XXXIV.

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Louna.



En me réveillant, j'entendis comme des bruits de bataille au-dehors. Ma première pensée fut « Pourvu qu'ils ne soient pas venu me chercher. Pourvu qu'il ne soit pas venu me chercher. » Je m'étais levée d'un bond et avait couru vers la fenêtre. Les loups étaient bien là, dehors, se battant sans relâche pour moi. Ashton bien là, lui aussi, à mon plus grand désarroi. J'avais peur pour lui. Je tentai d'ouvrir la fenêtre mais elle était bloquée, j'aurais dû m'en douter. Je traversai rapidement la pièce, cherchant à ouvrir la porte de la chambre, en vain. Je savais que si je ne faisais rien, les loups allaient se faire massacrer. Je m'étais à nouveau retournée vers la fenêtre. Une idée germa dans mon esprit. Une idée que je n'aurais jamais imaginée auparavant.  Je couru en prenant le plus de vitesse vers la fenêtre et prit mon envol. La fenêtre se brisa en mille morceaux lorsque j'entrai en collision avec elle. J'avais senti le verre couper chaque parcelle de mon corps avant de retomber lourdement sur le sol, à l'extérieur cette fois. Les combats avaient cessés suite à ma chute. Tous me regardaient, ébahis. Je sentais le sang couler sur mon visage. Ashton fut le premier à réagir. Il poussa un petit grognement, indiquant ainsi clairement son mécontentement.

Toujours au sol, je le vis s'approcher plutôt rapidement de moi. Je m'étais assise, malgré la douleur qui serpentait tout mon corps. Mes vêtements étaient en lambeaux, ce qui me fit comprendre que j'étais également blessée à d'autres endroits que sur les bras et le visage.

- Idiote. Me dit-il.

 - Toi aussi, tu m'as manqué.

Il leva les yeux au ciel et mit sa tête dans mes bras, attendant que je le sers contre moi, comme pour lui faire un câlin, même si le résultat n'y ressemblait pas vraiment.

Il se retira et se mit à côté de moi.

 - Accroche toi à mon dos pour te relever, il faut te soigner.

Je m'exécutai et nous nous avançâmes vers ce qui ressemblait à l'endroit de la grande villa – pour ne pas dire château – dans lequel j'avais passé les derniers jours. Chad sortit par une grande porte, prêt à se battre. Mais lorsqu'il me vit, son visage se décomposa. Ashton voulu me mener à l'intérieur pour me soigner mais Chad lui barra le chemin.

- Pas question que tu entres. Dit Chad à l'intention d'Ashton.

Ma tête tourna violement et puis, plus rien.


J'ouvris un œil, puis l'autre. Où étais-je ? Des murs blancs, un plafond blanc, une odeur désagréable. Une machine qui « Bip » régulièrement. L'hôpital. Je n'avais plus aucune égratignure, cependant des tuyaux passaient dans mes veines, semblant diffusés un produit dans mon corps. A cet instant, une infirmière entra dans ma chambre.

Lorsqu'elle vit que j'étais réveillée, elle me fit un grand sourire sincère.

- Vous êtes enfin réveillée ! Dit-elle joyeusement.

- Depuis combien de temps suis-je ici ? Répondis-je.

- Deux semaines mademoiselle !

Je poussai un petit cri à peine étouffé.

- Et quel jour sommes nous ?

- Nous sommes le jeudi 13 juin mademoiselle, me sourit-elle.

Le 13 juin ! Je n'ai pas eu connaissance de la date du jour depuis le 6 mai !

Je m'étouffai presque. L'infirmière reprit calmement.

- Il y a de la visite pour vous dans le couloir. Voulez-vous que je dise à cette personne que vous êtes réveillée et que je repasse changer vos tuyaux plus tard ?

- Comment s'appelle cette personne ?

- Je ne sais pas mademoiselle.

- Alors, comment est-elle physiquement ?

- C'est un garçon qui doit avoir dans les dix-huit ans je dirais, les cheveux châtains et les yeux bleus.

- Chad, dis-je doucement. Faites-le venir s'il vous plaît.

Elle avança gaiement vers la sortie, mais alors qu'elle s'apprêtait à passer la porte, elle ajouta.

- Vous savez mademoiselle, c'est lui qui vous a conduit ici, et depuis, il n'est plus jamais reparti, pas une seule fois.

Je lui souriais doucement et elle partit. Quelques secondes plus tard, une furie entra dans la chambre et me sauta littéralement dessus. L'infirmière arriva un dixième de seconde plus tard.

- Désolé mademoiselle, je lui avais dit d'y aller doucement.

Et elle partit à nouveau tandis que Chad se recula. Je pus ainsi voir son visage, il semblait fatigué, des cernes tombaient de ses yeux et ses derniers avaient prit une teinte légèrement rougeâtre. Cependant ses yeux brillaient et il affichait un magnifique sourire.

- J'ai cru que tu ne te réveillerais jamais !

Je lui tirai la langue tout en rigolant.


Trois jours passèrent, lors desquels on me changeait mes tuyaux (uniquement lors des deux premiers jours, le troisième, on me les avait retirés), je passais mes journées sois avec Chad, sois à dormir. Aujourd'hui, je devais enfin partir de cet hôpital. J'avais signé plusieurs décharges avant de pouvoir enfin partir en compagnie de Chad.


Nous avions rejoint sa voiture et m'avait ramenée dans ce que j'appelais « la villa des sorciers », le trajet s'était passé silencieusement, personne ne parlait.

Lorsque nous fûmes arrivés et que je m'apprêtais à sortir de la voiture, Chad me retint par le bras. Je m'étais rapidement retournée vers lui.

- Ils veulent te parler, me dit-il.

Il ne me regardait pas et fuyait mon regard, il était disant et semblait gêné.

- Qu'est-ce que tu ne me dis pas ? Lui demandai-je.

Il releva ses yeux bleus océan vers moi.

- Quand ils t'auront dit ce qu'ils ont à te dire, s'il te plaît, ne me déteste pas. J'aurai aimé t'en parler, j'aurais même dû t'en parler, mais je n'en ai pas eu le courage. Pardonne-moi.

- Tu me fais peur.

Il baissa à nouveau les yeux et sortit de la voiture, je fis de même. Je marchais ensuite à ses côtés, il ne m'adressa pas un seul regard, trouvant sans doute un quelconque intérêt à regarder droit devant lui. Du moins, jusqu'à ce que nous arrivions devant une porte qui me disait vaguement quelque chose. Il me regarda longuement et me fit un petit sourire... Compatissant ? Peu importe. Et il ouvra la porte. Il y avait pas mal de monde, peut-être une vingtaine de personne. Tous me regardaient. Je reconnus Eddy et Cameron parmi eux. Cameron approcha une chaise du mur et me dit :

- Tu devrais t'assoir.

Je m'avançai et m'exécutai. Toutes les personnes – que je devinais comme étant des sorciers et sorcières – formèrent un demi-cercle autour de moi.

- Nous aurions voulu te l'avouer différemment, plus calmement, en prenant le temps de dire et d'expliquer les choses, mais malheureusement, le temps nous manquent, avait commencé Eddy.

- Prépares-toi mentalement parce ça va te faire un choc. On n'aimerait pas te ramener à l'hôpital parce que t'es encre tombée dans les pommes, ricana Cameron.

Je ne réagis pas.  Me demandant ce qu'ils allaient me dire. Je cherchai Chad du regard, après plusieurs secondes, je le trouvai enfin, il était derrière plusieurs personnes, il ne me regardait pas et semblait attendre que tous ça soit fini.

Far away.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant