XXXIII.

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Louna.



Quelques minutes plus tard, ma porte s'ouvrit, laissant place à un Chad inquiet. Il fit une drôle de tête lorsqu'il vit que j'étais à nouveau sous ma forme humaine mais ne fit aucun commentaire. Je lui jetai un regard bref mais ne dit rien et fixai le sol.

- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda-t-il, rompant le silence qui nous entourait.

- Il se passe que j'en ai marre d'être coincée ici, cloîtrée entre quatre murs.

- Ta voix m'avait presque manqué princesse. Allez viens.

Il se releva et je fis de même, il ouvra la porte de ma « cellule » et nous marchâmes dans de grands couloirs. D'autres voix me parvinrent soudain.

- Vous devez lui dire !

- C'est déjà assez compliqué comme ça Luc !

- On sait tous ce qui est arrivé à son frère. Vous faîtes traîné les choses et vous le savez !

A ce moment nous passâmes devant une porte entrouverte, je jetai un œil à l'intérieur et me rendis compte que les voix que j'entendais venaient de là. Six hommes discutaient, ou plutôt débattaient. Lorsqu'ils me virent, ils arrêtèrent leurs discutions et l'un d'eux vint vers nous. Je le reconnus instinctivement. C'était l'homme qui m'avait fait signe dans mes cauchemars, ceux où Ashton mourrait. Cela me glaça le sang.

- T'es irresponsable Chad.

Ce dernier haussa les épaules, tapa du pied son énervement et souffla longuement.

- Va te faire foutre Eddy.

Les traits de cet « Eddy » se durcirent. Il me faisait peur, il devait bien faire une tête de plus que Chad qui faisait déjà lui-même une bonne tête de plus que moi. Et il était très imposant, ses épaules étaient droites, tenues fièrement et il se donnait un petit supérieur quand son regard passait sur moi ou sur Chad ce qui semblait vraiment énerver ce dernier.

- Ne me cherche pas Chad.

- Sinon quoi ?

- C'est pas parce que t'es orphelin que ça te donne tous les droits.

Les traits de Chad se durcirent à leur tour.

- Ta gueule Ed.

Eddy leva un bras vers lui et Chad fut violement projeté en arrière.

- Pas de ça avec moi Chad, va te défoulé ailleurs.

Chad se releva rapidement et s'approcha dangereusement d'Eddy. Il le menaçait du regard. Eddy, ayant toujours le bras tendu vers Chad, retourna son poing et Chad tomba au sol. J'eus un hoquet de surprise en entendant ses os craquer, prise de courage j'avançai vers lui, souhaitant l'aider.

Un autre homme arriva, il semblait un peu plus âgé que Chad mais plus jeune qu'Eddy. Il me prit le bras et me força à reculer. Je me débattis quelques secondes lorsqu'il ajouta.

- C'est entre eux que ça se passe. Ça fait un moment que Chad cherche Eddy. On savait qu'un jour, Eddy finirait par répondre.

Je me tournais alors vers l'homme qui me tenait.

- Qui est Eddy ? Dis-je plus doucement.

Il réfléchit à ma question pendant plusieurs secondes. J'avoue qu'elle n'était pas très claire.

- C'est un membre du conseil des sorciers, ce qui lui donne en quelques sortes un rang supérieur au notre.

- Comme un alpha ?

Il pouffa de rire.

- Absolument pas, nous ne fonctionnons pas comme vous. Tu ne peux pas nous comparer aux tiens.

J'ignorai sa remarque indirecte mesquine sur les miens.

- Et tu es ?

- Cameron.

- Je ne pense pas avoir besoin de me présenter.

- Effectivement. Tout le monde sait qui tu es ici. Et surtout ce que tu es. Me dit-il accusateur.

J'hochai la tête et me tournais à nouveau vers Chad et Eddy.

Chad était toujours au sol et était devenu très pâle. Eddy avait toujours un bras tendu vers lui et semblait être en plein sortilège tant il semblait concentré.

Je voulu rejoindre Chad mais Cameron resserra directement sa poigne sur mon bras et me fit un bref « non » de la tête.

- Aide-le. L'implorais-je.

- A une condition.

- Oui ?

- Tu restes là et tu ne bouges sous aucun prétexte.

Je grommelai quelque chose d'incompréhensible.

- Promets-le-moi.

- Oui d'accord je te le promets, aide-le maintenant s'il te plaît.

Il desserra lentement sa poigne sur mon bras, prêt à resserrer sa poigne si je bougeais ne serais-ce que d'un petit centimètre.

Voyant que je ne faisais pas le moindre mouvement, il lâcha mon bras et s'avança vers Eddy. A plus d'un mètre de lui, il commença calmement.

- Ça suffit Ed, il a comprit maintenant.

- Casse-toi Cameron, ça ne te regarde pas.

- Au contraire Eddy. Tu connais Chad autant que moi. Et surement depuis plus longtemps que moi je ne le connais. Il est comme ça. Mais il a comprit maintenant. N'est-ce pas Chad ?

Ce dernier hocha faiblement la tête. Eddy baissa lentement son bras et Chad fut libérer de son emprise. Ce dernier me regarda et me souria - ou du moins il essaya de sourire malgré la douleur - en signe de remerciement. Cameron revint vers moi.

- Merci. Lui dis-je.

- De rien ma belle ! Lança-t-il, me faisant un clin d'œil et passant son bras autour de mes épaules.

S'il était possible de tuer en un regard, je pense que Chad aurait tué Cameron. Son regard s'était durcit et était maintenant meurtrier. Cameron suivit mon regard et vit Chad, des éclairs pleins les yeux. Dans la seconde suivante, Cameron avait retiré son bras de mes épaules, et avait prit la décision de partir. En passant à coté de Chad, il lâcha quelques mots.

- Cherche pas la merde Chad.

Chad hocha la tête et se releva. Il fit signe de le suivre, ce que je fis. Nous arrivâmes rapidement dans un grand couloir et Chad s'arrêta devant une grande porte de couleur sombre. Il l'ouvrit et je découvris une chambre. J'avais presque oublié que les lits existaient après avoir dormi pendant autant de temps à même le sol.

- C'est ma chambre, je te la prête. Me dit-il.

- Et toi ? Demandai-je soucieuse.

- Ne t'inquiète pas, je me débrouillerai.

Je voulu protester mais il ne m'en laissa pas le temps. Il m'avait poussé pour que j'entre.

- Je te ramènerais des affaires tout à l'heure et... Ah oui, j'oubliais, il y a une salle de bain privée derrière cette porte.

Il m'avait montré du doigt une petite porte blanche. J'hochai la tête et il partit.

Je fis rapidement le tour de la chambre avant de m'approcher lentement de la fenêtre que possédait cette chambre et regardai au-dehors. Depuis que j'étais ici, je n'avais plus vu le jour. Je ressentais de plus en plus l'envie de gambader dans la forêt, sentir la terre sous mes coussinets, le vent fouettant mon doux pelage blanc. La porte s'ouvrit à nouveau, m'arrachant à ma contemplation. Chad apparu, les bras chargés de vêtements, il les posa sur une armoire, me souria et s'en alla à nouveau. J'avais pris un haut bordeaux et un jean slim et était partie sous la douche. Après une bonne demie heure, je sortis et m'habilla. J'étais ensuite retournée dans la chambre de Chad et m'étais laissée tomber sur le lit, m'endormant rapidement.

Far away.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant