Far away.

XXXI.

Louna.

Soudain, il lâcha ma chair et recula les oreilles baissées. Je me retournai à nouveau sur moi-même et vis deux pattes noires. Ashton. Jared baissait la tête en signe de soumission.
- Je te l'avais dit. Tout sauf elle ! Couina « l'ami » de Jared.
Et il partit le plus vite possible avant qu'Ashton ne s'en prenne également à lui.
Ashton grogna et Jared se coucha au sol et mit sa tête entre ses pattes.
- Touche-là encore une fois et je te tue. Grogna Ashton.
Je voulais me relever, lui montrer qu'il n'avait pas besoin de me défendre, mais mon corps refusait d'obéir. Mes pattes refusaient de me porter. Je ne voulais pas qu'Ashton prenne encore ma défense. Je n'aimais pas ça. Je voulais me débrouiller seule. Et c'était déjà la deuxième fois dans la même journée qu'Ashton prenait ma défense.
Mais j'étais trop faible. Le moindre mouvement me faisait un mal de chien, même si mes blessures se refermaient petit à petit.

Après quelques minutes, mes blessures ne ressemblaient plus qu'à de petites égratignures et je pus me relever.
Ashton me contourna et s'avança vers Jared, ce dernier tremblait en le voyant approcher. En un regard je fis comprendre à Ashton de ne pas être trop dur avec lui-même s'il ne méritait pas mon geste. Ashton pourrait facilement le tuer ou le blesser gravement car, comme l'avait précisé l'ami de la Jared, Ashton a du sang d'alpha dans les veines et est donc bien plus fort que les autres loups.
J'avais par la suite été auprès de la louve qui m'avait demandé de l'aide, elle allait mieux et je voyais la reconnaissance qu'elle avait pour moi dans ses yeux. Nous savions toutes les deux qui si je n'avais pas bougé, Jared l'aurait tuée. Elle me remerciait mentalement de m'être battu pour elle.
Ashton nous rejoignit plusieurs minutes plus tard et, un homme un peu plus vieux que j'analysai comme le père de la louve arriva et ils partirent tout les deux. Ashton et moi fîmes de même.
- T'es vraiment incorrigible. Il aurait pu te tuer.
Je baissai la tête.
- Si je n'étais pas intervenu, je... Il s'arrêta puis reprit, je ne veux même pas y penser.
Je souriais intérieurement. Il n'y avait qu'auprès de lui que je me sentais réellement bien. Sa seule présence suffisait à me calmer, me réconforter dans n'importe quelle situation.
J'étais heureuse, oui, c'était le mot.

Nous marchions tranquillement lorsque soudain quelque chose entra dans ma peau, c'était semblable à une seringue, mais elle était lancée donc ça la rendait douloureuse, mais cela restait cependant supportable. Puis le liquide que contenait la seringue entra en moi, mon regard se posa sur Ashton et une douleur atroce me terrassa, puis plus rien. Le trou noir.

Je me réveillai lentement, un peu sonnée et désorientée. Une douleur atroce me lasserait l'épaule, je jetai un œil vers cette dernière et découvrit avec effroi une énorme plaie qui recouvrait l'espace entier de mon épaule, et était recouvert d'un liquide transparent, mélangé à du sang. De l'aconit. Qu'est-ce que ça pouvais être d'autre pour causer une telle plaie qui refusait de cicatriser.
Je ne savais pas où je me trouvais, j'étais allongé sur un sol glacé, sous ma forme de louve, incapable de bouger.
- Ashton ?
J'attendis. Une minute. Deux minutes. Trois. Quatre. Pas de réponse.
- Ashton ? Tentais-je à nouveau.
Mais il ne répondit pas. Je pris plusieurs inspirations lentes et profondes afin de me calmer.
Etant bloquée sous ma forme animale à cause de l'aconit, je ne pouvais pas hurler à l'aide à moins de pousser un hurlement de louve et d'être sûre qu'il y avait des loups aux alentours et qu'ils viendraient m'aider, et puisque qu'Ashton ne me répondait pas, j'étais peu convaincue.

La porte de la pièce où je me trouvais s'ouvrit, laissant place à un visage familier. Celui de Chad. Il s'approcha de moi avec une démarche prudente, peu sur de lui. Il n'avait jamais dû me voir sous ma forme de loup auparavant, pensais-je alors.
Alors qu'il s'approchait de moi, il dû lire la peur dans mes yeux, puisqu'il s'arrêta.
- Je ne vais rien te voir, glissa-t-il.
Il fit à nouveau un pas en avant, et voyant que mon air effrayé n'avait pas disparu, il reprit.
- Je te le promets. Ce n'est pas de moi que tu dois avoir peur, je suis avec toi.
Je me détendis légèrement, n'oubliant cependant pas ce qu'il avait fait à Ashton la dernière fois.
Il avança encore jusqu'à se planter juste devant moi.
- Ça va ? Demanda-t-il visiblement gêné en fixant mon épaule meurtrie.
Je bougeai légèrement la tête de droite à gauche, pour signifier un « non ».
- Je suis désolé pour ce qu'il t'arrive et je tiens à ce que tu saches que ce n'est pas moi qui est à l'origine de ça.
Si j'avais pu, je lui aurais souri, pour lui montrer que je le croyais. Il me fixait dans les yeux sans ciller, ce qui indiquait qu'il ne mentait pas et avait une lueur innocente dans ses yeux qui me faisait instinctivement le croire.
Je voulais lui demander des nouvelles d'Ashton, mais ne savait pas comment m'y prendre, je ne pouvais pas lui parlé par télépathie et il ne comprenait pas non plus le langage « loup ». Ma seule option était d'essayer de parler comme une humaine.
- Artvar. Bredouillais-je.
Se fut un échec total. Il fronça les sourcils, mais sembla néanmoins réfléchir. Il cherchait probablement ce qui pouvait bien ressembler à ça.
- Ashton ? Hésita-t-il.
Je bougeai la tête de haut en bas.
- Ils ne l'ont pas emmené. Lorsqu'il a compris ce qu'il se passait, la rage a prit le contrôle sur lui et on a dû lui donner de l'aconit. En faible dose, ses mouvements se sont ralentis mais pas sa rage. Je n'en sais pas plus.
Je fus rassurée. Même s'il avait eu de l'aconit, et qu'il devait sûrement être blessé, il devait être avec la meute et aller mieux, c'était le principal.

J'étais désormais sûre que c'était bien le Chad que je connaissais. Il me regardait sans aucune haine ni dégoût dans les yeux et c'était la même chose lorsqu'il parlait d'Ashton. Je savais que je pouvais lui faire confiance.
J'aurais voulu lui dire qu'Ashton ne répondait pas à la télépathie, lui dire que même s'il m'avait dit qu'il ne l'avait pas emmener et qu'il allait sûrement bien, je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'il était peut-être mal à cause de l'aconit et que j'avais peur pour lui. Mais tout ça m'était impossible, et c'était très frustrant.
Chad s'accroupis devant moi et inspecta ma blessure.
- Ce n'est pas très beau à voir... M'avait-il dit tristement.
Il me caressa lentement le sommet du crâne d'un geste rassurant. Et ça m'apaisais, il le sentait et ça l'amusait. Après plusieurs minutes, il arrêta, se releva et parti.
Puis je ne me rappelle plus ce qu'il s'était passé juste après, je suppose que je m'étais endormie.