangeais pas plus que ça, bien au contraire. Chaque jour mon père et Ashton se relayait pour me surveiller. Je n’avais plus parlé à aucun d’eux deux malgré leurs différentes tentatives.
La femme, qui semblait être une « guérisseuse » m’avait alors prévenu que c’était ma dernière nuit en tant que loup avant la prochaine pleine lune. J’avais été heureuse de rester louve mais je commençai à vouloir redevenir humaine, pour retrouver mes amies du lycée, retrouver un peu de normalité, j’en avais besoin avec tous ce qu’il s’était passé ces derniers mois. Je m’endormis alors sur cette dernière pensée.
Lorsque je me réveillai, mon premier reflexe fut de regarder si mon corps était encore loup. Il ne l’était plus. J’allais enfin pouvoir rentrer. Mon père vint me chercher quelques heures plus tard.

Le lendemain, je dus retourner au lycée. Mes amies devaient encore s’être posé énormément de questions sur ma disparition. Je détestais devoir leurs mentir mais je n’avais pas le choix. Je leurs avaient alors dit que j’étais partie voir de la famille. Même si je n’en ai quasiment plus, mais ça elles l’ignoraient. La routine s’était de nouveau rapidement installée.
Une semaine plus tard, lorsque j’étais au lycée, en classe de littérature, un nouvel élève arriva dans notre classe, il s’appelait Adam, était grand, brun et avait des yeux marron tirant vers le noir. Il ne m’inspirait pas confiance.
Les jours passaient, j’en avais parlé à Elodie et Margot, elles m’avaient alors dit que je me faisais des idées et elles avaient par la suite été le voir. Je me suis alors dis que je l’avais peut-être jugé un peu vite, j’avais donc essayé de rejoindre Elodie et Margot auprès de lui, mais alors que je marchai vers eux, ce fut comme si une vitre c’était immiscé entre nous. Je ne pouvais plus avancer, plus dans cette direction. J’en étais désormais sure, il n’était pas humain, lui non plus.

Les jours passaient de nouveau, chaque jour, j’avais de plus en plus l’impression d’être surveiller, suivie également. Je me sentais en danger, ça avait surement à voir avec cet Adam. Je devais en parler à mon père mais si c’était pour qu’il ne me dise à rien, serais-ce vraiment utile ? Non, ce n’était pas la solution. J’allais me débrouiller toute seule, pour cette fois en tout cas.

Ce jour-là, en rentrant du lycée, je sentais un regard qui me brûlait la nuque. Pourtant, lorsque je me retournais, rien ne se trouvais derrière moi. Peut-être devenais-je folle ? Non, surement pas. Je regardais partout, derrière les buissons à gauche, dans les arbres à droites, sur l’immeuble sur la droite. Rien, absolument rien.
Je rentrai chez moi, que pouvais-je faire d’autres après tout ?

Le lendemain, au lycée, Adam n’était pas là, j'eus ce sentiment que tout était pur autour de moi. Je n’y comprenais rien. J’aurais aimé que ça se passe comme dans les films, où tu as toujours un livre pour t’expliquer, ou même une personne proche de toi, qui te dit tout, et tu sais quoi faire. Moi je n’en ai aucune idée, et, je ne peux rien faire pour changer ça.
Malgré le faites qu’Adam n’avait pas été là ce jour là, j’avais toujours cette impression d’être suivie. Pourtant, toujours rien derrière moi. Cette fois, au lieu de rentrer chez moi, je décidai de tourner à gauche avant ma rue et de continuer vers la forêt. Bien sûr dans le sens inverse de la tanière, on ne sait jamais, il ne vaut mieux pas que cette chose sache où est notre repère. L’impression d’être suivie ne me quittait toujours pas. Alors que j’arrivais dans une petite clairière, je décidai de m’arrêter et d’observer, d’essayer de voir la chose qui me suivait sans répits. Et pour la première fois, je vis, à travers un buisson, une paire d’yeux, coloré d’un rouge sang terrifiant.


Far away.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant