XI.

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Louna.


Mon père en souffrait également, seulement il le gardait pour lui, comme à peu près tout ce qui me concernait de près ou de loin. J'aurais tant aimé lui partager ma souffrance, que l'on puisse, ensemble, se libérés de ce poids. Et j'aurais aimé qu'il me dise ce qu'il sait car, je le savais, il ne me disait pas tout, encore une fois. Et ça remontait déjà à avant ma transformation. Il me cachait déjà énormément de choses. Seulement j'étais trop naïve pour m'apercevoir de quoi que ce soit. Maintenant c'était différent, souvent je lui posais des questions. Mais soit il n'y répondait pas, soit il les évitait en changeant de sujet. Mais je n'en pouvais plus d'être sans cesse mis de côté. J'avais besoin de savoir, moi aussi, et j'en avais le droit.

Ce matin, en me réveillant, je me décidai enfin. Je devais lui parler. Je ne pouvais plus faire semblant. Après m'être préparé pour le lycée, je décidai de lui demander, il le fallait.
- Papa? Comment... Comment est-il... Mort ? Avais-je dis, ma voix emplie d'hésitations. Son regard se voila à nouveau de tristesse. Mais croyant que je n'avais rien vu, il reprit son masque froid, qu'il avait créé depuis l'accident, il ne s'en débarrassait jamais, il voulait faire croire que rien ne l'atteignait et ça marchait la plupart du temps. Moi même j'avais fini par y croire. Que ses émotions avaient petit à petit disparu. Mais j'avais enfin cette preuve, la preuve indiscutable que mon père souffrait, et s'il souffrait, ça signifiait que tout n'était pas perdu pour nous deux, qu'il pouvait encore m'aimer, car disons-le, ces derniers temps, je n'en étais plus tellement sûre, il ne m'adressait jamais la parole, il avait même paru surpris lorsque je lui avais parlé.
- Louna... Tu vas être en retard...
Nous y voilà, encore une fois il venait d'éviter ma question. Comme toujours.
- Non, j'ai le droit de savoir, moi aussi.
- Pas maintenant. Avait-il dit, me suppliant du regard de ne pas insister. Mais j'en avais décidé autrement, cette fois.
- Non, arrête d'éviter toutes mes questions, plusieurs fois ça à faillit me couter la vie. Alors dis-moi.
- Ashton veille sur toi. Il ne t’aurait pas laissé mourir.
- Tiens, venons-en à lui. Pourquoi veille-t-il sur moi ? Pourquoi me sauve-t-il toujours la vie ?
- C'est compliqué...
- Je sais, je l'ai compris maintenant, tout est compliqué dans ce monde, rien n'est comme je le pensais et tralala, mais s'il te plait dis moi la vérité...
- Tu vas être en retard Louna. Je regardai ma montre, j'allais être en retard si je restais la, et je n'avais pas besoin de cela.
- Ne crois pas que tu m'auras aussi facilement, je n'abandonnerai pas. Lui avait-je alors dis, menaçante.
- Je sais, avait-il répondu presque dans un chuchotement, mais suffisamment fort pour que je l'entende.
Et je partis au lycée, pour une nouvelle journée.


Je venais de finir ma journée au lycée, Ashton m'avait ramené chez moi, comme chaque soir, c'était en quelques sortes devenu une habitude. Je l'appréciais un peu plus chaque jour et je commençai doucement à lui accorder ma confiance, chose que je n'avais que très rarement faites depuis la mort de mon frère... En arrivant, je me rendis compte que la voiture de mon père était garée devant la maison. Étrange, pensais-je, il ne rentre jamais avant moi d'habitude.
J’entrai, mon père était dans là cuisine, assis sur une chaise comme s'il m'attendait. Chose qu'il n'avait pas faites depuis longtemps. Je posais alors mon sac de cours et m'assis en face de lui.
- Tu m'attendais ? M'étais-je alors risquer à demander.
- Oui. Tu avais des questions non ?
- Euh… Oui. Sa réponse m'avais surprise, à aucun moment de la journée je n’avais imaginé que ce soir puisse se passé comme ça, pourtant j'y avais beaucoup réfléchi. Et l'idée qu'il me réponde cela ne m’avait même pas effleuré l'esprit.
- Alors je t'écoute, poses moi tes questions.
Pendant quelques secondes, je ne sus par ou commencer puis mes questions me revinrent en tête.
- Comment est-il mort ?
- Qui ?
- Tu sais très bien de qui je parle.
- Ton frère ? Avait-il dit. Je m'empressai d'acquiescé puisqu'il avait l'air d'humeur à me répondre.
- Voyons Louna, tu le sais, tu étais la !
Je n'y comprenais plus rien, je n'étais pas la pendant sa mort, j'en étais sûre. Sinon je s'en souviendrais, c'est évident.
- Non je ne l'étais pas ! Arrête de me mentir, je trouvais ça étrange que tu veuilles me répondre, mais en faites tu avais déjà calculé ton coup, tu voulais uniquement me mentir et en aucun cas me tenir informée! M'énervais-je.
- Rappelle toi de cette nuit la Louna, tu étais la, je ne te mens pas. Je ne t'ai jamais menti moi.
Je réfléchis quelques secondes mais ne me rappelait de rien. Il mentait j'en étais sûre.
- Tu sais aussi bien que moi que je n'y étais pas, arrête de me mentir !
- Que tu me crois ou non, tu étais la, auprès de lui, jusqu'à son dernier souffle.
Cette pensée me fit froid dans le dos. L'avais-je réellement vu mourir ? Non impossible, on n’oublie pas ces choses là. Ce sont des choses qui sont gravés dans notre esprit à jamais.
- Si j'y étais et si comme tu le dis je l'avais vu mourir, je m'en rappellerais.
- Tu étais jeune Louna...
- Pas tellement non. C'était il y a trois ans je te signale! Je n'étais plus une gamine. Dis-moi la vérité. Tu as dit que tu répondrais à mes questions... J'avais baissé la voix en prononçant cette dernière phrase. M'adoucissant, peu à peu.
Il paru surpris de découvrir de la sincérité dans ma voix, et il comprit que je disais la vérité, je ne me rappelais de rien, absolument rien.
- Tu crois qu'en le sachant tu te sentiras mieux ? Tu crois que ça t'aidera à aller mieux ? Non, crois-moi. Je sais tout et pourtant, j'ai l'air d'aller mieux ? Sa voix se brisa et ses yeux s'embrumèrent. Il me faisait presque pitié comme cela. Mais je ne devais pas m'arrêter la, je devais savoir, j'en avais besoin.
- Non et je le sais, mais j'ai besoin de le savoir.
- Je ne peux pas te le dire.
Alors que je pensais qu’enfin j’allais pouvoir être débarrassée de ce poids, tout s’écroula. Comment avais-je pu m’imaginer une seule seconde que mon père, celui qui ne m’avait jamais rien dit, me dirai quelque chose d’aussi important, quelque chose qui le touchait encore à l’heure qu’il est.
- Mais pas parce que je ne le veux pas, s’empressa-t-il de rajouter voyant mon expression déçue. J'aimerais te le dire crois moi, mais je n'en ai pas le droit.
- Et qui te l'interdit ? Ta propre conscience ?
- Non, Louna... C'est la meute. On pensait que tu t'en souvenais mais puisque ce n'est pas le cas, je n'ai pas le droit de le dire.
- Mais puisqu'ils pensent que je le sais, pourquoi ne pas me le dire ? Ça ne changerait rien.
- Ce n'est pas si simple. Ils le sauront forcement, ils sont surement déjà au courant que tu ne t'en souviens plus. Je ne peux rien te dire, Louna, j'aimerais crois moi.

Pendant que quelques secondes je pensais à partir me cacher dans ma chambre, m'éloigner de lui, de la meute. Puis je me rappelai qu'il me restait une question. Je devais la poser également, je pris sur moi et la posa d'une voix douce.
- Et Ashton ? Pourquoi dis-tu qu'il veille sur moi ?
- Parce que c'est le cas. Il est toujours là, même si tu ne le vois pas, ne le sens pas et ne l’entends pas, il est là, il veille sur toi, à chaque instant, chaque moment. Il est là pour qu’il ne t’arrive rien.


Far away.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant